samedi 30 juin 2012

Jamais sans ma conscience ...




Avoir conçu un enfant, être en mesure de procréer, n’est malheureusement pas synonyme de bons soins, bienveillance, amour et abnégation. 

Précision non négligeable : on pourrait penser que le premier enfant est toujours  un peu là pour «essuyer les plâtres» et qu’on fera forcément mieux au suivant.
NON ! Il y a des familles entières où les fratries sont toutes en grande souffrance psychique, voire physique. Et si il est évident que les parents ont échoué au premier, ils ont quelque peu redoublé d’efforts pour faire encore pire au second, voir au troisième.

Pourtant, c’est bien connu, il n’existe pas de parent parfait.

Bon alors ça déjà quand on a compris ce concept, on a abattu 50% du boulot qui nous était attribué.

Mais alors quelle est la frontière entre ce qui est bon de faire, ce qui est fait, ce qui doit être fait ?

Forcément, on aura beau leur faire à bouffer bio, les habiller en  Bonpoint, les bombarder de cinq activités périscolaires par semaine et s’appliquer devant eux à un parler irréprochable, ceci ne sera pas pour autant gage d’une sphère parentale équilibrée et suffisante pour aider l’enfant à acquérir tous les apprentissages qui lui sont nécessaires et le voir gravir consciencieusement et une par une les étapes majeures de son bon développement.

J’ai toujours été frappée de découvrir à quel point l’inconscience parentale sévissait partout et dans tous les milieux sociaux-culturels.

Bien souvent, se faire qualifier d’inconscient prend une tournure péjorative. La bonne (ou mauvaise) nouvelle est justement que ça l'est ! Ceci me fait bien rire ! La majorité des personnes qui réagissent au quart de tour ne prennent même pas la peine de se repencher sur le mot en lui-même ni même sur la situation qui en est à l'origine. Forcément, une personne qualifiée d’inconsciente ne peut qu’être vexée d’être pointée du doigt pour une situation sur laquelle elle n’avait pas pris le temps de se pencher.

Inconscient signifie littéralement ne pas être conscient de quelque chose.

Mais comment moi «parent » (privilège suprême et être supérieur forcément…) puis-je faire preuve d’inconscience  en ce qui concerne mon enfant ? Cela n’a pas de sens, la logique veut que :

1 – C’est mon enfant
2 – Je l’aime
3 – Donc je sais ce qui est bon pour lui

Manque de bol c’est pas forcément comme ça que cela fonctionne …

Arrêtons-nous quelques instants sur la notion de conscience.

La conscience se définit comme la perception plus ou moins immédiate de tout ce qui nous entoure (d’un point de vue cognitif évidemment, mais aussi biologique) et par extension, de tout ce qui peut découler de cette perception :

« Je suis consciente que si je laisse mon gamin jouer au foot sur la route, il risque de se faire faucher par une voiture, raison pour laquelle je lui ai interdit d’aller jouer au ballon sur la route »

Situation (normale ! )= perception/conscience= déduction

Une personne inconsciente n’est donc, forcément pas CONSCIENTE des répercussions biologiques, cognitives, émotionnelles et psychologique qu’un état, une situation, une parole, peuvent engendrer.

Je n’ai quasiment aucune tolérance avec l’inconscience parentale, celle si étant le plus souvent synonyme d'absence totale de bon sens. 

L'inconscience parentale se rapproche, à mon sens, de la négligence parentale, sous quelque forme que ce soit. Un enfant étant encore une fois notre pur produit. Il est soumis à notre bon vouloir et nos agissements. Celui-ci n’aura pas ou peu de jugement sur nos actes car tout ce qui proviendra de nous pourra lui paraître comme normal. Il ne peut pas faire autrement que de se fier à nous pour ses agissements.

« Il est normal pour un enfant d’aller à l’école seul à l’âge de 6 ans ».
Un enfant n’a physiologiquement parlant pas le même champ de vision qu’un adulte et celui-ci n’est pas définitif avant l’âge de 10-12 ans environ. Ils n’ont donc pas la même aptitude que nous à juger de la dangerosité d’une route et n’estiment pas les distances à leur juste valeur. Ils risquent plus facilement de se faire renverser en traversant au dernier moment.

« Il est normal de laisser un enfant seul dans un appartement ou une maison le temps d’aller : faire une course/les magasins/bosser … (liste non exhaustive) »
J’ai le souvenir d’une amie me racontant que sa voisine avait laissé son fils de 10 ans s’occuper seul de son petit frère de 5 ans deux journées durant parce qu’elle n’avait pas trouvé de mode de garde pendant les vacances et qu’elle ne voulait pas s’absenter de son travail.

Faire porter à un enfant de 10 ans la responsabilité du bien être et de la sécurité d’un enfant de 5 ans est une démonstration fulgurante de l’inconscience parentale.

Hasard ? Ignorance ? Pleine conscience dépassée par souci de confort et de flegmatisme ? L'inconscience parentale apparaît quelquefois lors de situations tellement surréalistes que c'est à se demander si les personnes  ont été dotée d'un cerveau et de tous les composants qui vont avec.

Il n’en reste pas moins que le résultat d’un état d'inconscience parentale  peut très vite virer au drame. Les titres des journaux télévisés nous rappellent un peu plus chaque jour cette triste réalité.

Les rayons «éducation» des librairies regorgent d’ouvrages ayant à quelque chose près le même titre «comment bien élever ses enfants ? ».
Curieusement, j’ai rarement vu d’ouvrage intitulé « être vous prêts pour être des parents responsables, bienveillants,  civilisés ? » 

Pourtant, à en observer certains, et comme le fait remarquer si judicieusement Terry Pratchett dans son oeuvre  (Procrastination - Le Disque Monde – Editions l’Atalante )   ‎"Parfois je me dis que les gens devraient passer un véritable examen avant de pouvoir devenir des parents. Pas seulement les travaux pratiques ..."

Avoir des enfants n’est ni un droit, ni un privilège.

Travaillons donc à notre pleine conscience de rester ou devenir enfin des parents acceptables, avant d’espérer façonner des enfants parfaits.