jeudi 30 janvier 2014

Vous avez vu ?


Dans le quotidien virtuel de nos vies existe depuis peu un nouvel outil en passe de devenir le plus grand fouteur de merde de la décennie.

Certes ces termes peuvent paraître exagérés mais qui n’a jamais eu à faire à cette notification ne peut pas savoir exactement de quoi il s’agit ni des conséquences que cela engendre.

Facebook a 10 ans. Ce mois ci c’est champagne, petits fours et caviar (ou Burger King et Budweiser) dans la famille Zuckerberg. Le truc qui a révolutionné nos vies fête ses 10 ans et grapille chaque jour un peu plus, de notre temps, de notre intérêt, de notre argent, de notre énergie. Mais il faut bien l’avouer, Facebook est aussi un grand vecteur de joie, de bonne humeur, de trouvaille, de détente, lorsqu’il est judicieusement utilisé.

Un des outils que j’utilise quotidiennement et qui a bien entendu considérablement changé ma propre conception de l’amitié et de la communication avec autrui réside dans la messagerie instantanée.

Ce truc est l’arrière arrière petit fils de msn messenger. Il vous permet de papoter peinard et en temps réel (ou pas ! tout le monde n’a pas forcément le temps ni l’autorisation de facebooker en journée) et d’interagir avec vos potes ou quiconque d’ailleurs, que vous ayez envie ou pas de vous montrer en présent ou de masquer votre légère apparition sur le réseau. Facebook vous donnera une idée approximative de la dernière heure de connexion de votre tripotée de contacts, et accessoirement s’ils sont aussi connectés sur leur mobile ou bien s’ils végètent comme des flans du fin fond de leur canapé moisi ( alors qu’il y a deux secondes c’était style genre « je suis en soirée, c’est hyper fun ! »
Ben non pauvre truffe, tu n’es pas en soirée, tu viens de m’envoyer ton message de Moissy-Cramayel (coucou Stéphane Plaza ! Un nom digne d’un de tes bleds à vendre)  et accessoirement tu dois pas savoir que t’es en train de te faire démasquer.
Moissy Cramayel : une boulangerie, une MJC …

Bref si vous ne saviez pas encore que Facebook possédait tous ces outils pour pourrir votre crédibilité et vous faire passer aux yeux des autres pour ce que vous êtes ( sans intérêt ! ) alors il est temps de réagir et de reparamétrer votre profil.

Au dela de ces amusantes fonctionnalités, une seule se démarque avec un succès faramineux : la notification de lecture de vos mp (abréviation de « message privés » pour les largués).

Petit briefing.

Vous êtes là tranquillement à envoyer des MP, pouf ça part en messagerie tel un mail. Apparaît alors une minuscule notification « envoyé » suivi de l’heure d’envoi, juste en dessous du message. Ce qui fait que vous avez déjà là une bonne indication quand au jour où le message est envoyé

Puis arrive la notification tant attendue, celle qui peut à elle seule faire basculer le court de votre paisible existence en quelques secondes, vous pourrir une semaine, une heure, une dizaine de minutes, vous affubler d’une humeur digne d’un  trycératops en proie à une crise hémorroïdaire  et tout ça pour deux petites malheureuses lettres : « Vu ! »

Oui VU ! Un « Vu ! » avec un beau « ! » histoire de dire que hop, l’affaire est dans le sac, l’autre là,  celui à qui est censé appartenir le compte Facebook, ben il peut pas dire qu’il n’a pas eu connaissance de vos propos parce qu’ils ont été notifiés comme VUS ! ( et pour bien en rajouter une couche dans l’investigation, Facebook indique également l’heure à laquelle le message est vu).

Plus aucune possibilité de se dédouaner, de chercher une explication rationnelle ou pas, si un « Vu » a le malheur d’apparaître au bas du message que vous avez envoyé à votre pote il y a 8 heure et qui lui demandait comment ça roulait ce matin, c’est soit  …

  • qu’il avait de la confiote sur les doigts,
  • qu’il prenait sa douche en demandant à sa femme de checker  ses mp  ( attention ! Piège !!)
  • qu’il a cliqué malencontreusement sur le mp mais qu’il ne voulait pas en fait (ben oui ! de peur d’être vu !! )
  • qu’il s’est fait tirer son smartphone et les codes qui vont avec
  • qu’il a filé ses identifiants à tout le quartier
  • qu’il en a rien à foutre de votre message et qu’il n’a pas vraiment eu l’occasion de vous répondre parce que ça le passionnait pas trop là tout de suite, il y songera la prochaine fois qu’il ira faire caca, et encore si il n’y a rien à lire dans les chiottes.


Combien de bonnes raisons dans notre galaxie ?

On peut estimer que c’est quand même  la loose si, au bout de 72 heures de « vu » et d’une activité régulière ( voir intense ) de la personne sur le réseau social, il n’y aura pas eu de réponse à une question ou à un simple message qui appelait une réponse.  ( Et qu’entre temps,  vous n’avez pas récupéré de réponse ou démarré un échange par le biais d’un autre moyen de communication : sms, mail, téléphone, visu ! )

« Globalement j’ai vu ton truc, mais là ça m’emmerde de te répondre. J’ai pas envie ».
 Voir même un « ce que tu es en train de me raconter je m’en fous un peu, donc je te réponds pas pour le moment, tu es prié de passer à autre chose si tu veux tenter un échange ».

Ignoré(e)s  froidement, virtuellement, simplement.

A nous les interprétations foireuses, les plans sur la comète, les attentes interminables et les angoisses de la réponse, de la non réponse, du « qu’est ce que j’ai dit, qu’est ce que j’ai fait ? Pourquoi il répond pas ? Elle s’en fout ? Il m’a zappé ! Je crois qu’elle fait la gueule ! ».

L’homme du XXIème siècle voulait être vu.
Facebook a résolu ce problème pour nous tous.

Enfin en théorie car là pour le coup, c’est plutôt celui qui ne voulait pas se montrer qui est vu !

Je sais pas si vous me suivez ?

Pas simple, surtout qu’on finira tous par devenir le vu d’un autre…

Fermez Facebook, écrivez donc des mails, allez au ciné, faites une expo, prenez l'air, un bouquin, passez en coup de vent pour être un peu vu histoire de montrer que vous répondez aux messages VOUS ! Et puis barrez vous finalement sur Twitter. Là bas au moins pas d’états d’âmes, ils ont un égo tellement surdimensionné que même le pire ami de votre liste de contacts Facebook qui passe son temps à changer sa photo de profil, de journal et à s’autoliker n’arrive pas à la demi cheville de l’égotiste chevronné de Twitter. Ou mieux ! Recommandez lui Twitter, il s’y précipitera pour balancer ses 140 caractères toutes les 15 secondes en guettant le retweet salvateur et en imaginant que la moitié de la planète va kiffer son hashtag.
Trop préoccupé, il ne remettra pas les pieds sur Facebook de sitôt. Ca fera un boulet de moins dans votre fil d’actu et vous rendra le quotidien un peu moins anxiogène.

A force de masquer les actus de mes contacts mon fil d’actu est en train de virer peau de chagrin.


Bon en même temps c’est  bientôt le printemps …