lundi 9 mars 2015

Grosse fatigu(é)e ...




Il y a 13 ans de cela je n’avais pas encore 3 grossesses et  25 kilos de trop dans le bide.

Je faisais un agréable 38/40 et m’habillait à La City ou chez Etam. 63 kilos toute mouillée, un joli 90B des hanches sympathiques et la possibilité de monter la fermeture éclair de mes bottes en cuir jusqu’au dessous du genou.

Aujourd’hui, je n’ose même plus monter sur la balance.
La vision d’un jean me fait baver d’envie. Un jean que j’arriverai à boutonner sans avoir la sensation de me lacérer le bide avec des lames de rasoir !
Je voudrai rentrer mes bras dans un chemisier qui ne serait pas à 95% de strech. Et retrouver la sensation d'un pantalon en lin.

Concrètement, 1m68 pour 95 kilos, ça donne un bon 48  selon les périodes du cycle, ça donne également de la cellulite à revendre, des douleurs articulaires, de la sciatique, un essoufflement permanent, une envie de dégommer la première nana 36 qui passe dans le secteur, un casse tête régulier pour trouver des fringues pas chères et sympas, des tissus qui serrent, une circulation sanguine de 98ème catégorie, des jambes criblées de varices qui feraient pâlir d’envie les techniciens de Google Map, des pieds gonflés avec des orteils version Knacky Balls  et  l’épreuve matinale de l’enfilage de chaussettes.

Ca donne aussi faim. Parce que plus une grosse est grosse, plus elle a envie de manger.
Après l’essai de tous les régimes possibles et inimaginables, la seule perspective qui pourrait me rendre un tour de taille acceptable (pour les 1289 vêtements qui attendent d’être reportés dans ma penderie) et une espérance de vie décente, serait une prise en charge totale de mon corps et de mon esprit.
Maigrir seule en ayant le cerveau parasité par un quotidien aussi embouteillé que la Porte d’Orléans le samedi soir, c’est un leurre. Un abominable leurre.

Pourtant, depuis peu, la grosse est à la mode. Telle un produit bankable, il en va de la grosse comme du produit de consommation courante, il y en a partout et à toutes les sauces !

Etrangement, la télé, les médias, le quotidien même, nous bassine avec la nécessité de se sentir bien dans sa peau tout en étant grosse.

Oui la grosse est à la mode et après tout c’est tellement nous, on le porte tellement bien !

Et que je te mets une grosse blonde bien sympa dans une émission de déco qui maroufle tout ce qui lui tombe sous la main et qui n’a pas de scrupules à porter la salopette !
Ca c’est la grosse bonne copine !

Et que je te mets une grosse avec des fleurs en caoutchouc dans les cheveux et des tenues à faire pâlir d’envie Minnie Mouse dans une série américaine bien trash.
Ca c’est la grosse version bonne copine intelligente et super geek  qui-sait-tout-faire-avec-son-ordi !

Et que je te mets une grosse version « J’me la joue Diva, j’ai une super voix (mais mon album est un bide de folie) » comme jury sur une émission de Tv réalité.
Ca c’est la grosse artiste qui n’a plus rien à prouver !

Et que je te mets une grosse en chroniqueuse modeuse/grande prêtresse/bloggeuse qui a que-des-bon-conseils-à-donner à toutes les filles parce que oui elle est grosse mais pas que, c’est surtout une nana comme vouzémoi ! ( Enfin c’est surtout ce qu’elle veut nous faire croire ).

Et que je te formate une artiste à la voix d’or, qui, maquillée, pomponnée, brushée pour son concert au Royal Albert Hall, n’a bien entendu aucune préoccupation sur sa surcharge pondérale qui devient limite, en plus de sa voix, son fond de commerce. En effet, elle est la représentation même que l’on peut être belle, talentueuse, célèbre, riche, et … grosse ! Adèle sans ses kilos serait elle devenue Adèle ? Mystère …

Bref aujourd’hui il fait bon être gros dans un monde qui revendique l’acceptation de soi, le bonheur de se recentrer sur l’être et non plus le paraître, non ce n’est plus possible de se moquer des gros, les gros sont nos amis, ils ont leur site internet de fringues, ils ont même leurs présentateurs à la Tv, tel le quota de minorité visibles, il faut un gros dans le coin, sinon ça va pas le faire.

L’ennui c’est que dans la vraie vie ce n’est pas vraiment comme ça que cela se passe.

Depuis mon adolescence, j’ai toujours été ce que l’on peut communément appeler une fille  « charnue». Ou plutôt, quand je ne l’étais pas forcément, de bonnes âmes pour lesquelles la taille 36 était un mode de vie se chargeaient gentiment de me faire remarquer que oui avec des kilos en moins je serais mieux. Ou plutôt qu’avec ces kilos en « trop » je ne pouvais pas être bien.
Non, une adolescente à peine sortie de la puberté avec des hanches, un cul et des seins, ça virait au « Sale grosse » dans la cour du collège. Le hic c’est qu’à l’époque, il ne s’agissait que de 2 kilos. Forcément ça rendait quoi au final ? Ca rendait tout simplement une image de soi tronquée. Une impossibilité de s’être vraiment regardée telle que l’on était et l’ascension inévitable vers  le cercle vicieux et pourri des régimes incessant pour au final ne faire que subir la nourriture.

Aujourd’hui, si l’on se base par rapport à un indice de masse corporel correct, j’ai environ 25 kilos de trop.

25 kilos !

Je vis avec 25 kilos en trop et je n’arrive pas une seule seconde à me discipliner pour les perdre alors que je sais pertinemment que plus le temps passe, plus mes jours sont comptés. Il ne me reste qu’une douzaine d’année pour atteindre le spectre de la pré-ménopause. Et là ce sera vraiment le point de non retour coté régime.

Alors que dire de cette image que l’on veut à tout prix nous imposer : les gros ont la côte ! C’est tellement plus fun de s’accepter tel que l’on est. Regardez-vous dans une glace et aimez vous, le monde vous aimera !
D’un côté un affichage perpétuel de mannequins plus anorexiques les uns que les autres et de l’autre un engouement manifeste pour l’obésité, le surpoids. Etre gros devient un « way of life ».

Je n’ai pas besoin qu’on m’aime, je pense être déjà pas mal gâtée de ce côté-là.
Je n’ai pas non plus besoin de m’accepter comme je suis, c’est fait depuis bien longtemps car  si je n’avais pas réussi à m’accepter telle que je suis, j’aurai fini à l’asile depuis belle lurette.
J’ai juste un souci avec la bouffe.
Et avec celles et ceux qui veulent absolument pointer le doigt sur un état qu’ils ne maîtrisent pas et dont ils ne connaissent absolument pas les causes, ni les conséquences.

Comment prétendre que c’est cool d’être gros ? Que le plus important est d’être bien dans sa tête et de s’accepter. Comment peut-on communiquer sur cette image alors que tout le monde sait qu’assumer son gras, ce n’est pas franchement un truc qui rend la vie heureuse et facile. Et que ça ne s’arrange pas non plus avec l’âge.

C’est à se demander si on a le droit d’émettre l’idée qu’un régime draconien nous ferait le plus grand bien car non on ne se sent pas bien dans ce corps trop lourd, dans ces jambes qui explosent à la moindre variation de température, dans ces varices lancinantes, dans cette suffocation constante et dans tout un tas de désagréments quotidiens qui nous pourrissent la vie.

Cette volonté de bonheur permanent, qui passe par l’acceptation quasi intégriste de soi devient presque perverse. Renier ses propres aspirations au profit d’une société qui ne veut absolument pas avoir à faire à des femmes « mal dans leur peau ». Le plongeon perpétuel au milieu des bisounours. NON, NON ET NON.

Si vous me croisez avec ces kilos, épargnez moi le côté enjoué et complice en me disant que cela fait partie de mon personnage truculent et si coloré, évitez de me dire que je porte magnifiquement mes rondeurs ou bien que je devrai perdre ces kilos car ma santé est menacée. Oubliez de me faire la morale en me sermonnant au prochain Paris-Brest englouti. Ne vous sentez pas obligé de signaler par quelque parole que ce soit  cette distinction physique si éloignée de la norme souhaitée par le commun des mortels. 
Essayez juste de comprendre que cet état n’est pas moi. Je ne suis pas bien dans ce corps qui me fait souffrir et je n'ai pas à cet instant précis, trouvé de volonté ou de solution pour en sortir.  Et c'est probablement le cas de toutes celles et ceux qui sont dans un état similaire.

Je n’ai pas 25 kilos de trop parce que je l’ai désiré. Et si cela était si simple de les faire disparaître, croyez vous que je serai là, en train d’écrire ce billet de m’enfiler un tube de lait concentré sucré en pleine conscience de mon acte délictueux !

Avoir un air enjoué et happy n’est en aucun cas la revendication souhaitée de notre circonférence

Bienveillance et tact. Deux mots un peu trop oubliés dans notre société. 

A répéter en boucle dans vos cerveaux quand vous croiserez une taille 48.

mardi 13 janvier 2015

Je suis Charlie ... Mais pas trop longtemps non plus !




Il y a celles et ceux qui ont balancé leur photo de profil Facebook dans les heures qui ont suivi le lancement du logo et des 3 mots.

Comme une course à l’identification, tout le réseau social était arrosé. Les badges ont très vite fait leur apparition à la TV et  dans les rédactions des magazines sans pour autant que l’on sache comment s’était passé le business de ces objets promotionnels.

Puis les abribus, les bagnoles, les vitrines. La RATP, elle n’a pas vraiment eu le temps de réagir avec ses 4x3 ( ça doit valoir des ronds les 4x3 !) En tout cas je n'ai rien vu passer vers Saint Lazare, le long de la ligne 3 menant au Père Lachaise.

Qui avait fabriqué les affiches des abribus, les badges de nos présentateurs TV, les Sweats et les T-Shirts,  à quel prix ? Et où ?

Et surtout est ce que cela avait été distribué gratuitement, la poste avait-elle offert la livraison ?

Autant de questions qui soulevaient certaines polémiques supplémentaires. Rien que le nom de domaine « jesuischarlie.com » était déjà pris d’assaut.

Et puis après cette mémorable manifestation du 11 janvier, ces élans patriotiques et les premières annonces des obsèques -et sans parfum manifeste d'un quelconque retour d’attentat ou d’une actualité susceptible de nous faire penser que ça allait encore péter dans un endroit de la capitale- la vie a recommencé, gentiment, et sûrement.

La belle Ville de Cannes avait retrouvé son blason bleu blanc rouge à l'intérieur du petit centimètre carré et bon nombre des visages de mes amis et contacts étaient réapparus. Ce qui je dois vous l’avouer m’arrangeait un peu car je commençais à m’emmêler les pédales dans mon fil d’actu vu que tout le monde avait la même gueule.

Des ciels bleus et des fleurs, des lendemains qui chantent, un monde complètement Kawaï où l’on préférait certainement appréhender les prochains jours avec suffisamment d’insouciance, vu le flot de merde que l’on venait d’avaler ces dernières heures. Et la merde tout le monde l’imaginait et en a même la certitude désormais :  non seulement c’était pas bon à avaler mais en plus, ce ne fut pas vraiment simple à digérer.

Comme les comportements humains devenaient fascinants en de pareilles circonstances !

Ils avaient voulu marquer leur solidarité. Certains un peu plus que d’autres.

Puis quand le logo devint un peu trop lourd à regarder, comme un gâteau dont on aurait repris quatre fois au dessert, le besoin d’alléger le visuel reprit le dessus.

On a été Charlie mais là ça va bien. On redevient nous même.

C’était presque une volonté de se démarquer de la foule qui commençait à vouloir penser à notre place. Car oui c’était bien beau d’être Charlie, mais est ce que je partageais les idées du voisin FN si lui il est Charlie aussi ? (Non, tous les voisins FN ne pensent pas forcément comme Jean-Marie et certains peuvent être Charlie ) Oui mais sinon Nico il est Charlie aussi puisqu'il défile et je peux pas blairer Nico (Manu, Fanfan, Bébert, Benji et les autres ! Cochez la bonne réponse).

Non ! Non ! Non ! Cela n'allait pas ces histoires. Je voulais être moi avant d’être une idée mais je voulais aussi partager cette idée alors comment allais-je devoir procéder pour rester moi tout en ayant encore la volonté de partager cette idée ?

En même temps c'était une gerbe intergalactique que de vouloir entasser dans nos neurones tout ce qu’il s’était passé, Des photos d’un couloir qui menait à une salle de rédaction où l’on voyait des traces de pas ensanglantés dessus. La vidéo de ce gardien de la paix qui se fait exécuter. Ces gens courir dans tous les sens en direct, alors que la nuit tombait derrière mes vitres, Je savais qu’à quelques mètres de chez moi ou même quelques kilomètres, je partageais le temps et le ciel avec 16 personnes qui venaient de se faire retenir en otage durant des heures et que l’on était en train de délivrer, là sous mes yeux. Des flics se faisaient canarder, on distinguait un homme à terre. Les images en boucle, les journalistes à vomir, la course à l’audience.

Sortir du logo ça devait faire un bien fou.

Reprendre le pas sur son quotidien, se dire que c'était fini tout ça et qu’«il ne peut plus rien nous arriver d’affreux maintenant» ! (Attention si vous ne comprenez pas l’allusion cachée dans cette phrase, c’est que vous êtes vraiment NULS).

Quelques uns n’avaient pas changé de visage mais leur investissement pour des causes, qu’elles soient infimes ou extrêmement préoccupantes, n’avait  jamais faibli. Avant, après, ils étaient, sont et seront réguliers et de tous les fronts.

D'autres s'étaient enfin trouvés une idéologie, une lumière à suivre. Allait - elle les éclairer longtemps afin qu’ils puissent nous offrir un juste milieu entre profondeur et  vacuité de leur existence.

Certains étaient restés silencieux. Esprits éclairés, peureux ou lucides, échappés du monde de l’instant qui donne le tournis. Ils n’avaient pas souhaité s’intégrer ne serait-ce que quelques secondes à la communauté qui criait sa peur et sa révolte. Ni logo ni présence. On ne les reverrait sans doute jamais réapparaître !

La bonne année a été pourrie dans le lot, la galette des rois par la même occase, les statuts des  soldes nous ont été épargnés. 

Les visages revenus dans la lucarne et les 3 mots disparus, plusieurs continueront avec la même ferveur de se battre pour cette cause qui vient de leur éclater à la gueule ( oui les flics sont gentils et peuvent être utiles, non mon voisin musulman n’est pas un terroriste, et oui je peux aider par des tas de solution, j’ai deux bras, deux jambes et un cerveau,  faut juste que je bouge mon cul dans une association au lieu de me repasser des séries en téléchargement quand je m’emmerde à la maison )

Enfin il restait tous les autres.

Celles et ceux qui avaient vécu ces journées comme une poussée d’adrénaline, et qui retournèrent  à leur vie insignifiante, Ces blasés, regrettant presque la solidarité de ces derniers jours qui rendait leurs heures moins solitaires. Les égoïstes qui n'avaient pas souhaité prolonger la fête plus longtemps afin de ne pas perturber une vie rangée, magnifique, et sans heurts. 
Parce que ça va bien un moment mais bon …

Puisse l’avenir donner raison à leur hypocrisie. Que plus rien n'agite le monde comme ces journées. Que le quotidien soit morne et ennuyeux et que chacun se charge de lui donner les couleurs qui lui sont propres. N'importe quelle couleur, sauf le noir.

lundi 25 août 2014

"Je vois aussi que vous êtes juive !"




Je n’ai jamais été très copine avec la religion.

Baptisée catholique sans que l’on me demande mon avis, enfant, je répétais mon «Notre Père» de nombreuses fois avant de m’endormir en pensant à ma Mémé Lilou qui vouait une admiration et un culte sans borne à Sainte Thérèse de Lisieux et Saint Antoine de Padoue (bien pratique celui là quand on y pense …)
Mémé Lilou, c’était la bonté et l’amour, une grand-mère comme il n’en a jamais existé, comme il n’en existera plus (encore que, Mémé Domi -alias Mamounette- est en train de reprendre le flambeau de façon assez significative avec ses cinq putois). 

J’adorais Mémé, je me devais de réciter le Notre Père. Et basta.

J’ai donc grandi, poussée vers l'adolescence dans ce catholicisme automatique sans grande conviction, mais en gardant tout de même un œil assez attentif sur une partie de ma famille issue des juifs d’Afrique du Nord. Tout me semblait plus naturel de ce côté-là. Ma mère n’ayant pas hérité de cette religion de manière traditionnelle (les origines juives provenaient de son père alors que la religion se transmet théoriquement par la mère), elle avait  néanmoins récupéré de sa grand-mère paternelle, toutes les traditions juives possibles et inimaginables.

Des gâteaux cuisinés le jour de mes premières règles au verre d’eau lancé derrière moi le jour de mon départ pour les épreuves du baccalauréat, tout était normal. C’est donc d’une façon tout aussi naturelle que je me suis mise à porter une croix de David dès mon adolescence. Juive je serai. Non pas de religion, car la religion ne m’intéressait pas. Mais de tradition, de cœur, d’origines.

Cette croix n’a jamais été un souci dans mes relations. Sans doute parce que j’ai eu cette chance ou cette intelligence de savoir m’entourer de personnes dont l’esprit ne s’arrêtait pas à un simple signe communautaire.

Cette croix, je l’ai portée avec fierté, car fière de ces origines, de cette culture qui fait partie intégrante de moi. De ces expressions avec lesquelles j’ai grandi, de cette richesse culinaire incroyable, de ma grande gueule, de mon tempérament qui ne sait pas passer inaperçu, où que j’aille, quoi que je fasse.

Je l'ai même oubliée, jusqu'à ce jour là.

Un jeudi veille de 15 août et de départ en vacances. Une escapade dans un centre commercial de Banlieue pour tester une nouvelle enseigne de vêtements qui ne compte que 6 magasins en France, dont un à 10 minutes de chez moi ! Une banlieue qui se positionne en plein «renouveau». Ici a poussé  un centre commercial qui ne facture même pas son parking, des locaux industriels et des cités HLM qui se donneraient presque des airs de résidence secondaire. Du vert, de l’espace, à 15 minutes à peine du périphérique, les loyers sont forcément bien moins chers qu’à Paris. On essaye par tous les moyens de rendre cette ville attractive. Oui mais bon … Villeneuve la Garenne, ce n’est pas Levallois.

Après ma séance de shopping, je décidais de faire un dernier tour chez Mark & Spencer. Initialement au rayon épicerie, je passais quand même par les fringues et jetais mon dévolu sur un pantalon noir. Magasin désert, caisses vides, une aubaine !

Un jeune homme d'une trentaine d'années me fit signe d’avancer pour qu’il m’encaisse, et commençait à engager la conversation.

-          Je vois que vous êtes pour la paix ?
(Le jeune homme est observateur : pendentif en nacre autour de mon cou Love and Peace et tatouage du même signe sur mon poignet gauche)

Je lui répondis oui, de façon philosophe en lui expliquant que la paix était quand même une vaste utopie et ne se limitait pas uniquement à la paix dans le monde mais aussi à sa propre paix intérieure.
Il acquiesça en souriant et continua sa manipulation d'encaissement puis trouva bon de rajouter :

-   JE VOIS AUSSI QUE VOUS ETES JUIVE !?
(et là je ne me voyais pas commencer à me lancer dans une explication religion Vs tradition, mon grand père, ma mémé, ma mère et mon arrière grand-mère Rachel)
 - OUI VOUS PORTEZ UNE ETOILE DE DAVID !
 - Oui !
 - Ha mais c'est terrible ce qu'il se passe en ce moment !
 - ...
 - Non mais vous vous rendez compte ? Les Israéliens ?  Ce qu'ils font subir aux Palestiniens ? C'est mal, c'est très mal ! Ils sont en train de faire un vrai GENOCIDE !

Le jeune homme ne faisait preuve d'aucune agressivité, ce qui rendait la situation encore plus surréaliste. J’étais venue dépenser mon argent dans un magasin et je me retrouvais au cœur d’une discussion sur le conflit Israélo/Palestinien, initié par un vendeur ou chef de je ne sais quel rayon sous prétexte d’un pendentif accroché à mon cou.

En un dixième de seconde, je me demandais quelle attitude adopter. Faire appeler son supérieur pour lui exposer la situation ? Ou noyer le poisson et déguerpir, vite.

-          Vous savez, des bons et des mauvais, il y en a dans toutes les races.

Phrase bateau par excellence. Je n’avais rien d’autre à lui répondre, mais je sentais bien que le jeune homme n'en serait pas resté là si il avait pu développer le sujet. C'était vraisemblablement plus fort que lui, ce type n'avait pas pu s'empêcher de se positionner sur cette actualité. la vue d'une étoile de David avait fait mouche !

J’aurai pu lui dire que sa position de vendeur était de se contenter de vendre et ne pas interpeller une cliente sur un signe communautaire distinctif en lui signifiant les actes jugés selon lui répréhensifs de ladite communauté.

J’aurai pu lui dire que le conflit Israélo/Palestinien, je ne le vivais pas au quotidien, et lui non plus et que nous n'étions pas à même de juger une situation qui nous était complètement inconnue et renvoyée par le prisme des médias et des gouvernements.

J’aurai pu lui dire que je ne me serai jamais permis d’interpeller une vendeuse sous prétexte qu’elle portait main de Fatma autour du cou, en lui disant « Hé mademoiselle, je vois que vous êtes musulmane ! Vous vous rendez compte de ce que fait l’Islam dans le monde ? Mohamed Mehrad ? On en parle ? »

Je suis simplement rentrée avec une envie de vomir. Un sentiment de malaise intense.
A mi chemin entre la révolte et l’incompréhension.
L’idée de devoir désormais raser les murs si je voulais la paix.
L’idée de me dire que si lui, vendeur de base d’un magasin, m’avait signifié tout cela avec un indéfectible sourire, je pouvais aussi tomber sur une bande de joyeux lurons beaucoup moins diplomates, au détour d’un couloir de métro ou d’une rue, qui pourraient avoir envie de m’expliquer plus amplement leur propre conception du génocide et du conflit Israélo/Palestinien.

L’histoire est simple, et véridique du début à la fin. Je n’ai rien inventé.
Je l’ai signalée au service clientèle qui l’a soit disant transmise à la direction du magasin concerné. J’attends désormais une réponse, qui n’arrivera sans doute jamais.

Quelques jours auparavant, dans une boulangerie cannoise, en passant près d’un groupe de personnes qui se tenait à l’entrée, j’ai entendu « Shalom ! Shalom ! ».  Quelques secondes plus tard, s’est échappé un « elle dit pas Shalom cette connasse ? ».

Je ne saurai dire si cela m’était destiné. Je n’ai pas dévisagé toutes les personnes présentes dans la boulangerie et je me suis dépêchée de payer mon croissant, et de partir. Vite.

Je suis rentrée chez moi ce jeudi 14 août 2014, il devait être 14h00, et j’ai enlevé mon étoile de David. 

mardi 15 avril 2014

40 ans, l'âge de la stéréo ...



La nature est bien faite.
Tout autour de nous, on peut observer l’application quotidienne de cette vérité.
Les oiseaux se taisent quand il s’agit d’aller pioncer, le chat vient squatter dès qu’il y a une source de chaleur potentielle dans les environs et le syndrome pré menstruel est là pour annoncer à votre mari que ça devrait plus tarder et que oui, là tout de suite, faudrait voir à plus trop faire chier la dame au risque de se prendre une sandale à talons compensés dans la tronche. Tu l’auras bien cherché après tout, c’est pas la bonne semaine.

BREF !

La nature est bien faite sauf quand vous atteignez 40 ans.

Que se passe –t-il dans votre corps quand la date fatidique de votre quarantième année vous tombe sur la tête, telle un seau d’eau glacée posé vicieusement sur le haut d’une porte.
Il doit y avoir une quantité incommensurable de cellules, de connexions synaptiques, de muscles, de globules, bref, tout ce que votre corps peut contenir de vivant et de décisif qui doit se réunir pour déclarer ouverts les états généraux de la décrépitude. Le top départ de la loose, le « 3-2-1 c’est parti » de la fatigue. La fin des haricots.

Alors mesdemoiselles (ah non merde ! Ca existe plus ce terme, je vais me faire lyncher) non pardon, mesdames, vous qui lisez ce billet et qui n’avez pas encore 39 ans et 3 quarts, profitez allègrement du temps qu’il vous reste avant cette deadline. Oui parce qu’on peut quand même le dire, après tout on est entre filles, après 39 ans 3 quarts, tout devient un peu dead au final.
Celle qui me sort que sa vie a commencé à 40 ans, je lui balance un pot de Nivéa Q10 à la tronche et je lui fais avaler mes chaussettes de contention.

A 40 ans on ne sait plus vraiment ce que signifie l’expression « grasse mâtinée ».
Si comme moi vous avez au minimum 2 enfants et que vous ouvrez le champagne quand vous avez totalisé six heures de sommeil consécutif, n’imaginez pas que cela va aller en s’améliorant. Non, le sommeil doit être proportionnel à la vie, plus vous avancez en âge, plus il diminue en quantité et en qualité. Forcément, quand on voit ce qu’il nous reste (on est quand même à la moitié du chemin) et dans quel état on est, on se dit que foutue pour foutue, autant passer un max de temps à profiter de la vie !

Mon conseil : un ou deux mojitos avant de se coucher. Oui l’alcool est mauvais pour la santé mais une humeur de chiotte et un quota de dodo non atteint sont tout aussi mauvais  pour la santé de votre couple ou de votre voisin de bureau.

A 40 ans, il se produit quelque chose d’incroyable dans votre estomac.
Ce que vous arriviez à digérer sans aucun souci il y a 2, voire même 3 ans, devient désormais une source incommensurable de torture. Une feuille de salade provoque à l’intérieur de votre œsophage l’équivalent d’une Happy Hour au rayon  outillage de Castorama. Le moindre plat en sauce ne peut s’empêcher de faire éclore sur votre minois la plus éclatante des constellations et quand vous envisagez un petit check up sanguin,  votre généraliste vous balance un regard noir : c’est quoi ce taux de cholestérol ?

Mon conseil : Andouillette AAAAA sauce moutarde et pommes de terre sautées : on a qu’une seule vie.
Je ne suis déjà pas née suédoise avec 20/20 à chaque œil, je ne vais pas EN PLUS me priver de bouffer de la charcuterie.

 A 40 ans, on a la peau qui pend.
Le printemps arrivé, les bras se découvrent et l’on apprécie les premiers rayons du soleil à travers le pare-brise. Rayons qui viennent se poser délicatement sur notre peau de crocodile albinos ayant passé l’hiver à se dessécher. Vous conduisez donc tranquillement vos 973 bornes qui vous séparent de votre lieu de villégiature, profitant les bras nus de ces doux moments de chaleur quand tout à coup, votre fils cadet assis à vos cotés (oui, celui qui dégueule au moindre virage et dont vous redoutez le premier rictus annonciateur de « Burp ») vous touche le bras d’un air circonspect, il tâte et retâte ce bras qui pend car manquant cruellement de muscle quand tout à coup, votre fils, la chair de votre chair, l’amour de votre vie fini par vous regarder  en vous assénant un « envole toi » !!!!

(SOLITUDE …)

Mon conseil : Mettez des gilets et  n’oubliez pas de bronzez des bras.  Et privez votre fils de Ps3 ( bien fait pour toi, la prochaine fois tu réfléchiras à deux fois avant de tâter mes ailerons de dinde ).

La liste est non exhaustive.
Toi aussi lectrice, fais un petit récap de tout ce qui te pourri tes 40 ans.
Quand les trois quarts de la société te rabâchent qu’une femme n’a jamais été aussi belle et désirable qu’à 40 ans, tu as juste envie de lui faire bouffer tes analyses de sang  à la société, et ton jean en taille 46 aussi d’ailleurs.

Pourtant je n’échangerai pas mes 40 ans contre mes 20 ans. Double taille mais double grande gueule, double assurance, double cerveau ( triple ? ) et double satisfaction de savoir ce que je veux  (et ce que je ne veux surtout plus !)

40 ans, c’est du bonheur en double. En stéréo.


jeudi 30 janvier 2014

Vous avez vu ?


Dans le quotidien virtuel de nos vies existe depuis peu un nouvel outil en passe de devenir le plus grand fouteur de merde de la décennie.

Certes ces termes peuvent paraître exagérés mais qui n’a jamais eu à faire à cette notification ne peut pas savoir exactement de quoi il s’agit ni des conséquences que cela engendre.

Facebook a 10 ans. Ce mois ci c’est champagne, petits fours et caviar (ou Burger King et Budweiser) dans la famille Zuckerberg. Le truc qui a révolutionné nos vies fête ses 10 ans et grapille chaque jour un peu plus, de notre temps, de notre intérêt, de notre argent, de notre énergie. Mais il faut bien l’avouer, Facebook est aussi un grand vecteur de joie, de bonne humeur, de trouvaille, de détente, lorsqu’il est judicieusement utilisé.

Un des outils que j’utilise quotidiennement et qui a bien entendu considérablement changé ma propre conception de l’amitié et de la communication avec autrui réside dans la messagerie instantanée.

Ce truc est l’arrière arrière petit fils de msn messenger. Il vous permet de papoter peinard et en temps réel (ou pas ! tout le monde n’a pas forcément le temps ni l’autorisation de facebooker en journée) et d’interagir avec vos potes ou quiconque d’ailleurs, que vous ayez envie ou pas de vous montrer en présent ou de masquer votre légère apparition sur le réseau. Facebook vous donnera une idée approximative de la dernière heure de connexion de votre tripotée de contacts, et accessoirement s’ils sont aussi connectés sur leur mobile ou bien s’ils végètent comme des flans du fin fond de leur canapé moisi ( alors qu’il y a deux secondes c’était style genre « je suis en soirée, c’est hyper fun ! »
Ben non pauvre truffe, tu n’es pas en soirée, tu viens de m’envoyer ton message de Moissy-Cramayel (coucou Stéphane Plaza ! Un nom digne d’un de tes bleds à vendre)  et accessoirement tu dois pas savoir que t’es en train de te faire démasquer.
Moissy Cramayel : une boulangerie, une MJC …

Bref si vous ne saviez pas encore que Facebook possédait tous ces outils pour pourrir votre crédibilité et vous faire passer aux yeux des autres pour ce que vous êtes ( sans intérêt ! ) alors il est temps de réagir et de reparamétrer votre profil.

Au dela de ces amusantes fonctionnalités, une seule se démarque avec un succès faramineux : la notification de lecture de vos mp (abréviation de « message privés » pour les largués).

Petit briefing.

Vous êtes là tranquillement à envoyer des MP, pouf ça part en messagerie tel un mail. Apparaît alors une minuscule notification « envoyé » suivi de l’heure d’envoi, juste en dessous du message. Ce qui fait que vous avez déjà là une bonne indication quand au jour où le message est envoyé

Puis arrive la notification tant attendue, celle qui peut à elle seule faire basculer le court de votre paisible existence en quelques secondes, vous pourrir une semaine, une heure, une dizaine de minutes, vous affubler d’une humeur digne d’un  trycératops en proie à une crise hémorroïdaire  et tout ça pour deux petites malheureuses lettres : « Vu ! »

Oui VU ! Un « Vu ! » avec un beau « ! » histoire de dire que hop, l’affaire est dans le sac, l’autre là,  celui à qui est censé appartenir le compte Facebook, ben il peut pas dire qu’il n’a pas eu connaissance de vos propos parce qu’ils ont été notifiés comme VUS ! ( et pour bien en rajouter une couche dans l’investigation, Facebook indique également l’heure à laquelle le message est vu).

Plus aucune possibilité de se dédouaner, de chercher une explication rationnelle ou pas, si un « Vu » a le malheur d’apparaître au bas du message que vous avez envoyé à votre pote il y a 8 heure et qui lui demandait comment ça roulait ce matin, c’est soit  …

  • qu’il avait de la confiote sur les doigts,
  • qu’il prenait sa douche en demandant à sa femme de checker  ses mp  ( attention ! Piège !!)
  • qu’il a cliqué malencontreusement sur le mp mais qu’il ne voulait pas en fait (ben oui ! de peur d’être vu !! )
  • qu’il s’est fait tirer son smartphone et les codes qui vont avec
  • qu’il a filé ses identifiants à tout le quartier
  • qu’il en a rien à foutre de votre message et qu’il n’a pas vraiment eu l’occasion de vous répondre parce que ça le passionnait pas trop là tout de suite, il y songera la prochaine fois qu’il ira faire caca, et encore si il n’y a rien à lire dans les chiottes.


Combien de bonnes raisons dans notre galaxie ?

On peut estimer que c’est quand même  la loose si, au bout de 72 heures de « vu » et d’une activité régulière ( voir intense ) de la personne sur le réseau social, il n’y aura pas eu de réponse à une question ou à un simple message qui appelait une réponse.  ( Et qu’entre temps,  vous n’avez pas récupéré de réponse ou démarré un échange par le biais d’un autre moyen de communication : sms, mail, téléphone, visu ! )

« Globalement j’ai vu ton truc, mais là ça m’emmerde de te répondre. J’ai pas envie ».
 Voir même un « ce que tu es en train de me raconter je m’en fous un peu, donc je te réponds pas pour le moment, tu es prié de passer à autre chose si tu veux tenter un échange ».

Ignoré(e)s  froidement, virtuellement, simplement.

A nous les interprétations foireuses, les plans sur la comète, les attentes interminables et les angoisses de la réponse, de la non réponse, du « qu’est ce que j’ai dit, qu’est ce que j’ai fait ? Pourquoi il répond pas ? Elle s’en fout ? Il m’a zappé ! Je crois qu’elle fait la gueule ! ».

L’homme du XXIème siècle voulait être vu.
Facebook a résolu ce problème pour nous tous.

Enfin en théorie car là pour le coup, c’est plutôt celui qui ne voulait pas se montrer qui est vu !

Je sais pas si vous me suivez ?

Pas simple, surtout qu’on finira tous par devenir le vu d’un autre…

Fermez Facebook, écrivez donc des mails, allez au ciné, faites une expo, prenez l'air, un bouquin, passez en coup de vent pour être un peu vu histoire de montrer que vous répondez aux messages VOUS ! Et puis barrez vous finalement sur Twitter. Là bas au moins pas d’états d’âmes, ils ont un égo tellement surdimensionné que même le pire ami de votre liste de contacts Facebook qui passe son temps à changer sa photo de profil, de journal et à s’autoliker n’arrive pas à la demi cheville de l’égotiste chevronné de Twitter. Ou mieux ! Recommandez lui Twitter, il s’y précipitera pour balancer ses 140 caractères toutes les 15 secondes en guettant le retweet salvateur et en imaginant que la moitié de la planète va kiffer son hashtag.
Trop préoccupé, il ne remettra pas les pieds sur Facebook de sitôt. Ca fera un boulet de moins dans votre fil d’actu et vous rendra le quotidien un peu moins anxiogène.

A force de masquer les actus de mes contacts mon fil d’actu est en train de virer peau de chagrin.


Bon en même temps c’est  bientôt le printemps …

mardi 26 novembre 2013

Make my day !




Ami lecteur,

Toi qui me fais l’honneur de venir passer quelques secondes de ton précieux temps sur mon blog.
Toi qui pense avoir tout vu, tout lu tout connu, tout entendu.
Toi qui sais te montrer blasé des plaisirs de la vie.
Toi qui prône le recyclage, le bio, l’écologie !
Toi qui est le roi du politiquement correct : PASSE TON CHEMIN !
Toi qui n’est pas coincé, réfractaire au nouveau, heureux de vivre et d’y voir clair, ces quelques lignes qui vont suivre sont pour toi !

Ami lecteur, c'est bientôt Noël et tu ne sais toujours pas ce que tu vas pouvoir trouver comme cadeau original et utile !

Ami lecteur j’ai la solution ! J’ai ce qu’il te faut.

Alors voilà.
De mon temps, ce n’était pas très facile de se procurer un godemiché.

(Oulah ça commence fort, Mamounette, ne me déshérite pas, promis je parle de godemiché mais je ne dirai pas de gros mots dans ce billet, enfin je vais essayer !)

Ce n’est pas sale !
A 40 ans depuis même pas une semaine, j’ai enfin acquis le droit et le privilège de pouvoir parler de godemiché sans pour autant glousser telle une grosse dinde prude qui ferait genre mais-oui-mais-non-rhooo-typensespasquandmême- Pfiou ..

Bref ce n’était pas très facile de se procurer un godemiché pour la bonne et simple raison que c’était soi vendu en sex shop, (et je vous passe l’ambiance glauque des sex shop à l’époque de ma majorité, début 90’s) soit vendu sur le catalogue de la redoute à la rubrique « vibromasseur pour joues ». Oui forcément, toutes les femmes ont besoin de se masser les joues avec un truc cylindrique et oblong, si possible doré en arborant un sourire béat « je me masse les joues et j’aime ça ». Autant vous dire que ce genre de truc dans la boîte aux lettres, ça s’assume pas forcément. Et puis c’était surtout pas franchement entré ( est ce le terme adéquat ?!!) dans les mœurs ( et ailleurs?! Oui c’est le terme adéquat finalement ! ). Les réality show n’existaient pas encore, les réunions Tupperware/sex toys non plus.
L’apprentissage de la sexualité se faisait entre deux lectures de OK Podium, 20ANS, les émissions du Doc sur Fun Radio et les Bd de Reiser et de Wolinski chourées dans la bibliothèque parentale.

Mais aujourd’hui vous voulez du sexe ? Vous en aurez à foison ! Il ne s’agit même plus de pornographie ou de chose honteuse, mais d’une sexualité affirmée, proposée au grand jour pour toutes les femmes (et les mecs aussi mais eux ils ont déjà donné, ils savent depuis longtemps où d’adresser …) jeunes, vieilles, grosses, minces, moches, belles, timides, complexées ou pas, exubérantes, farfelues, joviales, réservées : aucune femme n’est oubliée car depuis quelques années fleurit désormais bon nombre de supermarchés du sexe où l’on trouve de tout et pour tout le monde. Des noms évocateurs : EasyLove, SexyCenter ou encore Pink Plaisir, ces lieux de toutes les folies s’implantent pour la plupart au sein des zones commerciales à l’entrée des agglomérations, l’entrée y est interdite pour les moins de 18 ans et pour ce qui est des courses, allez-y avec un portefeuille bien rempli, le low-cost n’est pas encore au programme en matière de sexe ! Entre un tour chez Gémo ou un plein à la Grande Récré, quelques petites emplettes et le tour est joué.

Oui mais voilà, comment faire quand on a toujours pas la petite impulsion qui nous pousserait à franchir la porte de ces temples du plaisir ?

Il semblerait donc que certains designers aient eu pitié de ces pauvres demoiselles, dames respectables, célibataires, retraitées, mères de famille en mal de sex-toys, et se soient penchés sur une solution à tous leurs soucis. Une solution qui allie orgasme et récup, la jouissance du corps et des papilles, le développement durable du plaisir, mesdames, mesdemoiselles, laissez moi vous présenter le seul, l’unique DILDO MAKER !

Bon alors pour les ignorants du fond de la classe qui ont du mal à suivre, le mot Dildo signifie en anglais « godemiché ».

Ai-je besoin de vous faire la traduction ? Dildo Maker ? Oui ? Non ?

Machine à Godemiché ? Oui VOUS AVEZ TROUVE ! BRAVO ! C’est exactement ça !

Donc c’est l’histoire d’un brillant designer des années 30 appelé Raymond Loewy qui s’est  mis en tête de réinventer des objets pour leur donner une forme utile et attrayante. Ca donne un taille crayon qui ressemble à ça et qui sera un objet incontournable du XXème siècle.

Bon nombre de décennies plus tard on retrouve donc le même objet mais dont la fonction principale n’est plus de tailler des crayons mais des légumes, bougies, ou tout autre objet susceptible de faire office de godemiché ! Oui après tout, rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme !

Francesco Morackini, designer italien a donc envisagé une nouvelle utilisation de l’objet en le détournant dans un seul et unique but de plaisir et de jeu. L’esthétique n’est pas non plus en reste et même si cet objet est encore à l’état de prototype, on se plait à imaginer qui seront les acheteurs potentiels ? Je vois déjà vos yeux qui pétillent Mesdames !! ( Ou Messieurs ? )

Alors ami lecteur, dans quel monde vivons nous !?
Comment une chose est-elle possible, envisageable, comment imaginer une seule seconde recycler son vieux pied de chaise ou sa saucisse de la choucroute de midi en godemiché tout neuf et tout bien taillé ?


Pourtant, rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme ! ( vous suivez là ? je suis obligée de répéter bordel ! Merde ça y est j’ai dis un gros mot, tant pis !)
Allons, allons, pas de mauvaise volonté, au jour d’aujourd’hui
Pensez écolo, pensez recyclage !
Allez les Bobos, les Bios, les décroissants, vous pourrez même réutiliser vos carottes après !

Pensez Dildo !

(Mais ne le laissez pas traîner dans la maison quand même, ça pourrait vous foutre la honte !


Et oui, on n’assume jamais complètement …

dimanche 24 novembre 2013

Les activités pourries-scolaires ou comment colorier des libellules ?




Il fut un temps béni des dieux où j’allais récupérer ma troupe de putois à 16h30 le mardi, on balançait joyeusement les cartables dans un coin en rentrant à la maison, on se goinfrait de chocolat chaud et de brioche, on glandouillait avec frénésie devant des trucs bien débiles à la TV ou quand il faisait beau on allait se faire un petit coin de square histoire de taper dans du ballon et de prendre ma dose quotidienne de nicotine.

Puis un Ministre s’est demandé si ce serait pas mieux d’emmerder la tranche de population « Parents d’enfants en maternelle et dans le primaire » en décidant de faire sa réforme et tel un gigantesque caca nerveux ou caprice si on veut rester polis, il a bien accéléré le truc histoire qu’on se dise « Ah ouais le gars lui il a fait un truc  dont on se souviendra durant ce quinquénna ».

Ah, ça c’est clair mon gars, on va s’en souvenir de ta réforme, et de ton nom aussi d’ailleurs.

Désormais l’école élémentaire de mes gosses n’est plus une école peinarde et rythmée comme jadis à l’heure des Mamans. C’est plutôt la Gare Saint Lazare aux heures de pointe.

Donc pour ceux qui n’auraient pas encore compris le principe de la réforme, l’idée est de permettre aux enfants d’utiliser le temps du matin à l’assimilation des connaissances (qui se fait apparemment mieux le matin) et l’après midi serait orienté deux fois par semaine à des activités dites « péri-scolaires », sport, informatique, bricolage, dessin, magie, que sais-je encore …

Le temps consacré à ces activités est réparti comme suit :

Les mardis et vendredis, les enfants arrêtent de travailler à 15h00,  ils ont le choix de sortir pour rentrer chez eux (et je ne suis même pas certaine que les enfants qui ne sont pas récupérés par une personne ont le droit de sortir et de rentrer chez eux seuls) ou  de rester à l’école et de filer en atelier (en théorie) jusqu’à 16h30.

Ces 3 heures sont récupérées le mercredi matin qui est désormais une matinée de travail comme jadis le samedi l’était pour nous même ou certain de nos enfants.

Pas encore présente sur la totalité du territoire, les communes qui ne l’appliquent pas vont donc pouvoir juger dès à présent de l’efficacité de la chose et surtout de la masse d’énergie et de moyens qu’il faudrait déployer pour réaliser quelque chose de correct.

Notre Ministre a vraisemblablement des dons de magie. Oui c’est un véritable magicien. Il a réussi à remplacer le tout par le rien !

Oui car tout cela n’est autre qu’un vaste ensemble de rien. Personne ne sait rien, les enfants ne font rien, il ne se passe rien !

Puisque je vis dans la capitale, je vais donc parler pour mon compte et citer l’exemple de l’école primaire où se trouvent mes enfants, et ce afin de rassurer certains qui sont en Province et qui pensent peut être que dans une grande ville ça pourrait éventuellement mieux se passer : non Mesdames, Messieurs. A Paris c’est le championnat du monde de la loose et cela ne fait que commencer.

Voici donc une photographie du quotidien avec les nouveaux rythmes scolaires.

Au départ on avait la classe, la sortie à 16h30, le goûter/étude jusqu’à 18h00 pour certain et les ateliers bleus pour les autres (pour les courageux qui me lisent sans habiter la capitale, les ateliers bleus sont des ateliers proposés par la Mairie de Paris moyennant finance et au sein même de l’école, ils sont facturés en fonction du quotient familial et sont animés par du personnel Ville de Paris, entre 17h00 et 18h00 – théâtre, marionnettes, roller, échec, ping-pong …)

Depuis la rentrée, la direction de l’école où se trouvent Putois n°2 et Putoite en Chef n’a pas jugé bon de communiquer plus que ça sur les nouveaux rythmes scolaires. Ils étaient déjà contre avant même que la réforme ne se mette en place, je n’ai d’ailleurs jamais vu une école faire autant grève sur une durée aussi limitée. La réforme est donc passée et qu’importe, ils sont toujours contre et ils sont bien décidés à nous le signifier à nous parents. Comme si nous étions en quelques sortes responsables de cette absurdité.

Aucune information sur les fameux ateliers d’activités péri-scolaire ( pas de communication dans les carnets de correspondance , quels vont être les thèmes des ateliers ?) et un simple papier à remplir et à signer en cochant les heures de sortie pour l’enfant durant la semaine ( attention multichoix ! )

Ca nous donne donc :

le lundi 16h30 ou 18h00,
le Mardi 15h, 16h30 ou 18h00
le mercredi 11h30 (oui mais après Cantine ? Centre aéré ??)
le jeudi 16h30 ou 18h00
le vendredi 15h, 16h30 ou 18h ?  Je passe les cases 11h30 pour les externes …

Putois n°2 ayant trouvé un atelier bleu le vendredi entre 16h30 et 18h00, j’ai donc opté pour l’option complète le vendredi après midi et il m’a parlé d’un vague atelier informatique.

Là où ça a commencé à se compliquer, c’est pour Putoite en Chef. En CP les gosses sont relativement épuisés. Le passage de la maternelle à la « grande école » est un rythme très soutenu pour eux et les habitudes ne se prennent pas en deux mois. Pour peu que l’enfant soit de la fin de l’année comme c’est le cas de la demoiselle (30 décembre) ça nous donne des gosses tous chamboulés et qui ne seraient pas contre un bout de sieste pour récupérer tout ça.

Je décidais donc de sortir la demoiselle à 15h00 le vendredi pour la faire profiter d’une bonne sieste et la ramener ainsi reposée et dispo à son cour de judo pour 17h00. Rien de bien exceptionnel ni perturbant jusque là. Mais c’était sans compter sur la gentillesse de gardienne de l’entrée de l’école où se passe le judo (école primaire communicante avec l’autre école de Putoite).  Gardienne on ne peut plus conciliante et déclarant en me voyant arriver à 17h02 « le judo c’est à 17h00, la prochaine fois je ne vous laisse pas rentrer, de toutes façons la semaine prochaine vous laisserez votre fille à l’entrée, elle peut très bien aller seule au gymnase ».

Après avoir signifié à la dame qu’il était hors de question de laisser ma fille en électron libre se balader dans cette école qu’elle ne connaît pas et que je tenais quand même à la déposer auprès de son professeur,( comment être prévenu en cas d’absence du prof ! mystère ! ) je recherchais déjà une solution de repli pour avoir le moins de désagréments.

Je me rapprochais donc de la Directrice de l’école maternelle de Putoite en Chef où les enfants qui faisaient judo étaient récupérés en premier par le prof de judo,  après le goûter de 16h30 pour bifurquer directement vers le gymnase de l’autre école communicante. Il m’était plus simple de la déposer à 16h30 (elle aurait quand même pu profiter d’une sieste entre 15h00 et 16h30) et ainsi revenir fraîche et dispo pour prendre son goûter en compagnie de ses copains et filer avec eux au judo au sein de son école, avec ses repères.

Réponse de la directrice : impossible de la ramener à 16h30 : temps périscolaire = Mairie de Paris, elle n’est pas inscrite aux ateliers, elle n’a donc rien à faire dans les locaux de l’école sur ce temps là, elle n’est pas couverte par les assurances en cas de sinistre.

Ha d’accord. Donc on en était à chronométrer le temps d’un enfant passé dans sa propre école, sur une tranche horaire qui n’était pas non plus une heure ahurissante à laquelle elle n’aurait bien entendu pas été censée s’y trouver.

Bilan des courses

  • Ma fille obligée de rester de 15 h à 16h30 sur ce fameux temps péri scolaire Mairie de Paris, inscrite officiellement et en bonne et due forme, elle peut se casser un bras, s’éclater la tête par terre ou subir un incendie, madame la directrice est sereine, les assurances valident.
  • Une gamine épuisée, qui enquille 2h30 de sieste le mardi après midi et le mercredi après midi (alors qu’elle est au lit tous les soirs pour 21h maxi) et que je force à dormir le vendredi à 12h15 pendant une heure pour qu’elle soit armée et affronte ainsi une aprèm aussi chargée.
  • Un temps péri scolaire consacré depuis le début de l’année à du coloriage.
  • Une libellule multicolore (ce qui ressort de ces ateliers).
  • Les profs dépassés et impuissants.
  • La directrice qui regarde blasée son établissement où les va-et-vient sont désormais le lot quotidien, où la sécurité ne veut plus dire grand-chose. N’importe qui rentre comme dans un moulin. On fait ce qu’on peut, on est plein de bonne volonté mais on en peut plus.
  • Des gosses qui traînent dans la rue à partir de 15h (quel parent peut venir récupérer son gosse à 15h ? )
  • Le chaos.

J’ai rarement soutenu des grèves de profs.
Là pour le coup, ils ont ma sympathie à 200%
Un grand n’importe quoi.
Une réforme basée sur l’égo d’un gouvernement et de son ministre.
Du vide, du rien.
Là, vraiment, faudrait que ça s’arrête une bonne fois pour toute.