samedi 8 juin 2013

Le bonheur, c'est simple comme une sortie scolaire !






Je déteste les sorties scolaires.
Pas mécontente de terminer la dernière année de maternelle de Putoite en Chef,  je me dis que son année de CP sera moins agitée.
Je n’ai jamais réussi à comprendre cette ferveur quasi religieuse dont font preuve les maîtresses ( oui je sais on dit professeurs des écoles, mais je m’en fous ) à vouloir trimballer ces pauvres gosses à travers des musées bien trop compliqués pour eux et qui ne retiennent pas la demi moitié de ce qu’ils ont vu durant une visite interminable, fatigante, inutile.

Il était donc question d’aller rendre visite aux antiquités grecques du Louvre.

Vingt neufs enfants entre 5 et 6 ans, encadrés par 7 adultes (le 8ème ayant déclaré forfait au dernier moment, esprit éclairé !)

Nous voici donc partis en sortie scolaire.

Alors, coté transports, l’Académie de Paris  n’a rien trouvé de mieux que de faire se trimbaler ces pauvres gamins en bus et en métro. Ce qui me désole, c’est d’imaginer que celui qui a pondu cette circulaire, n’a sans doute jamais levé son cul de sa chaise et  accompagné vingt neufs gamins dans une sortie scolaire à travers Paris.

Vingt neufs enfants dans un bus accordéon, à se tenir tant bien que mal entre deux secousses et coups de freins.
Bien entendu, il y a toujours une morue parmi les passagers présents qui vous demande de gérer les enfants de façon à ce qu’ils fassent le moins de bruit possible.
« Madame, ils ont 5 ans, vous n’avez pas eu 5 ans ? »
« Si, mais moi je savais me tenir ! »
« Madame, il suffit de regarder votre tronche pour imaginer que vous êtes parfaite » 
ALLER LES ENFANTS JE NE VOUS ENTENDS PAS ! FAITES DU BRUITTTT !
(Exit la vieille).

Arrive la séquence frisson : Le métro

Quand un groupe d’enfants en sortie scolaire pénètre dans le métro, les accompagnateurs se transforment en une sorte de brochette de supers héros indescriptibles, capables de déployer n’importe quels supers pouvoirs pour ne pas perdre leur progéniture. D’ailleurs à ce stade, l’accompagnateur ne gère QUE ses gosses dédiés. Il s’en fout un peu des gosses dédiés aux autres parents présents. Chacun sa merde !

Forcément, la maîtresse trouve beaucoup plus pratique de nous fourguer 29 tickets de métro à poinçonner (faudrait pas se faire contrôler, ce serait ballot ! ) plutôt que de s’être renseignée au préalable si on pouvait pas bénéficier d’un billet groupé et de passer par la porte handicapée (oui avec 29 gosses, on peut se considérer comme handicapés !) ce qui aurait évité aux 29 gosses de passer au tourniquet, accessoirement de se le prendre dans les gencives en ne poussant pas assez fort, et de se recevoir la foudre des 2 563 322 555 personnes qui aimeraient juste passer par l’un des 2 tourniquets disponibles sur les 15 présents ( la RATP se tire la bourre avec la poste en matière de matériel inutilisable )

Nous réussissons quand même à arriver à destination, après avoir pris le chemin des écoliers (HA HA HA, elle est bonne celle là …) car la maîtresse, complètement paumée sur le site, ne comprend visiblement pas qu’il faut d’abord traverser un centre commercial et puis après entrer dans le musée.

C’est à partir de ce moment là que les choses se compliquent …

Première journée de chaleur attendue à Paris, 28 degrés en extérieur, une clim moisie à l’intérieur, 29 gosses déjà épuisés par des conditions de transports que l’on n’infligerait pas à du bétail, et pas une bouteille d’eau de prévue par la maîtresse, ni même un arrêt pipi.

«Non Victor, tu n’y penses pas car tu te fais du mal,  si tu as soif tu arrêtes d’y penser et tu n’auras plus soif ! »

HA D’ACCORD ! (Et si moi j’arrête de penser à ma cellulite, est ce qu’elle va disparaître dites, Madame la maîtresse ???)

Un sketch ! J'ai l'impression d'être dans un sketch de Roland Magdane !

Mutinerie des parents qui décident d’emmener les enfants se rafraîchir et se soulager. Faut quand même pas pousser. Entre temps la maîtresse frôle la crise d’apoplexie car son téléphone portable 1ère génération ne capte pas à l’intérieur du Louvre (Nokia 3310 ?!) et la conférencière qui nous attend ne donne pas signe de vie ! MAIS POURQUOI !?

Arrivés devant les statues grecques, c’est enfin le temps de l’accalmie (enfin façon de parler) car la maitresse continue de tourner en rond et nous aussi  (ça nous l’avons malheureusement compris qu’après l’avoir suivie !!) pour trouver du réseau. Une pause est donc décidée à quelques mètres de la Vénus de Milo (je tente un « Pas de bras, pas de chocolats » auprès des gamins mais ils sont plus réceptifs au désormais non moins célèbre « t’as pas d’amis, prends un curly » qui sera une variante. La Vénus de Milo n’avait donc plus d’amis).

La conférencière se permet donc le luxe d’arriver avec une demi heure de retard pour finir par  déplacer les gamins d’environ 5 mètres devant une statue d’Aphrodite, au milieu des groupes, du brouhaha incessant, de la chaleur, des touristes qui visitent ce site avec autant d’intérêt et de respect qu’une usine de recyclage du plutonium. FUCK !

Là j’ai juste envie d’avaler une demi boîte de doliprane. Ou de faire  fumer un bon gros pétard à la maîtresse, histoire que l’atmosphère soit quand même un peu moins infernale, les trois quarts des gosses ne sont pas réceptifs, la conférencière est à peine audible, on est au cœur d’une étuve. Mais qu’est ce que je fous là ?

Ascenseur, premier étage, on va jeter un œil à des toutes petits choses qui se trouvent dans des vitrines très fragiles.

Arrivée devant une série de petits objets, la Conférencière se lance sur une explication très détaillée et minutieuse de leur utilité. Donc sur la totalité des antiquités Grecques exposées au sein du Louvre, cette Dame ne trouve rien de mieux que de centrer son discours sur une dinette (oui, oui, une dinette !) appartenant à une petite fille morte très jeune et qui a été enterrée avec, car les grecs, à l’instar des égyptiens, adoraient enterrer leurs défunts accompagnés de leurs objets fétiches, afin que ceux – ci puisse s’en resservir dans l’au-delà.
« Vous voyez, la petite fille s’en est bien servie de sa dinette avant de mourir, et ses parents, ont voulu qu’elle soit mise dans sont cercueil avec elle, comme ça même morte elle pourrait jouer à la dinette ».

Et sinon, le prochain arrêt ? C’est un truc sur les enfants sacrifiés ? Ou bien une version hardcore du petit poucet ? Un cataclysme ?
Ma fille m’en parle encore deux jours après. Elle qui n’est pas choquée une seule seconde par mes photos et mes visites de cimetière, ressort traumatisée du discours de cette nana qui n’a pas su se mettre une seule seconde à la place de ces 29 enfants et leur a servi brut de décoffrage une expérience de la mort complètement irrationnelle.

Fin de la visite (donc en recomptant ça nous fait 1h30 de transport aller -et autant de retour- pour 40 minutes de conférence ! Youpi ! ) la maîtresse décide de rentrer illico. 
Seconde mutinerie (virulente) des parents et arrêt de nouveau imposé pour boire et faire un pipi. La vingtaine de touristes féminines faisant la queue aux toilettes depuis 3 plombes manque de nous égorger quand elles nous voient passer devant elles. On s’en fout, on ne comprend pas les insultes en Mandarin, ni en Pendjabi de l’Est. NAMASTE !

Retour dans l’autre sens, même équipe, même punition, les gosses complètement épuisés, un peu plus calmes au vu de l’état de leurs batteries. L’arrivée à l’école se fait une demi-heure plus tard que prévue, la Maîtresse mettra deux semaines pour s’en remettre, le temps de changer éventuellement de portable et de se préparer mentalement à la dernière sortie scolaire de l’année, qui se déroulera sur une journée entière avec pique-nique et déplacement en autocar.

J’en rêve déjà …


#Prozac