mercredi 5 décembre 2012

Antibiotique Ta Mère


Se réveiller un mercredi matin de décembre avec 39 de fièvre, le nez qui coule version tsunami et les yeux aussi frétillants que ceux d'une tête de veau sur l'étal de la Boucherie Centrale Rue de Lévi, c'est comme qui dirait le rêve de toute mère de famille.

Oui, le rêve, la promesse malgré tout d'une journée heureuse, douce et paisible, bercée par les activités extrascolaires, les devoirs, les petits gâteaux qui mitonnent au four et les ateliers pâte à sel pour oublier le froid et les jours qui ont raccourci.

Bon, la version au dessus là,  c'est dans je ne sais quel blog à la con de #supermamanaupouvoir , mais pas chez moi en tous cas.

Ce matin je me suis donc réveillée comme une pov'fille, l'oeil pleurant et hagard, comme si j'avais été rouée de coup, fébrile et fiévreuse, en totale apnée, bref, bonne à jeter à la casse et sans aucune prime de reprise !

Et là, bizarrement, les premiers mots qui me viennent à l'esprit sont donc "merde, c'est mercredi !".

Après m'être nonchalamment traînée dans la salle de bain pour constater l'étendue des dégâts ( note pour plus tard, la crème" prodigieuse, anti-stress et re-densifiante chépasquoi" de Nuxe, ça marche pas sur les tronches explosées comme la mienne ) je réussissais quand même  à retrouver ( temporairement ) une mine présentable pour accueillir le toubib de SOS médecins. 

Bizarrement, les putois avaient décidé de ne pas trop broncher ce matin, faut dire que d'avoir vu ma tronche au réveil, cela semblait suffisant pour les calmer "Ok maman, on est sympa avec toi"... (#mercredicompassion).

Alors SOS médecin c'est quand même tout un poème. Depuis que je vis dans la Capitale, je n'ai pas réussi à trouver un seul médecin généraliste qui vaille vraiment le coup.  J'ai bien sûr toute une panoplie attitrée d'ophtalmo, dentiste, gynéco, dermato, et autres spécialistes à 90 euros la consultation, mais un bon généraliste, dispo, efficace, qui te fasse pas poireauter  une heure et demi en salle d'attente et te prenne le jour ou justement t'es complètement à l'ouest pour une saleté de rhume qui est venu te surprendre en pleine nuit ! Ben non, j'en connais aucun. Du coup SOS médecin reste pour moi la solution la plus pratique et une sorte de "meilleur rapport qualité prix".

Encore que côté qualité j'ai quand même eu à faire à des phénomènes.

  • Il y a le toubib appelé le week end pour une urgence assez conséquente et qui prescrit le seul médoc qui était contre-indiqué (et dont on aura connaissance de la bourde une fois arrivée au urgences de l'hôpital 24 heures après pour aggravation de l'état général).
  • Il y a le toubib qui s'incruste et qui serait pas contre taper la discut' et un bon café.
  • Il y a le toubib qui peut pas blairer un chat/gosse/TV/femme (entourer la bonne réponse)
  • Il y a le toubib qui préfère te prescrire tout ce qui est possible d'être prescrit, avec radios et scanner si possible, on sait jamais "je voudrai pas passer à coté d'une infection" (bon !)
  • Il y a le toubib qui refuse de monter les 8 étages à pieds sous prétexte qu'il a autre chose à foutre.
  • Il y a le toubib qui semble avoir le même age que mon fils aîné et là, c'est moi qui lui dicte son ordonnance !
Et enfin il y a le toubib chiant.

C'est donc sur la version chiante que je suis tombée aujourd'hui. 

Après m'avoir brièvement auscultée et farfouillé le fond de la gorge, le gars m'annonce un rhume ( Combien d'année de médecine mon gars ? ) Bon ok d'accord, mais j'ai quand même les sinus explosés, les yeux qui coulent en permanence, 39 de fièvre depuis 3 jours et le nez et les oreilles bouchées, la rate qui s'dilate, le foie qui est pas droit, le ventre qui se rentre, le pylore qui s'colore etc ...

"Oui mais tout ça c'est viral ! "

Haaaaaaa ! Le mot de merde qu'affectionnent tous les médecins : c'est VIRAL ! Quand un toubib lâche ça, on dirait qu'il te dit en gros "fermez là, vous n'avez plus rien à dire".

Mais là perso mon gars, j'en ai strictement rien à foutre que ce soit viral, infectieux ou que ça provienne d'un mélange entre le H1N1 et la grippe occidentale du fin fond du Zimbabwé, je veux juste être sur pieds pour demain, hein ? Non parce que si tu me soignes pas là, tout de SUITE, je te ligotte pour la journée et c'est avec toi en guise de Totem que mes gosses vont s'amuser tout au long de leur mercredi ? Les petits indiens ? Tu connais ?

Devant mon air un peu insistant, Monsieur Toubibchiant daignait finalement me prescrire des antibiotiques.
"Oui .. Mais ça va vous servir à rien, vous allez rester comme ça pendant 15 jours de toutes façons". ( Donc en gros gars, tu me prescris des trucs qui vont me servir à rien, mais ça a pas l'air de te déranger sur le principe ! ).

M'EN FOUS ! Je prends le risque de m'intoxiquer aux antibiotiques si ça peut juste me faire lever le nez de mon lit, et retrouver un semblant d'air glamour, je suis prête à sacrifier les derniers anticorps qui me restent en contrepartie d'une guérison rapide.

Et là le gars finit par lâcher son ordonnance criblée d'amoxiciline et autre cochonneries chimiques qui accompagnent le truc. Merci, Docteur, au revoir, à la semaine prochaine !

Donc encore un qui a voulu me faire le coup des "Antibiotiques c'est pas automatique".

Je me suis toujours demandée quel était l'abruti qui avait pu sortir cette phrase à la con ? 
Probablement encore un mec qui n'a jamais eu à garder ses gosses tout un mercredi durant avec 39 de fièvre et le nez comme une patate !.

Pourquoi dans ce cas là, les toubibs, devant un cas qu'il considèrent comme "viral", ne refusent pas catégoriquement la prescription d'antibios. Enfin,  soi c'est pas efficace et dans ce cas là ok on en prend pas, soi ça peut l'être et dans ce cas là je vois pas où est le problème de tenter. Mais faut arrêter de nous faire croire que c'est tellement plus efficace de rester 15 jours à se taper un rhume de merde et un nez bouché alors qu'en 48h avec 4 doses de Chlamoxyl, on est déjà sur pieds !

En attendant des jours meilleurs, et des yeux un peu moins bovins,  je m'en vais tenter l'expérience Grog. 

#kasayémisyéBobo



dimanche 2 décembre 2012

Aberration Nationale ...




Mon fils est en 6ème dans un collège de merde.
A quoi reconnaît – on un collège de merde me direz vous ?

Grosso modo, un collège de merde pour moi c’est :
  • Un collège où la Principale adjointe passe le plus clair de son temps à dissoudre les attroupements de plus de 3 personnes aux alentours de l’entrée. 
  • Un collège où 90% des parents d’enfants qui y étaient destinés ont réussi à choper une dérogation parce que c’était tout bonnement pas envisageable pour eux d’y faire entrer leurs gosses.
  • Un collège où  les élèves, après avoir merdé,  refusent de s’excuser parce que leurs profs sont des femmes.
  • Un collège où le gardien s’est fait tabasser par des élèves pour avoir pris la défense d’une surveillante  qui se faisait  un peu trop « solliciter ».
  • Un collège ou le taux de réussite au brevet est de  60% …

J’ai donc pas eu d’autre choix que de mettre mon fils dans ce collège, n’ayant pas réussi à choper une dérog par je ne sais quel subterfuge hallucinant, piston exceptionnel ou harcèlement non stop de Proviseur et n’étant pas assez riche pour devenir propriétaire d’un cinq pièces Place des Grands Hommes.

Quand je regarde les statistiques de cet établissement je ne peux que redouter que le pire se produise pour mon fils : croiser le chemin des mauvaises personnes.

Pourtant, dans cet environnement  je m’y sens curieusement plus à l’aise que celui des beaux quartiers et de l’enseignement privé. Ayant grandit dans une cité, les conventions et le protocole, c’est très peu pour moi. Je n’aurai certainement pas survécu dans un collège truffé de serres têtes velours et de mocassins à pompons bleu marine.  Ni même de bobos gauchisant, hurlant la mixité culturelle et le bonheur de vivre dans un quartier populaire, mais se gardant bien de mettre un pied dans la Goutte d’Or pour préférer le haut de Montmartre. Oui le populaire ça va un peu mais pas trop quand même, faut pas déconner !
L’autre visage du ghetto …

Oui c’est cliché, mais c’est tellement vrai après tout.

C’est d’ailleurs ces mêmes mocassins ou un genre de carré Hermès  qui fait office de personnel dirigeant et que je me plais à observer devant la grille du collège de mon fils ce jour là, un début d’après midi où je viens récupérer le téléphone qu’il s’est fait confisquer par le CPE, un peu trop abusivement à mon goût.

Observer le personnel de l’éducation nationale en situation, face à des élèves de quartiers définis comme «défavorisés», c’est juste jubilatoire. A plus forte raison quand on voit la directrice adjointe, perchée sur ses Stilletos et engoncée dans son tailleur bon marché imitation Chanel, essayer d’avoir une quelconque crédibilité en demandant les carnets aux retardataires. Les élèves ne prennent même pas la peine de la regarder ni de l’écouter, ils continuent de se parler entre eux comme si elle n’était pas là en attendant qu’elle ait fini son speech. Rien à cirer d’une nana qui ne respecte visiblement pas leurs codes et qui n’a aucun rapport avec leur monde.
Elle ne prend même pas la peine de s’adresser à eux de façon simple, elle ne fait que leur brailler dessus. Leur vociférer un « rappelles moi les règles » si  pathétique que les élèves n’y prêtent même plus aucune attention.

Cette nana, on se demande même ce qu’elle a bien pu faire à sa hiérarchie pour atterrir dans un environnement pareil. Elle a dû être sacrément punie. Ou alors  une grosse connerie. Un truc de malade.

Alors je regarde cette tranche de vie au sein du collège, je vois ces briques rouges et ces vieux murs qui étaient en d’autres temps ceux d’une «Ecole de jeunes filles», je me dis que c’est  juste mal fait. Que l’hypocrisie des dérogs éloigne ces enfants favorisés qui pourraient, en nombre réglementaire, imposer leurs lois, les bonnes lois. Car l’équilibre serait alors retrouvé. La mixité sociale, ethnique, intellectuelle, la vraie.
Au lieu de cela, un ghetto dans le ghetto. Un mouroir intellectuel où les enfants, déjà victimes de leur environnement social et familial sont ici encore plus tirés vers le bas par le personnel encadrant. Des professeurs déprimés, désabusés, absents, sur la défensive, étonnés de voir une mère disponible, à l’écoute, et leur fournissant un élève poli, reposé, intéressé,  intelligent et respectueux. Un amalgame permanent, un laissez-aller manifeste, l’aigreur et la désillusion de l’équipe éducative qui ne voit plus les élèves comme des enfants mais comme des délinquants en puissance. La sensation permanente d’affrontement, de tension, de répression.
Ici on ne se réjouit pas. On y vient comme dans une prison. On y pénètre la tête baissée, résigné. On en sort un peu plus abruti à chaque fois. Avec l’espoir que ça s’arrangera un peu la fois prochaine. Illusion.

Une machine à transformer les bons en mauvais.

Bienvenue au Collège mon Fils, bienvenue dans l’Aberration Nationale.