samedi 17 novembre 2012

"Mariage pour tous" ou le droit à l'évidence ...




Hier après midi se tenait dans les rues de Paris une manifestation "Anti mariage pour tous".
Comme son nom l'indique, les protagonistes de cette petite sauterie se voulaient assez réfractaires à l'idée d'union civile entre personnes du même sexe.

C'est en me penchant sur ma TL (Twitter List pour les non-initiés) que je me suis aperçue à quel point l'opinion pouvait être scindée (clairement on est pour ou on est contre)  et partait un peu dans n'importe quel sens en oubliant au final de se recentrer sur la motivation première de ce projet de loi  : l'égalité des droits civiques (et spécifiquement des droits parentaux) entre personnes de même sexe ou de sexe opposé.

On obtient donc une manifestation de 100 000 personnes,  toutes grandes villes de France confondues, (au dire des journalistes - source Les Echos) venues montrer leur opposition farouche à ce projet de loi, et une agitation assez manifeste de la planète Twitter en réponse ou en soutien à ces militants.

Sur Libération.fr du 17 novembre on peut lire  : Dans un communiqué à l’AFP, Najat Vallaud-Belkacem a souhaité que le débat continue d'être «mené sereinement» sur le projet de loi du «mariage pour tous» ouvrant mariage et adoption aux couples homosexuels, qu’elle considère comme «un progrès pour tous» permettant à ses yeux à la France de retrouver «sa place dans la marche pour les libertés fondamentales et pour l'égalité des droits». 

Ce soir alors que je cuisinais tranquillement un gâteau d'anniversaire pour un de mes chats (cherchez pas à comprendre ...) j'écoutais d'une oreille le témoignage d'une jeune femme lesbienne invitée sur le plateau de Thierry Ardisson.
Celle - ci expliquait son désarroi et l'absence quasi totale de législation quand à l'état de parent au sein d'un couple homosexuel. Sa compagne ayant été se faire inséminer à l'étranger, elles se sont retrouvées "MamanS" de jumeaux et les femmes les plus heureuses du monde jusqu'à ce que son amie décide de rompre pour partir avec une autre femme (et embarquant avec elle les enfants en refusant par la suite tout droit de visite). 
N'ayant pas le statut de mère puisqu'elle n'avait pas porté les jumeaux, elle s'est donc retrouvée sans rien. Sans droits, sans possibilité de visite, sans aucun recours jusqu'à ce qu'un juge veuille bien lui accorder un droit de visite  mensuel. Cette femme avait donc projeté ces enfants, vécu la grossesse en compagnie de sa compagne et s'est retrouvée comme dépossédée du droit d'aimer ces enfants, du jour au lendemain. Situation qui se serait passée forcément autrement si les enfants avaient pu être reconnus par deux personnes comme c'est le cas pour un couple hétérosexuel. 

Oui mais voilà, comment peut-on reconnaître de façon légale un enfant qui est désiré par deux femmes mais porté par une seule ?

En matière de filiation ou de reconnaissance, voici ce que l'on peut trouver sur  Service Public.fr :

La filiation d'un enfant de parents mariés est automatique. Ceux-ci n'ont pas besoin de procéder à une reconnaissance et n'ont aucune démarche à effectuer pour établir la filiation de leur enfant.

Lorsque les parents ne sont pas mariés entre eux, la filiation s'établit différemment à l'égard du père et de la mère.
La filiation maternelle est automatiquement établie dès lors que le nom de la mère figure dans l'acte de naissance, alors que la filiation paternelle suppose une démarche de la part du père : il doit reconnaître son enfant.
La reconnaissance du père peut se faire avant la naissance, lors de la déclaration de naissance et ultérieurement.
On peut donc largement considérer que ce n'est pas de simples droits qu'il faut commencer à changer, mais bel et bien toute une société. Tout un code civil, tous les bouquins, les définitions, les formulaires, les livrets de famille. TOUT ! Absolument tout est à revoir pour une refonte totale des mentalités et une évolution vers ce progrès dont nous parle plus haut Madame Vallaud-Belkacem.

Oui mais ...

Comment changer toute une société alors qu'on constate que jusqu'en 1990, l'homosexualité était encore  inscrite au titre des maladies mentale sur la liste de l'OMS ?

Comment changer une société et surtout faire miroiter à toute une population la possibilité d'un changement aussi conséquent alors que l'homosexualité, la parentalité homosexuelle et les différents modes de conceptions, de procréation  ne sont pas tous listés et détaillés au sein des manuels de SVT, enseignés dans les classes de nos enfants au même titre que n'importe quelle science naturelle. Comment les mentalités peuvent évoluer si les enfants d'aujourd'hui grandissent avec l'idée que le mariage entre hétérosexuels est la seule institution qui puisse aboutir à la création d'une famille.

Comment changer une société alors qu'on voit défiler dans la rue, aux cotés de sympathisants du Front National,  des hordes de jupes écossaises, serres-têtes velours et duffle-coat, brandissant des drapeaux "un enfant c'est un papa et une maman", prônant l'amour le partage et la bonté. Mais ayant manifestement oublié la tolérance, et simplement l'évidence, l'humain. 

De nos jours, en 2013, la notion de couple homosexuel ne devrait même pas être évoquée mais bel et bien intégrée dans les mentalités au même titre que l'hétérosexualité.

Il y a peu de temps, un ami de mon fils est venu jouer à la maison un après midi.
Mon fils me parlait de ce copain très souvent, me disant qu'il était nouveau, qu'il avait pas trop de copains et trouvant nécessaire d'ajouter : "tu sais maman, Julien il a un papa et deux mamans".

Je lui expliquais gentiment qu'il n'était pas possible biologiquement d'avoir un papa et deux mamans mais qu'une femme pouvait avoir eu un enfant (du papa en question) et vivre désormais avec une femme.

Au cours de son après midi passée avec nous, le petit Julien essayait par tous les moyens de recentrer la conversation sur ses "deux mamans". Comme s'il lui était nécessaire de poser la situation pour qu'elle apparaisse établie, banale à nos yeux. 

Je lui demandais alors par curiosité pourquoi il utilisait ce terme de "deux mamans" alors qu'il devait savoir qu'on ne peut avoir qu'une seule maman d'un point de vue biologique et que la personne qui vivait avec sa mère était tout simplement sa compagne, puisqu'il avait un papa qu'il voyait un week-end sur deux et la moitié des vacances.

En m'entendant prononcer ces paroles, Julien se retrouva un peu perplexe puis constatant que je lui évoquais le sujet avec une simplicité désarmante, se reprit immédiatement en me disant "oui, vous avez raison" puis trouva opportun de préciser que, c'était logique,  si sa mère venait à mourir, il irait vivre chez son père (!)

Etrange et complexe lucidité d'un petit bonhomme de 10 ans qui avait probablement tout compris mais qui évoluait au sein de mentalités qu'il estimait encore bien bétonnées. Il lui fallait les tester pour se sentir en milieu serein. Forcément.

Un sujet qui ne laisse personne indifférent.

Un beau et louable projet de Monsieur Hollande qui en voulant glaner des voix a peut être mis la barre un peu haut. Le chantier est conséquent Monsieur le Président et malheureusement,  vous n'avez pas l'air d'avoir la carrure du maître d'oeuvre adéquat.

En attendant, continuons donc de défendre un seul et unique droit : celui de l'évidence.


2 commentaires:

  1. Personnellement, je ne sais absolument pas quoi penser de tout ça - en même temps, on s'en fout un peu de mon avis, je suis bien d'accord -.
    Mais je me demande juste : dans un pays où on fait des lois sur tout tout le temps, n'est-il pas possible d'inventer une moi qui permette de reconnaître un enfant, de manière à le protéger et à assurer à ses deux parents un statut égal sans nécessairement toucher au mariage ?

    RépondreSupprimer
  2. EH oui, c'est bien là le problème. Il y a amalgame entre mariage, statut juridique, religion, sexe, etc etc ... Avec au milieu des enfants qui souffrent et qui n'ont rien demandé. Il faut repartir du début et comme tu le dis si bien légiférer en faveur du bien être des enfants. Mais dans cette société, on oublie un peu trop souvent le bon sens et le bien être !

    RépondreSupprimer