jeudi 7 novembre 2013

Gravity, la face cachée du néant !



Attendu comme le film de l’année ( du mois ? de la semaine ? ) Gravity n’était pas encore sorti sur les écrans français que la presse le portait déjà au top 5 des réalisations de ces 30 dernières années, faisant ainsi avancer le 7ème art, au même titre que Jurassik Park ou je ne sais quel autre film ( je n’ai pas retenu toutes les critiques et j’avais mal au crâne ).

Avec la farouche volonté de ne pas mourir complètement idiote et refoulant dans leurs plus lointaines contrées mes préjugés sur les films de l’espace, je me rendais à l’évidence : je devais voir ce film ! Un film encensé par la quasi-totalité de la presse (spécialisée ou pas) ne pouvait que produire son petit effet (positif) sur un cerveau fatigué, à tendance amibesque (le mien en l’occurrence, en pleine période de vacances scolaires. Courage, oui courage, c’était bientôt la rentrée …).

Comme toute bonne spectatrice, il me fallait recharger en coca zéro et en pop corn sucré XXL pour affronter l’expérience cinématographique la plus incroyable du moment.
Parée j’étais.

Alors, comment vous dire, comment vous avouer que cette expérience intersidérale ne réussit en aucun point à me convaincre ? Mais alors pas du tout ! Comment exposer puis défendre un point de vue sur un ressenti personnel quand 85% du genre humain n’est pas franchement d’accord avec vous et s’obstine à penser que le monde là, tout de suite, ne pouvait se résumer qu’en une seule équipe : la TEAM GRAVITY !

GRAVITY EST UN FILM EXCEPTIONNEL, extraordinaire, formidable, révolutionnaire de technique, magique, intense, profond, humain ( j’en ai sans doute oublié quelques uns ).

Etait-ce mon coté de quarantenaire aigrie et blasée qui prenait le dessus ou tout simplement une évocation lambda d’un état de fait : non ce film ne m’avait pas transcendé, du moins pas à la hauteur des critiques que j’avais pu lire.

Passée la pureté des images et les effets spéciaux à couper le souffle ( soyons objectifs ), il n’y avait rien.
Rien qu’il soit possible de puiser. Une inconsistance massive.
Un jeu d’acteur vu et revu. Le gentil commandant  macho qui fait des blagues à deux balles, qui sait garder son self control dans la situation la plus absurde (se balader en fauteuil à propulsion et remorquant une pauvre  nana en panique au beau milieu de l’espace). Le sacrifice inévitable de Monsieur car il faut que la femme vive ! (Déjà , là on se doute bien que la fin sera -ATTENTION SPOILER- heureuse ! Ben oui franchement ! Ce type va pas se sacrifier pour rien non plus, sinon il l’aurait laissée dans l’espace cette gourdasse, et il se serait barré direct vers le satellite sans plus tarder parce qu’au final tout ce beau bordel c’est quand même de sa faute à elle !)

Si elle avait daigné bouger son séant au moment où on le lui demandait, ils ne se seraient pas tous retrouvés comme des ronds de flan à slalomer entre les morceaux de satellites !

On se retrouve alors spectateur d’une gigantesque partie de saute mouton entre le Docteur Ryan Stone et les stations spatiales réduites à l’état de vaisseaux  fantômes ( oui elle s’appelle Ryan mais c’est une femme, même si elle a un prénom de mec car « on attendait un garçon dans sa famille » et c’est à peu près tout ce que l’on saura de sa vie personnelle, sinon qu’elle avait une gamine et qu’elle n’en a plus : perdre son enfant à l’âge de 4 ans ça vous pousse forcément à embrasser une carrière d’astronaute histoire d’aller voir ailleurs si le restant de la galaxie est moins pourri que le plancher des vaches).

Un arrêt spectaculaire sur le corps de la dame en apesanteur qui nous fait agréablement profiter de sa plastique parfaite (la cinquantaine flamboyante ! Le botox également) c’est à ce moment précis que l’on apprend qu’une astronaute est en sous vêtements sous sa combinaison ! HA D’ACCORD !

Et que je te balance une petite position fœtale bien orchestrée pour situer le contexte (facile en même temps la position fœtale en apesanteur !) et que je te filme la dame de derrière, histoire de bien profiter de la vue sur des cuisses aussi bétonnées que la Costa Brava.

Après une succession d’emmerdes assez conséquentes (incendie, réparation et démarrage foirés pour cause de parachute récalcitrant) l’héroïne s’épuise et finit par se laisser aller, après tout, elle aura beau hurler, y’a pas grand monde qui l’entend au fin fond de son satellite pourri !

Le salaire de Monsieur Clooney nécessitant probablement un temps d’image minimum, il refait surface, sorti de nulle part et on y croit presque jusqu’au moment où l’on comprend qu’elle est en plein délire, à mi chemin entre le rêve et le cauchemar (oui, avouons le, ça doit franchement être cauchemardesque de vivre de tels instants).

Bref, elle finit par se rendre compte que c’est pas tout ça mais qu’il faudrait quand même rentrer pour l’heure de l’apéro et Ô lumineuse idée, un extincteur va l’y aider ! Oui les amis, on a toujours besoin d’un extincteur à proximité quand on est astronaute, ça peut faire effet de propulseur de l’espace ! Le Docteur Ryan Stone était en fait la petite sœur cachée de Mac Gyver. Bon.

Le dernier grand saut, la station chinoise atteinte, elle réussit à démarrer l’engin avec un tableau de bord  totalement rédigé en … chinois (de fait ! Car en plus d’être astronaute, elle lit parfaitement le chinois !) la capsule arrive par on ne sait quel miracle à se détacher puis se diriger vers la terre,  traverser  les couches de gaz successives dans un embrasement façon barbecue party pour atterrir au beau milieu d’un endroit qui ressemble à une rizière (la logique asiatique !)! Non sans un certain mal d’ailleurs parce qu’elle manque quand même de finir noyée dans sa capsule (c’est ballot) ! Cocotte, tu te les cherches aussi, tu aurais pu attendre un peu avant d’ouvrir le bidule.

Retour sur la plastique irréprochable de Sandra Bullock. Le brushing assez préservé et quelques minuscules égratignures. C’est une femme debout, entière, victorieuse, alelluïa ! Dieu bénisse l’Amérique !

J’imagine déjà les cris horrifiés de la Team Gravity ! Comment peut-on descendre ce film qui n’est que pur chef d’œuvre ?! Comment oser ?

On a récemment décrété que ne n’avais pas apprécié le film pour la bonne et simple raison que je ne m’étais pas laissé porter pas son univers.

Au-delà des effets spéciaux et de toute la réalisation qui mérite d’être largement récompensée et applaudie (on a vraiment l’impression d’être avec eux dans l’espace, à plus forte raison  grâce à la 3D qui nous fait virevolter des éclats de satellite de part et d’autre de l’écran ! ) je n’ai tout simplement pas eue l’envie de me laisser porter par la vacuité de l’histoire en elle-même. Un scénario banal. Une histoire banale. Ou plutôt la volonté du réalisateur de nous projeter dans l’histoire extraordinaire d’une femme ordinaire. On s’accroche à son fauteuil en se demandant si cette pauvre nana va réussir à s’en sortir et on n’arrive même pas à imaginer combien l’angoisse dans laquelle elle est plongée doit être conséquente.

Car Gravity est un film d’angoisse. Ce n’est pas un film sur l’espace, sur la technologie spatiale américaine, ou sur la force d’une femme face à une situation presque inextricable ! Non ! Gravity est pire qu’un thriller psychologique. Ce film vous jette à la figure la pire angoisse existencielle, celle que l’être humain redoute depuis la nuit des temps : la solitude face à la mort ! On est comme étouffé à l’intérieur du film avec l’héroïne, on a envie de lui arracher son casque et respirer un bon coup avec elle.

Stone se débat avec frénésie telle un cafard qui souhaiterait s’échapper d’un bocal. Elle n’a qu’une chance infime de pouvoir sortir de ce bourbier et elle essaye coûte que coûte de la tenter. La mort est là, elle plane partout, essaye de la rattraper à chaque occasion mais se fait shooter à chaque reprise. En attendant on suffoque avec elle, on a envie de taper dans les parois du bocal de tout péter et de rentrer au plus vite respirer.

Quel être humain va aujourd’hui réfléchir à la précarité de son existence ? Quelle condition aussi improbable peut le mettre en face de cette réalité : la vie n’est qu’une succession de luttes interminables, ici bas ou dans l’espace (voir même surtout dans l’espace ! ) il faut sans cesse se battre contre tout, à commencer par soi-même.

Alors, certes, celles et ceux qui n’ont pas souvent l’occasion de regarder autour d’eux et de se dire « tiens, demain je serai peut être mort » verrons en Gravity un chef d’œuvre incommensurable où l’action et son incroyable dimension spirituelle nous renvoient à la nature même de notre condition de mortel.

Pour les autres comme moi qui se lèvent le matin en se demandant si cette journée ne sera pas la dernière, ils regarderont ce film en baillant. Oui tu vas mourir Stone. Mais l’instinct de survie étant le plus fort, t’es quand même un peu obligée de t’agiter avant des fois que, sinon c pas marrant (et surtout le film n’aurait aucun intérêt, déjà que le scénario est un peu encéphalo plat...) Tu vas mourir Stone, mais pas aujourd’hui ! N’oublions pas qu’on est dans un film avec deux (bons) acteurs américains et que l’un des deux est déjà cané en se sacrifiant dans d’atroces souffrances, donc faut pas déconner, on est là pour faire du politiquement correct !

L’idéal serait quand même de ne pas attendre des nanars de ce genre pour avoir des réflexions un peu plus approfondies sur le sujet. Sans tomber dans une morbidité outrancière, revenir régulièrement sur le coté éphémère de notre présence sur cette terre a le mérite de remettre quelques pendules à l’heure, ET dans notre comportement avec autrui, ET dans nos agissements personnels !

En résumé, et c’est un avis très PERSONNEL : n’y allez pas, c’est chiant comme la pluie.

Si vous voulez absolument voir un Clooney  affrontant la mort, louez-vous « The descendant », un film qui fait réfléchir sur la mort sans avoir besoin de se barrer à des milliers de kilomètres de la terre. Si vous voulez une bonne dose de Science-Fiction familiale et politiquement correct, ressortez Avengers ou pourquoi pas Armaggedon ! (histoire de se marrer au moins un peu avant de mourir quoi !? Non ?).



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