mercredi 18 janvier 2012

Le Freak, c'est chic !




La normalité m'ennuie.
Ce que j'appelle normalité est sans doute un mélange de quotidien et de conformisme, mais en vérité, je ne crois pas vraiment au concept de normalité car c'est un fait établi : personne n'a encore réussi à définir scientifiquement parlant la "normalité".

En psychopathologie, on distingue volontiers le normal par opposition à l'anormal. Concrètement : un comportement que l'on peut considérer comme anormal est un comportement nuisible à autrui, à sa liberté d'agir et de penser, à son intégrité physique ou psychologique.

Pourtant, quand je regarde bon nombre de personnes qui gravitent dans mon quotidien, j'ai souvent le sentiment qu'elles me considèrent comme une personne un peu dérangée, étrange, hors normes !

Bizarrement, je paye mon loyer, des impôts, je mange du camembert Président, j'adore faire des crêpes pour mes gosses le mercredi et je suis, en plus du couscous, la reine du Pot au Feu ( en fait, le secret c'est de laisser refroidir le pot au feu toute la nuit et de dégraisser le lendemain matin avec une cuillère à soupe les petits bouts de graisse qui ont refroidi, comme ça, ça garde le goût et c'est plus digeste ... ).

En dehors de la cuisine et du camembert, j'adore, entre autre, tout ce qui a un rapport avec les années 50, le kitsch et le Glamour, je voue un culte sans bornes à Betty Page, et, on finit par y venir, la mort (gloups !) est un de mes centres d'intérêt, avec les cimetières, le gothique, le surnaturel, l'ésotérique, le bizarre en général, les trucs morbides, le formol, les tatouages, les dragons,  les chaussettes de Tim Burton,  les films d'horreur et si une expo dégueu vient graviter dans le coin, on peut être quasi certain de m'y retrouver.

Forcément ça jette un froid.

Un des aspects le plus visible de cette personnalité qualifiée donc de "hors normes" est ma tenue vestimentaire. ("Ma fille, t'y es originale quand même hein ..." ). A mi chemin entre le Gothique/Psychobilly/Pin-up Fifties, j'estime que la vie est bien trop courte pour ne pas en faire un Halloween quotidien. D'ailleurs les Putois se prennent toujours de bonnes crises de rire quand ils me demandent de m'habiller "normalement" le jour d'Halloween.

Récemment j'ai accompagné Putois n°1 en sortie scolaire. Essayant de faire dans le soft, pour ne pas trop lui filer la honte, j'ai pas pu résister à l'envie de chausser mes Creepers, déjà parce que c'est suffisamment confortable pour cavaler dans le métro avec  vingt-cinq gamins surexcités, et puis parce qu'après tout je les adore ces pompes, donc je ne voulais pas bouder mon plaisir ! L'avantage de mon look en sortie scolaire, c'est qu'à la moindre remarque, les gosses ne bronchent plus, et continuent bien après de vous démontrer un certain respect en vous croisant dans le quartier, prêts à balbutier, la lèvre tremblante "c'est pas moi, M'dame, j'vous l'jure, j'ai rien fait !"

Hier aprèm, je rentrais tanquilou d'une escapade à Montmartre ( non sans être passée par le Starbuck de la Place Clichy ) quand je vis, Ô bonheur, que la boutique de fringues Métal/Gothique/US Army/Fripes située pas loin de chez moi, était ouverte. J'étais déjà passée plusieurs fois devant, mais sans y voir un signe d'activité manifeste.
Je m'arrêtais devant la vitrine où des robes Fifties attiraient mon attention, quand le vendeur qui se trouvait pas loin de la porte me demanda si j'étais pas à la dernière soirée Keller ? ( Euh ? Cékoiça ?)

"Mais oui la soirée Keller, dans le 9ème !" (ou un truc dans le genre, il faut dire que j'avais la playlist de l'iphone dans les écouteurs et Michel Legrand qui me hurlait au même moment "Tous les Moulinnnnns de mon coeuuuuuurrrrrr ....")
Donc non jeune homme, je n'étais pas à la soirée Keller, ni même à la soirée "Fetisch" ni à aucune autre soirée d'ailleurs, j'ai quatre putois et les soirées parisiennes quand Mamounette n'est pas là c'est juste un peu compromis !
Trop heureux d'être tombé sur un spécimen du style de sa vitrine, il enclencha la conversation sur le style années 50, le gothique, les magasins plus très présents à Paris, "ben oui, nous on travaille aussi en Belgique", les sites internet "c'est pratique mais on peut pas essayer"  blablabla,... Et devant mon allure pressée (l'heure des Mamans était sur le point de sonner), me fit promettre de revenir le voir dans la semaine pour que je puisse jeter un oeil à sa super collection de modèles années 50, la caverne d'Ali Baba quoi ! ( ce qui n'allait probablement pas arranger mon compte en banque ! )

Je repartis, mon Chaï Tea à la main,  amusée de cette parenthèse quelque peu surréaliste. J'avais bel et bien été identifiée comme faisant partie intégrante d'une communauté, et cela n'était pas sans me déplaire.

Adolescente tantôt rebelle, tantôt Mademoiselle, il fallut quelques alternances d'années, de looks, et une hausse progressive de mon pouvoir d'achat pour que je puisse évoluer au gré de mes envies et de mes goûts vestimentaires et arriver enfin à ce que je suis aujourd'hui : Moi !

Cette constante métamorphose ne s'étant pas faite sans une certaine progression, j'ai plusieurs fois eu à payer le prix de mon look. Un de mes souvenirs les plus amusants étant il y a une vingtaine d'années environ, en perfecto, Docs et coiffure coquée, alors que j'attendais seule au comptoir du magasin de pièces détachées de chez Piaggo pour acheter un anti-parasite neuf à mon Ciao, deux garçons sont entrés, m'ont dévisagée de la tête aux pieds et ont tourné les talons en lâchant bien fort "viens on se casse, ça pue le skin ici !" Ils n'avaient probablement pas du voir la petite étoile que j'avais autour du cou, forcément, c'était un peu plus loin que le bout de leur nez.

Le temps passe et les mentalités ne changent quasiment pas. Même si  il paraît que l'habit ne fait pas le moine, rares sont les personnes qui, si le packaging les dérange, s'attardent sans juger, et accessoirement condamner.
Depuis bien longtemps, c'est devenu un de mes jeux favoris. Pousser le sketch à son paroxysme et observer si je suis retenue pour revenir en  deuxième semaine : parents d'élèves, ex collègues de boulot, amis d'amis, voisins ... Une solution comme une autre pour faire son tri. Et surtout pour le faire de façon efficace.

Il y a quelques jours, d'un air rempli de connivence, Putois n°1 s'est approché de moi en me disant :

 - "Maman, Flora elle m'a demandé si t'étais une Gothique, je lui ai dit que oui !".
 - "Et alors, ça t'embête mon fils ?"
 - "Ben non ! Au contraire !"

#c'estbienlàl'essentiel ...

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