samedi 21 janvier 2012

Wattoo-Wattoo ...



Je ne voulais pas d'enfants.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, il y a une vingtaine d'année , je regardais les enfants de très loin en pensant que c'était une source d'ennui(s). Ils ne m'intéressaient pas.
D'ailleurs, une de mes indignations favorites était de beugler un gros "c'est du n'importe quoi" quand j'entendais à la TV ou à la radio une phrase du genre "on réclame la peine de mort pour les assassins d'enfants et de personnes âgées". Et la ménagère de moins de cinquante ans ? Elle se la met derrière l'oreille et elle se la fume  ??? Pffff ! j'te jure ...

Je ne voulais donc pas d'enfants. Pas de culture du bébé chez moi, pas de petite soeur, de petite cousine, pas de baby sitting, pas de fibre maternelle, pas de gouzi ni d'émerveillement. RIEN !

Et puis un jour, un petit chou en cagoule rouge m'a été présenté. Il avait alors 2 ans et des brouettes et je me suis retrouvée  en tête à tête avec lui un samedi sur deux et la moitié des vacances. Il fallait donc agir en conséquences. J'ai d'abord commencé par dévaliser les rayons pâte à modeler. Je me suis fournie en pâte à bulle ( j'en ai profité pour sniffer comme une malade ce tube magique qui me rappelait mon enfance, un truc de fou ! ), en machinbidule pour faire des bulles de savon, en marionnettes, en petites voitures, j'ai investi les rayons jouets des supermarchés, puis enchainé sur la Grande Récré, pour finir par le Saint Graal du jouet : Toys 'r Us.  C'était l'époque où ces quatre abominables créatures schizophrènes et tendancieuses avaient envahi mon écran de TV en poussant des "Gros câlinssssss"  des "Hé -Hoooooooooooooooo", à qui voulait bien les entendre : oui, vous les avez reconnus : LES TELETUBBIES : la bête noire de la mère de famille ! ( Loin devant Tchoupi, Dora et Oui-Oui ).

Outre l'équipement massif de doudous et autres figurines infernales, je devais également revoir mes classiques en matière de nourriture. Remplir le frigo de Dany au chocolat, de poissons panés, de crêpes Wahou, de Pom Potes et autres noms surréalistes que toutes les mères de famille connaissent si bien.

Des Samedis au Parc Monceau à faire des patés, des après-midi ciné pop-corn (à nous le sublime "Dinosaure" de Walt Disney, un des premiers dessins-animés réalisés en images de synthèses), et l'inconditionnelle virée chez Mickey, pas peu fiers de nous faire photographier tous les deux en compagnie de Mickey Mouse Himself. Nous étions rentrés épuisés de cette journée, lui ronflant comme un bienheureux dans son siège auto, moi sereine et satisfaite de ces moments partagés.

Du partage il y en a eu. J'ai vu grandir cet enfant et c'est probablement ce temps passé à ses côtés qui m'a donné envie d'agrandir cette famille.

De nos jours, avoir une famille nombreuse est presque un cliché, un cliché à la limite du négatif. Il m'est souvent arrivé de me promener en compagnie de la fine équipe au complet, et de récolter des sous entendus lourdingues quand à la facilité des allocations familiales.

Habiter en ville, à plus fortes raisons dans la capitale, n'est absolument pas compatible avec une famille nombreuse. En même temps à partir de combien d'enfants peut - on être considéré comme une famille nombreuse : la SNCF a tranché, c'est 3 !

Dernièrement, un ami m'a posé  une question qui n'était pas dénuée d'intérêt, à savoir si tous mes enfants avaient été "planifiés" ? Il n'y avait pour moi aucune conotation péjorative dans cette question. J'ai trouvé son interrogation vraiment pertinente, déjà parce que oui, effectivement 4 enfants est un chiffre assez conséquent pour la moyenne de notre pays ( et la moyenne de la capitale ! ), et parce que bien souvent, il ne faut pas se voiler la face, les familles exponentielles sont un peu le fruit du hasard. Des "accidents" comme se plaisent à dire certains parents, avec un large sourire,  qui ne se doutent pas une seconde de la portée de ce mot face à leur progéniture. Comment un enfant peut - il être un accident ?

Incontestablement, des quatre, il n'y en a pas un seul qui n'ait pas été désiré. Et, ironie du sort, c'est avec celui que je n'ai pas porté dans mon ventre que j'ai dû déployer le plus d'énergie, de désir, de volonté, et un amour aussi fort que s'il avait grandit en moi.

Trois garçons, une fille, c'est ...
  • Les toilettes toujours occupées
  • Une chambre rangée une heure par jour, un seul jour par semaine
  • Les Gormitis qui font des soirées mousse avec Barbie et Kitty dans la salle de bain
  • Les Zhu-Zhu Pets qui se mettent à brailler en pleine nuit
  • Les menus décidés le dimanche pour la semaine et qui partent en sucette dès le mardi midi
  • La bête noire des restaurateurs
  • Dire adieu au TGV car les 95% des voyageurs ne se souviennent plus que eux aussi ont probablement déjà vomi en train
  • Des après midi au Jardin des Plantes
  • Des journées virée au Touquet pour aller voir la mer
  • Des spectacles de fin d'année insupportables
  • La fin du repassage
  • La fin de l'idée même du repassage
  • La fin du pliage de linge à l'endroit
  • 2 machines à laver par jour, tous les jours
  • 10 litres de lait par semaine
...

C'est aussi se demander se qu'on foutait de nos journées quand on n'en avait pas ! Voire quand on en n'avait qu'un ( et demi ! Car je n'en ai jamais eu qu'un seul en fait !!!! )

Très facile de faire des enfants. Plus compliqué d'assurer ensuite.
Dernièrement, Putois n°1 me parlait d'un nouveau copain de classe. Je lui proposais de l'inviter à passer une après midi à la maison, j'avais déjà eu l'occasion de croiser la Maman aux réunions de début d'année. J'avais d'ailleurs dans l'idée que cette dame était nourrice car je la croisais chaque fois avec un gosse différent.

Je fis donc la connaissance de ce petit gamin qui sortait tout droit d'un ouvrage de la Comtesse de Ségur. Poli, souriant, bien tenu, le teint frais. Un enfant débordant de vie.
J'invitais la Maman à entrer, pour un moment citronnade/papotage, elle était accompagnée d'une petite bouille rouquinne de 18 mois, avec de grands yeux bleus et un sourire ravageur et d'un adorable loulou qui devait avoisiner les 6 ans.

La maman, gênée, hésitait à s'installer, elle ne voulait pas m'imposer ses enfants. Je la rassurai en lui racontant qu'ici, c'était justement LA maison des enfants, en prenant mon air d'ancienne combattante :
"Vous savez, j'en ai quatre, alors rien ne nous dérange ! Et vous, vous en avez combien ?".
" Huit".
" Ah ! Euh ... Un verre de citronnade peut être !?"

#petitejoueuseva !

2 commentaires:

  1. Encore un bien joli texte ;)
    Quelle belle déclaration au premier petit chou et aux suivants !

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  2. Excellente chute !
    Et très beau texte...

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