Avoir conçu un enfant, être en mesure de procréer, n’est
malheureusement pas synonyme de bons soins, bienveillance, amour et abnégation.
Précision non négligeable : on pourrait penser que le
premier enfant est toujours un peu là
pour «essuyer les plâtres» et qu’on fera forcément mieux au suivant.
NON ! Il y a des familles entières où les fratries sont
toutes en grande souffrance psychique, voire physique. Et si il est évident que les parents ont échoué au premier, ils ont quelque peu
redoublé d’efforts pour faire encore pire au second, voir au troisième.
Pourtant, c’est bien connu, il n’existe pas de parent parfait.
Bon alors ça déjà quand on a compris ce concept, on a abattu
50% du boulot qui nous était attribué.
Mais alors quelle est la frontière entre ce qui est bon de
faire, ce qui est fait, ce qui doit être fait ?
Forcément, on aura beau leur faire à bouffer bio, les
habiller en Bonpoint, les bombarder de cinq
activités périscolaires par semaine et s’appliquer devant eux à un parler irréprochable,
ceci ne sera pas pour autant gage d’une sphère parentale équilibrée et
suffisante pour aider l’enfant à acquérir tous les apprentissages qui lui sont
nécessaires et le voir gravir consciencieusement et une par une les étapes
majeures de son bon développement.
J’ai toujours été frappée de découvrir à quel point l’inconscience
parentale sévissait partout et dans tous les milieux sociaux-culturels.
Bien souvent, se faire qualifier d’inconscient prend une
tournure péjorative. La bonne (ou mauvaise) nouvelle est justement que ça l'est ! Ceci me fait bien rire ! La majorité des personnes qui
réagissent au quart de tour ne prennent même pas la peine de se repencher sur
le mot en lui-même ni même sur la situation qui en est à l'origine. Forcément, une personne qualifiée d’inconsciente ne peut qu’être
vexée d’être pointée du doigt pour une situation sur laquelle elle n’avait pas
pris le temps de se pencher.
Inconscient signifie littéralement ne pas être conscient de
quelque chose.
Mais comment moi «parent » (privilège suprême et être supérieur forcément…) puis-je faire preuve d’inconscience en ce qui
concerne mon enfant ? Cela n’a pas de sens, la logique veut que :
1 – C’est mon enfant
2 – Je l’aime
3 – Donc je sais ce qui est bon pour lui
Manque de bol c’est pas forcément comme ça que cela fonctionne
…
Arrêtons-nous quelques instants sur la notion de conscience.
La conscience se définit comme la perception plus ou moins
immédiate de tout ce qui nous entoure (d’un point de vue cognitif évidemment,
mais aussi biologique) et par extension, de tout ce qui peut découler de cette
perception :
« Je suis consciente que si je laisse mon gamin jouer
au foot sur la route, il risque de se faire faucher par une voiture, raison
pour laquelle je lui ai interdit d’aller jouer au ballon sur la route »
Situation (normale ! )= perception/conscience= déduction
Une personne inconsciente n’est donc, forcément pas
CONSCIENTE des répercussions biologiques, cognitives, émotionnelles et psychologique
qu’un état, une situation, une parole, peuvent engendrer.
Je n’ai quasiment aucune tolérance avec l’inconscience
parentale, celle si étant le plus souvent synonyme d'absence totale de bon sens.
L'inconscience parentale se rapproche, à mon sens, de la négligence
parentale, sous quelque forme que ce soit. Un enfant étant encore une fois
notre pur produit. Il est soumis à notre bon vouloir et nos agissements. Celui-ci
n’aura pas ou peu de jugement sur nos actes car tout ce qui proviendra de nous
pourra lui paraître comme normal. Il ne peut pas faire autrement que de se fier à nous pour ses agissements.
« Il est normal
pour un enfant d’aller à l’école seul à l’âge de 6 ans ».
Un enfant n’a physiologiquement parlant pas le même champ de
vision qu’un adulte et celui-ci n’est pas définitif avant l’âge de 10-12 ans
environ. Ils n’ont donc pas la même aptitude que nous à juger de la dangerosité
d’une route et n’estiment pas les distances à leur juste valeur. Ils risquent plus
facilement de se faire renverser en traversant au dernier moment.
« Il est normal
de laisser un enfant seul dans un appartement ou une maison le temps d’aller :
faire une course/les magasins/bosser … (liste non exhaustive) »
J’ai le souvenir d’une amie me racontant que sa voisine
avait laissé son fils de 10 ans s’occuper seul de son petit frère de 5 ans deux
journées durant parce qu’elle n’avait pas trouvé de mode de garde pendant les
vacances et qu’elle ne voulait pas s’absenter de son travail.
Faire porter à un enfant de 10 ans la responsabilité du bien
être et de la sécurité d’un enfant de 5 ans est une démonstration fulgurante de
l’inconscience parentale.
Hasard ? Ignorance ? Pleine conscience dépassée
par souci de confort et de flegmatisme ? L'inconscience parentale apparaît quelquefois lors de situations tellement surréalistes que c'est à se demander si les personnes ont été dotée d'un cerveau et de tous les composants qui vont avec.
Il n’en reste pas moins que le
résultat d’un état d'inconscience parentale peut très vite virer au drame. Les titres des
journaux télévisés nous rappellent un peu plus chaque jour cette triste
réalité.
Les rayons «éducation» des librairies regorgent d’ouvrages
ayant à quelque chose près le même titre «comment bien élever ses enfants ?
».
Curieusement, j’ai rarement vu d’ouvrage intitulé « être
vous prêts pour être des parents responsables, bienveillants, civilisés ? »
Pourtant, à en observer certains, et comme le fait remarquer
si judicieusement Terry Pratchett dans son oeuvre (Procrastination - Le Disque Monde – Editions l’Atalante
) "Parfois je me dis que
les gens devraient passer un véritable examen avant de pouvoir devenir des
parents. Pas seulement les travaux pratiques ..."
Avoir des enfants n’est ni un droit, ni un privilège.
Travaillons donc à notre pleine conscience de rester ou
devenir enfin des parents acceptables, avant d’espérer façonner des enfants
parfaits.