Je déteste les sorties scolaires.
Pas mécontente de terminer la
dernière année de maternelle de Putoite en Chef, je me dis que son année de CP sera moins
agitée.
Je n’ai jamais réussi à
comprendre cette ferveur quasi religieuse dont font preuve les maîtresses ( oui
je sais on dit professeurs des écoles, mais je m’en fous ) à vouloir trimballer
ces pauvres gosses à travers des musées bien trop compliqués pour eux et qui ne
retiennent pas la demi moitié de ce qu’ils ont vu durant une visite
interminable, fatigante, inutile.
Il était donc question d’aller
rendre visite aux antiquités grecques du Louvre.
Vingt neufs enfants entre 5 et 6
ans, encadrés par 7 adultes (le 8ème ayant déclaré forfait au
dernier moment, esprit éclairé !)
Alors, coté transports, l’Académie
de Paris n’a rien trouvé de mieux que de
faire se trimbaler ces pauvres gamins en bus et en métro. Ce qui me désole,
c’est d’imaginer que celui qui a pondu cette circulaire, n’a sans doute jamais
levé son cul de sa chaise et accompagné
vingt neufs gamins dans une sortie scolaire à travers Paris.
Vingt neufs enfants dans un bus
accordéon, à se tenir tant bien que mal entre deux secousses et coups de
freins.
Bien entendu, il y a toujours une
morue parmi les passagers présents qui vous demande de gérer les enfants de
façon à ce qu’ils fassent le moins de bruit possible.
« Madame, ils ont 5 ans, vous
n’avez pas eu 5 ans ? »
« Si, mais moi je savais me tenir ! »
« Madame, il suffit de
regarder votre tronche pour imaginer que vous êtes parfaite »
ALLER LES ENFANTS JE NE VOUS
ENTENDS PAS ! FAITES DU BRUITTTT !
(Exit la vieille).
Arrive la séquence frisson :
Le métro
Quand un groupe d’enfants en
sortie scolaire pénètre dans le métro, les accompagnateurs se transforment en
une sorte de brochette de supers héros indescriptibles, capables de déployer
n’importe quels supers pouvoirs pour ne pas perdre leur progéniture. D’ailleurs
à ce stade, l’accompagnateur ne gère QUE ses gosses dédiés. Il s’en fout un peu
des gosses dédiés aux autres parents présents. Chacun sa merde !
Forcément, la maîtresse trouve
beaucoup plus pratique de nous fourguer 29 tickets de métro à poinçonner
(faudrait pas se faire contrôler, ce serait ballot ! ) plutôt que de
s’être renseignée au préalable si on pouvait pas bénéficier d’un billet groupé
et de passer par la porte handicapée (oui avec 29 gosses, on peut se considérer comme handicapés !) ce qui aurait évité aux 29 gosses de passer au
tourniquet, accessoirement de se le prendre dans les gencives en ne poussant
pas assez fort, et de se recevoir la foudre des 2 563 322 555 personnes qui
aimeraient juste passer par l’un des 2 tourniquets disponibles sur les 15
présents ( la RATP se tire la bourre avec la poste en matière de matériel
inutilisable )
Nous réussissons quand même à arriver
à destination, après avoir pris le chemin des écoliers (HA HA HA, elle est
bonne celle là …) car la maîtresse, complètement paumée sur le site, ne
comprend visiblement pas qu’il faut d’abord traverser un centre commercial et
puis après entrer dans le musée.
C’est à partir de ce moment là
que les choses se compliquent …
Première journée de chaleur
attendue à Paris, 28 degrés en extérieur, une clim moisie à l’intérieur, 29
gosses déjà épuisés par des conditions de transports que l’on n’infligerait pas
à du bétail, et pas une bouteille d’eau de prévue par la maîtresse, ni même un
arrêt pipi.
«Non Victor, tu n’y penses pas
car tu te fais du mal, si tu as soif tu
arrêtes d’y penser et tu n’auras plus soif ! »
HA D’ACCORD ! (Et si moi
j’arrête de penser à ma cellulite, est ce qu’elle va disparaître dites, Madame
la maîtresse ???)
Un sketch ! J'ai l'impression d'être dans un sketch de Roland Magdane !
Mutinerie des parents qui
décident d’emmener les enfants se rafraîchir et se soulager. Faut quand même
pas pousser. Entre temps la maîtresse frôle la crise d’apoplexie car son
téléphone portable 1ère génération ne capte pas à l’intérieur du
Louvre (Nokia 3310 ?!) et la conférencière qui nous attend ne donne pas
signe de vie ! MAIS POURQUOI !?
Arrivés devant les statues
grecques, c’est enfin le temps de l’accalmie (enfin façon de parler) car la
maitresse continue de tourner en rond et nous aussi (ça nous l’avons malheureusement compris
qu’après l’avoir suivie !!) pour trouver du réseau. Une pause est donc
décidée à quelques mètres de la Vénus de Milo (je tente un « Pas de bras,
pas de chocolats » auprès des gamins mais ils sont plus réceptifs au
désormais non moins célèbre « t’as pas d’amis, prends un curly » qui
sera une variante. La Vénus de Milo n’avait donc plus d’amis).
La conférencière se permet donc
le luxe d’arriver avec une demi heure de retard pour finir par déplacer les gamins d’environ 5 mètres devant une statue
d’Aphrodite, au milieu des groupes, du brouhaha incessant, de la chaleur, des
touristes qui visitent ce site avec autant d’intérêt et de respect qu’une usine
de recyclage du plutonium. FUCK !
Là j’ai juste envie d’avaler une
demi boîte de doliprane. Ou de faire
fumer un bon gros pétard à la maîtresse, histoire que l’atmosphère soit
quand même un peu moins infernale, les trois quarts des gosses ne sont pas
réceptifs, la conférencière est à peine audible, on est au cœur d’une étuve.
Mais qu’est ce que je fous là ?
Ascenseur, premier étage, on va
jeter un œil à des toutes petits choses qui se trouvent dans des vitrines très
fragiles.
Arrivée devant une série de
petits objets, la Conférencière se lance sur une explication très détaillée et
minutieuse de leur utilité. Donc sur la totalité des antiquités Grecques
exposées au sein du Louvre, cette Dame ne trouve rien de mieux que de centrer
son discours sur une dinette (oui, oui, une dinette !) appartenant à une
petite fille morte très jeune et qui a été enterrée avec, car les grecs, à l’instar
des égyptiens, adoraient enterrer leurs défunts accompagnés de leurs objets
fétiches, afin que ceux – ci puisse s’en resservir dans l’au-delà.
« Vous voyez, la petite fille s’en est bien servie de sa dinette
avant de mourir, et ses parents, ont voulu qu’elle soit mise dans sont cercueil
avec elle, comme ça même morte elle pourrait jouer à la dinette ».
Et sinon, le prochain arrêt ?
C’est un truc sur les enfants sacrifiés ? Ou bien une version hardcore du
petit poucet ? Un cataclysme ?
Ma fille m’en parle encore deux
jours après. Elle qui n’est pas choquée une seule seconde par mes photos et mes
visites de cimetière, ressort traumatisée du discours de cette nana qui n’a pas
su se mettre une seule seconde à la place de ces 29 enfants et leur a servi
brut de décoffrage une expérience de la mort complètement irrationnelle.
Fin de la visite (donc en
recomptant ça nous fait 1h30 de transport aller -et autant de retour- pour 40
minutes de conférence ! Youpi ! ) la maîtresse décide de rentrer
illico.
Seconde mutinerie (virulente) des parents et
arrêt de nouveau imposé pour boire et faire un pipi. La vingtaine de touristes féminines faisant
la queue aux toilettes depuis 3 plombes manque de nous égorger quand elles nous
voient passer devant elles. On s’en fout, on ne comprend pas les insultes en Mandarin,
ni en Pendjabi de l’Est. NAMASTE !
Retour dans l’autre sens, même
équipe, même punition, les gosses complètement épuisés, un peu plus calmes au
vu de l’état de leurs batteries. L’arrivée à l’école se fait une demi-heure plus
tard que prévue, la Maîtresse mettra deux semaines pour s’en remettre, le temps
de changer éventuellement de portable et de se préparer mentalement à la
dernière sortie scolaire de l’année, qui se déroulera sur une journée entière
avec pique-nique et déplacement en autocar.
J’en rêve déjà …
#Prozac