Il y a quelques heures, alors que je surfais
nonchalamment, enchaînant les allers-retours entre Twitter et Facebook, je
m'arrêtais quelques instants sur le retweet d’un article évoquant un tag au Louvre Lens.
Poussée par la curiosité, j’ouvrai le lien et entrepris de lire ce qui allait immédiatement provoquer en moi des
nausées proches de l'un de mes premiers mois de grossesse, un de ceux où j’avais
envisagé d’inventorier chaque fêlure du fin fond de la cuvette de mes toilettes, tellement
j’y passais du temps.
Oui un truc qui fout
immédiatement la nausée. La révolte au fond du bide, l’envie de gueuler, de
frapper sur n'importe quoi ou n'importe qui version punching-ball pour se défouler, tellement ça nous
retourne les neurones et les sens.
Le picth est on ne peut plus
simple.
Ouverture du Louvre-Lens, «La
liberté guidant le peuple» est prêtée pour y être admirée telle une Guest Star
(et c’est peu de le dire quand on a déjà eu la chance de pouvoir la contempler
au Louvre), la culture est partagée.
Jusque là rien de bien sensationnel, et
c’est d’ailleurs plutôt des bonnes
nouvelles, une sorte de renouveau, d’engouement, d’abandon des castes
parisiennes et de leur intégrisme culturel (Nous à Pââââââris … vous comprenez,
on a accès à tout ! ) Et bien non ! Une œuvre ça se déplace ! Si
tu ne viens pas à la culture, la culture viendra à toi ! Et bing !
«La Liberté guidant le
peuple», elle est plutôt facile à se représenter, du moins chez tout bon quarantenaire et plus, qui se
souvient de ses bons vieux billets de 100 francs ( 15,24 euros pour les
trentenaires et moins ).
Une œuvre d’Eugène Delacroix.
Magistrale, symbolique. Un trésor. Les qualificatifs sont biens faibles pour
cette catégorie qui n’est autre que le patrimoine culturel, artistique,
esthétique de la France.
Oui, c’est un trésor. Il n’y a
pas d’autre mot.
Curieusement, la notion de
patrimoine, de culture, de préciosité et de conservation n’est pas vraiment la
même chez tout le monde.
Une jeune femme de 28 ans est
donc interpellée cette après midi au Louvre-Lens, après avoir tagué au marqueur
indélébile des revendications (dont on ignore pour l’instant la nature exacte)
sur environ une trentaine de centimètres.
Experts en restauration sont
immédiatement dépêchés sur les lieux. La jeune femme elle, est placée en garde
à vue.
Que risque-t-elle ? Mystère
…
Au-delà d’une sanction par voie
judiciaire largement méritée, il se pose une énorme problématique.
Que ceux qui insinuent que la
toile n’aurait jamais dû bouger de Paris, se taisent aussitôt. Des fous, des
timbrés, des odieux personnages, il y en a toujours eu, partout et de tous temps,
et ironie du sort, la
Capitale n’est pas en reste pour son quota de barges.
Mais à cause de la bêtise
humaine, faudra-il en arriver à proposer
des œuvres sous cloche ? Ou pire, en arriver à ne plus du tout proposer
l’accès à la culture. Des trésors bien trop fragiles pour être exposés aux
risques et au vandalisme.
Que s’est – il passé dans le
cerveau de cette jeune femme de 28 ans ?
Quelles étaient ces
revendications ?
Etait-elle consciente de la
gravité de son geste ?
L’a-t-elle fait en total connaissance
de cause et pour marquer le coup par rapport au thème de la toile.
Comment peut-on mépriser notre
pays, son propre pays au point de lui nuire et de bafouer, ruiner les trésors
qu’il offre chaque jour à ses millions d’habitants
A quelques centaines de kilomètres de là, au cimetière
du Père Lachaise à Paris, ce sont sur d’autres souillures qu’il faut légiférer.
La sépulture d’Oscar Wilde, sculpture monumentale exceptionnelle, avait été
récemment nettoyée et protégée par une cloison de verre sur sa demi hauteur et
ce afin de lui éviter ce constant défilé de baisers gras de rouge à lèvres,
tradition idiote et inutile.
Si la sépulture avait pu
retrouver un aspect sain, les tentatives n’en restaient pas moins évidentes,
pour preuve les sépultures voisines abîmées par quelques hystériques en mal
d’embrasser et essayant de grimper ça et là sur la cloison.
Ces premiers jours de février
2013 ont vu réapparaître quelques baisers gras et rouges sur la partie
supérieure. Preuve que l’être humain est vraiment prêt à tout pour détériorer
au profit de la satisfaction de son propre plaisir.
Que dira-t-elle celle-ci ?
Que dira-t-il celui-ci ?
J’ai embrassé la sépulture
d’Oscar Wilde ? J’ai réussi ?
Quelle gloire en tirer ?
Pas de gloire ici bas.
Honte sur vous, Madame,
Mademoiselle ou Monsieur.
Honte sur quiconque abîme ou met
en péril le patrimoine Français.
Honte sur cette bêtise insidieuse
qui ne fait que se propager.
Honte sur ceux qui ne
s’indigneront pas de tels gestes.
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