Si comme moi vous accordez une attention toute particulière
aux mots, phrases prononcées quelquefois à la va-vite, ou encore expressions
significatives, vous avez peut être déjà pris la peine de vous arrêter sur
ces petites maximes ou proverbes, adages
populaires qui se déroulent au fil des mois et que nous avalons chaque année
avec la même ferveur, essayant en permanence de les graver quelque part dans
un cerveau probablement déjà bien alourdi de contingences quotidiennes.
Avril est fini et nous avons eu, en plus des cloches, lapins
et autres "Joyeusetées chocolatières" qu'on aime se souhaiter à
Pâques, le traditionnel "en avril, ne te découvre pas d'un fil, en mai,
fais ce qu'il te plaît ".
En furetant sur internet, je trouve même une suite à ce dicton, en
ces termes précis : "en juin tu te vêtiras d'un rien" ...
J'ai toujours eu un peu de mal avec les proverbes. Souvent ils s'avèrent carrément fondés et là on passe sa vie à pester en se souvenant,
tel un des deux vieux du Muppet Show "rhooo, putain, j'aurai dû me souvenir du proverbe ...", ou bien la phrase est complètement à coté de la plaque, voir même
extrêmement dénuée de sens et on en vient à se demander si le gars ( parce que cela ne peut être qu'un gars ) qui a pondu ça n'avait pas fumé la quasi totalité du stock de l'herboriste de la Rue de Clichy !
En mai, faites donc ce qu'il vous plaît. On a coutume de penser que c'est exclusivement réservé à la météo et à la
façon dont nous allons nous vêtir pour chaque jour du mois ( oui j'ai le droit
de mettre un débardeur fushia en lycra lamé et un legging en polaire orange
pour aller avec, le tout accompagné de baskets fluo, version "le
lampadaire c'était moi"... m'en fous, en mai je fais ce qu'il me plait !
Ceci dit, faites moi enfermer si vous constatez que je mets ce plan-ci à
exécution ... Mon glamour n'y survivrait pas !
). Or, il se trouve que bon nombre d'entre nous ont souvent envie de
détourner la fonction vestimentaire première de cette phrase, probablement
investis par cette ambiance printanière
et ce vent de fleurs qui vient nous chatouiller les narines ! Ca sent quand
même un peu la liberté tout ça !
Nous sommes en mai, le 2 mai pour être plus précis (La Saint
Boris ... Ce soir c'est Soirée Disco).
Et qui a donc la possibilité de faire ce qui lui plaît à ce moment précis ? (à
part peut être François Hollande qui à l'heure qu'il est doit se délecter des
cinq prochaines années qui vont s'offrir à lui, où il va pouvoir mettre en pratique
cet adage et faire exactement ce qui lui paît de faire, et pas uniquement d'un
point de vue vestimentaire, on est pas rendus ... ).
On pourrait éventuellement se poser cinq minutes et se
demander ce qui nous plairait de faire là, tout de suite, dans les heures ou
les jours qui arrivent, sans restrictions aucune, juste pour faire une fois un
truc qui n'a pas d'autre vocation que de satisfaire un plaisir égoïste,
personnel, sans se soucier des contingences, ou juste pour voir ce que cela
fait d'appliquer à la lettre un proverbe que l'on n'entend depuis trop
longtemps.
Si j'avais cette possibilité de faire exactement ce qu'il me
plait, je crois bien que je la condenserai dans l'unique désir d'avoir du
temps. Du temps pour les gens, les choses, la vie en général.
Le temps me permettrait de me poser à une terrasse
ensoleillée ( bon OK pas aujourd'hui, c'est la misère à Paname côté météo) du
Boulevard Saint Germain et regarder les gens passer, essayer de deviner s'ils
sont heureux, amoureux, tristes, blasés, en colère.
Le temps me permettrait d'aller souhaiter aujourd'hui
l'anniversaire de la nourrice de Putois N°1 que je n'ai pas vu depuis plusieurs
années et chaque deuxième jour de mai je peste en me souvenant qu'il faut que
je prenne le temps.
Le temps me permettrait de retaper ces chaises vintages
achetées une misère sur ebay mais tellement glamour !
Le temps me permettrait d'apprendre par coeur toutes les
chansons d'Aldebert
Le temps me permettrait de partir à la rencontre de chacune
de ces personnalités que je n'ai jamais vu (ni même pour certaines et certains
jamais entendu) mais qui font partie de ma vie au quotidien à travers une
petite lucarne ou un post laissé au hasard de mes statuts.
Le temps me permettrait de lever un peu plus le nez vers les
toits de Paris et de photographier tout ce qui se trouve au bout !
Le temps me permettrait de lire ces dix huit bouquins qui
n'attendent que mes yeux.
Le temps me permettrait d'écrire ce livre qui défile en
permanence dans les recoins tortueux du labyrinthe de ma matière grise.
Prenons donc un peu le temps de faire ce qu'il nous plaît,
comme si c'était chaque jour un peu le MOI de mai.
#hierencorej'avaisvingtans
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire