J’ai toujours détesté organiser les anniversaires de mes
enfants.
Quand je parle d’anniversaire, j’entends par là une après
midi en compagnie d’une demi douzaine de gosses au bas mot, invités la plupart
du temps au sein de la classe, ceux qui auront été soigneusement triés sur le
volet par le Putois du moment.
En bonne mère indigne, j’ai rusé à plusieurs reprises,
en déléguant cela à des super pros de la chose (Buffalo Grill, Mac Do ou autre
abomination du même genre qui ont un souci du bien être des enfants bien inférieur
à celui déployé par un scarabée pour la bouse qu’il est en train de rouler).
J’ai bien essayé de rameuter du staff en la personne de
Mamounette ou d’amies dévouées qui venaient m’aider à gérer une horde de huit
gamins complètement hystéros qu’il faut occuper avec un bébé de 18 mois au
milieu et un demi Putois qui a juste
envie de faire comme les grands.
Ces gosses là, je ne les ai évidemment pas choisis puisque
ce sont les amis de mon fils. Et je peux difficilement expliquer à mon fils de
huit, neuf ou même dix ans que son copain, là, celui qu’il adore, ben je le
trouve extrêmement insolent, capricieux, mal élevé, à la limite du supportable,
voir même carrément infernal.
Se farcir en plus les parents, la pluie et le beau temps, ceux qui n'ont pas envie de rentrer chez vous parce qu'ils craignent peut être de se salir, ceux qui au contraire s'installent direct dans le fauteuil en attendant qu'on leur serve l'apéro, ceux qui vous branchent sur les méthodes impensables de la prof, ceux qui viennent récupérer leur gamin avec une heure de retard
Subir est donc le maître mot des anniversaires et je me
rappelle les trésors de patience et de dévouement que déployait Mamounette pour
nous organiser des anniversaires dignes de ce nom, où nous retournions l’appartement
en bande organisées du crime rose et glamouresque, petites filles obsédées par
les barbies, les déguisements et le dernier épisode de Candy : « Terry
va-t-il enfin l’embrasser sur la bouche ? »
Des anniversaires roses et pailletés, j’en suis encore bien
loin et j’ai de belles années à tenir au sein d’un univers débordant de
testostérone.
Ayant honteusement zappé les 10 ans de Putois n°1 et voyant
se profiler les 11 ans à toute vitesse, je décidais donc de lui organiser un joyeux
NonAnniversaire, histoire de réunir ses meilleurs potes avant le départ au
collège et de me rattraper de ses 10 ans qui ont le malheur de tomber chaque
année en pleine période de rentrée scolaire et de seconde session de partiels (j’ai
d’ailleurs accouché un jour de rentrée scolaire et le trajet
maison/périph/clinique fut épique ! J’ai le souvenir d’un routier en plein
embouteillage me regardant paniqué du haut de sa cabine alors que j’étais en
train de me tenir le bide et de faire mes exercices respiratoires, ponctués de
rictus assez démentiels …).
Je proposais donc le Laserquest. Réponse de Putois n°1 :
c’est pour les bébés ! Je veux du Paintball.
Va pour le Paintball.
Alors à partir de ce moment là, vous entrez comme qui dirait
dans une autre dimension.
Je passe l’organisation de la logistique pour cette demi
journée, les autorisations à faire signer par les parents, les parents qui ne
daignent pas répondre, ceux qui font répondre leur gosse mais qui ne prennent même
pas la peine de se fendre d'un SMS ou d'un email afin de remercier pour l’invit’ ( 50 euros par gosse hein quand même …
) ceux qui vous appellent le soir de la deadline en s’excusant la queue entre
les jambes « je suis confuse, ce jour là mon fils fête son anniversaire
mais il n’a pas invité votre fils ! Rholala Je suis confuse hein ! Qu’est
ce que je suis confuse … »
Ben co******sse, t’as juste reçu l’invit y’a une semaine, ça
t’aurait écorché la tronche de me répondre illico, j’aurai déplacé la date et
ça m’aurait évité d’avoir la moitié de la classe kidnappée à l’anniversaire de
ton nain et donc empêchée de venir à celui de mon fils.
Enfin, vous avez l’option gamin qui vous arrête en pleine rue
pour papoter et avec lequel vous engagez une conversation plutôt surréaliste :
- Bonjour M’dame !
- Alors mon chou tu
viens à l’anniversaire ?
- Non, ma mère veut
pas.
- Ah ben c’est
dommage.
- Ben oui, mais bon.
- Bon ben une
prochaine fois alors !
- Oui … mais dites
moi au fait, ca va vous coûter beaucoup d’argent tout ça quand même ! Le
Paintball ça coûte cher ! Et puis si vous louez une voiture en plus pour
emmener tout le monde, plus le goûter etc … Ca fait beaucoup de dépenses
non ?
Forcément là on imagine tout de suite que le raisonnement
provient du cerveau du gamin et pas du tout (mais alors du tout, du tout) d’un
élément extérieur qui aurait comme qui dirait « formaté » le pauvre
gosse.
Ces personnes m’ayant au final permis de faire des
économies, c’est en comité réduit que nous nous sommes retrouvés au Paintball. A nous défouler (oui, moi y compris !)
dans une ambiance 100% testostérone, au milieu des combinaisons de peintre en bâtiment
et des casques version « j’ai la tronche d’une termite et j’assume ».
Deux heures de combat avec des armes qui vous balancent des
billes de peinture à 300 km/h ,
à l’intérieur d’un hangar immense, truffé d’obstacles, une odeur à faire vomir un légiste, des animateurs qui vous
hurlent dessus version Full Metal Jacket, des gosses surexcités (à tous ceux
qui pensent qu’il n’existe pas de prédisposition des genres en matière de jeux
de guerre et autre trucs du même style, je leur réponds : VENEZ TESTER LE
PAINT BALL ! )
Au bout de 8 sessions, de 45 litres de sueur
écoulés, d’une odeur étrange et mystérieuse commençant à se former en dessous
de mon costume absolument pas glamour, (note pour plus tard, éviter le jean - pas confort du tout- et le maquillage - oui on transpire AUSSI des yeux ! ) de quatre billes reçues sur le crâne (oui je
sais c’est pas beaucoup mais je me suis planquée souvent !) et d’un brushing
en berne, je déclarais forfait pour aller siroter un coca zéro au bar en
attendant que ces fous furieux aient écoulé leur stock de billes.
Hier, Putois N°1 m’a demandé quelle avait été la journée
préférée de ma vie.
Je n’ai pas vraiment su quoi lui répondre.
« Et bien moi Maman, c’était ma journée Paintball, c’était
trop bien ! ».
Rien que pour entendre ça, ça vallait le coup de me
customiser en termite.
#onyretourneramonfils …
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