dimanche 2 décembre 2012

Aberration Nationale ...




Mon fils est en 6ème dans un collège de merde.
A quoi reconnaît – on un collège de merde me direz vous ?

Grosso modo, un collège de merde pour moi c’est :
  • Un collège où la Principale adjointe passe le plus clair de son temps à dissoudre les attroupements de plus de 3 personnes aux alentours de l’entrée. 
  • Un collège où 90% des parents d’enfants qui y étaient destinés ont réussi à choper une dérogation parce que c’était tout bonnement pas envisageable pour eux d’y faire entrer leurs gosses.
  • Un collège où  les élèves, après avoir merdé,  refusent de s’excuser parce que leurs profs sont des femmes.
  • Un collège où le gardien s’est fait tabasser par des élèves pour avoir pris la défense d’une surveillante  qui se faisait  un peu trop « solliciter ».
  • Un collège ou le taux de réussite au brevet est de  60% …

J’ai donc pas eu d’autre choix que de mettre mon fils dans ce collège, n’ayant pas réussi à choper une dérog par je ne sais quel subterfuge hallucinant, piston exceptionnel ou harcèlement non stop de Proviseur et n’étant pas assez riche pour devenir propriétaire d’un cinq pièces Place des Grands Hommes.

Quand je regarde les statistiques de cet établissement je ne peux que redouter que le pire se produise pour mon fils : croiser le chemin des mauvaises personnes.

Pourtant, dans cet environnement  je m’y sens curieusement plus à l’aise que celui des beaux quartiers et de l’enseignement privé. Ayant grandit dans une cité, les conventions et le protocole, c’est très peu pour moi. Je n’aurai certainement pas survécu dans un collège truffé de serres têtes velours et de mocassins à pompons bleu marine.  Ni même de bobos gauchisant, hurlant la mixité culturelle et le bonheur de vivre dans un quartier populaire, mais se gardant bien de mettre un pied dans la Goutte d’Or pour préférer le haut de Montmartre. Oui le populaire ça va un peu mais pas trop quand même, faut pas déconner !
L’autre visage du ghetto …

Oui c’est cliché, mais c’est tellement vrai après tout.

C’est d’ailleurs ces mêmes mocassins ou un genre de carré Hermès  qui fait office de personnel dirigeant et que je me plais à observer devant la grille du collège de mon fils ce jour là, un début d’après midi où je viens récupérer le téléphone qu’il s’est fait confisquer par le CPE, un peu trop abusivement à mon goût.

Observer le personnel de l’éducation nationale en situation, face à des élèves de quartiers définis comme «défavorisés», c’est juste jubilatoire. A plus forte raison quand on voit la directrice adjointe, perchée sur ses Stilletos et engoncée dans son tailleur bon marché imitation Chanel, essayer d’avoir une quelconque crédibilité en demandant les carnets aux retardataires. Les élèves ne prennent même pas la peine de la regarder ni de l’écouter, ils continuent de se parler entre eux comme si elle n’était pas là en attendant qu’elle ait fini son speech. Rien à cirer d’une nana qui ne respecte visiblement pas leurs codes et qui n’a aucun rapport avec leur monde.
Elle ne prend même pas la peine de s’adresser à eux de façon simple, elle ne fait que leur brailler dessus. Leur vociférer un « rappelles moi les règles » si  pathétique que les élèves n’y prêtent même plus aucune attention.

Cette nana, on se demande même ce qu’elle a bien pu faire à sa hiérarchie pour atterrir dans un environnement pareil. Elle a dû être sacrément punie. Ou alors  une grosse connerie. Un truc de malade.

Alors je regarde cette tranche de vie au sein du collège, je vois ces briques rouges et ces vieux murs qui étaient en d’autres temps ceux d’une «Ecole de jeunes filles», je me dis que c’est  juste mal fait. Que l’hypocrisie des dérogs éloigne ces enfants favorisés qui pourraient, en nombre réglementaire, imposer leurs lois, les bonnes lois. Car l’équilibre serait alors retrouvé. La mixité sociale, ethnique, intellectuelle, la vraie.
Au lieu de cela, un ghetto dans le ghetto. Un mouroir intellectuel où les enfants, déjà victimes de leur environnement social et familial sont ici encore plus tirés vers le bas par le personnel encadrant. Des professeurs déprimés, désabusés, absents, sur la défensive, étonnés de voir une mère disponible, à l’écoute, et leur fournissant un élève poli, reposé, intéressé,  intelligent et respectueux. Un amalgame permanent, un laissez-aller manifeste, l’aigreur et la désillusion de l’équipe éducative qui ne voit plus les élèves comme des enfants mais comme des délinquants en puissance. La sensation permanente d’affrontement, de tension, de répression.
Ici on ne se réjouit pas. On y vient comme dans une prison. On y pénètre la tête baissée, résigné. On en sort un peu plus abruti à chaque fois. Avec l’espoir que ça s’arrangera un peu la fois prochaine. Illusion.

Une machine à transformer les bons en mauvais.

Bienvenue au Collège mon Fils, bienvenue dans l’Aberration Nationale.


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