En octobre 2010, je me suis inscrite en licence de Psychologie dans un organisme d'enseignement à distance dépendant lui même de la faculté de Paris 8.
Il y a quelques temps, j'étais conviée à un regroupement car en seconde année, il est de bon ton (considérer "légèrement obligatoire") de participer à des regroupements organisés sur des sujets divers et variés.
En l'occurrence nous avions deux journées assez chargées. L'une consacrée au Projet Tutoré (sorte de mini mémoire) de psychologie clinique et psychopathologie, et l'autre consacrée au Fonctionnement Cognitif et aux statistiques inférentielles (beurk ! je ne me suis même pas encore attaquée aux statistiques de première année alors inutile de me demander ce qu'est une statistique inférentielle !).
La psychologie clinique et la psychopathologie sont des disciplines regroupées sous une même matière à laquelle vient s'ajouter l'étude des troubles mentaux, et je pense n'étonner personne dans mon lectorat en indiquant que ce sont là mes sujets de prédilection.
Logiquement, quand quelque chose nous plaît, on a toujours un peu plus de facilité à l'assimiler.
C'est donc dans une sorte de kiff international que j'ai assisté à ce cour de psychopathologie, qui visait en premier lieu à nous donner un peu de crédibilité côté sujets de mémoire, mais aussi nous confronter les uns aux autres.
Avoir choisi la Psy n'est pas un hasard pour moi. C'est un peu comme la progression logique d'un chemin de vie qui n'a cessé de me placer au centre d'expériences dans lesquelles les comportements humains et le fonctionnement du psychisme occupaient une place de choix.
Observer les gens est un de mes passe-temps favori.
En bonne anti-sociale que je suis ( si, si, je vous assure ! ) j'ai passé de nombreuses années à observer les gens autour de moi, à analyser minutieusement et à vouloir à tout prix expliquer et comprendre leurs agissements, leurs réactions, leurs propos, disséquer, inventorier, rassembler les pièces d'un puzzle, découvrir, énumérer, me servir de mes cinq sens bien en éveil pour au final en arriver à certaines déductions sur le genre humain. Pas toujours très reluisantes il faut le dire (mode misanthrope ON).
Reprendre ses études à 36 ans est un phénomène assez exceptionnel. On se sent d'abord fière d'avoir été acceptée en Fac (alors qu'en fait, n'importe quel bouseux titulaire de son bac est accepté en Fac ! ). C'est un peu comme si on n'envoyait pas en plus du dossier d'inscription, une lettre de remerciement en ayant inscrit en gros et en rouge "MERCI D'ACCEPTER LA VIEILLE MORUE QUE JE SUIS !".
J'ai entendu tout et son contraire en annonçant que je venais de m'inscrire en fac. Après la vague des 'C'est formidable, c'est vraiment génial ", j'ai eu le droit à "tu élèves tes gosses donc tu fous rien de tes journées, t'as le temps", et j'ai quand même finis par récolter fièrement la vague du "Mouahahahahahah ! Tu t'es inscrite en fac ! Quelle belle connerie ! Ca ne sert à rien" ... Et autres joyeusetés du même genre.
Pourtant, quand j'observe la jeune demoiselle qui nous dispensait le cours de psychopathologie ce jour là, du haut de ses 26 ans bien sonnés et de son visage tout lisse et sans aucune rides d'expression, je ne pouvais envier sa place. Certes Psychologue Clinicienne diplômée (vous qui me lisez, si j'atteins ce diplôme un jour, je vous jure que le champagne, vous y aurez droit, et pas qu'une coupe ! ) elle semblait si légère et si épargnée par la vie que son discours peinait à trouver sa place devant un auditoire dont la majeure partie devait totaliser entre dix et quinze années de plus qu'elle.
Doit-on forcément avoir vécu pour trouver un recul nécessaire et objectif sur la vie et le genre humain en général ?
Empathie, écoute et attention neutre et bienveillante sont les fers de lance du psychologue.
Sommes-nous vraiment dotés de ces qualités au sortir de l'adolescence ? Ou est-il possible de ne les acquérir qu'en cinq années d'études et quelques heures de stage qui ne compenseraient pas forcément ce regard si objectif et si détaché que nous pouvons acquérir à l'école de la vie.
Tout vient à point à qui sait attendre et j'ai probablement et inconsciemment dû attendre le bon moment pour entreprendre ce qui était juste et évident pour moi.
Ces études sont passionnantes, chaque jour un peu plus prenantes et dans un quotidien déjà lourd de contingences et d'obligations de résultat, je me sens souvent l'âme d'un Super Mario accroché à son volant à la recherche de l'ultime champignon, évitant les peaux de bananes qui atterrissent par je ne sais quel hasard sur mon chemin ...
Il y a quelques temps, après une année d'acharnement neuronal intensif et de lutte pour obtenir des résultats plus qu'honorables, j'ai annoncé à mon entourage la validation de bon nombre de disciplines qui me permettaient un passage en seconde année. Première victoire intérieure, premier challenge réussi.
Au milieu des silences, des étonnements, mais aussi des félicitations et autres compliments que j'ai accueillis avec plaisir et fierté, une phrase m'est alors grimpée à l'oreille. Simple et efficace, elle résumait à elle seule ce que j'avais envie d'entendre et qui me porte et me conforte chaque jour dans la poursuite de cette vaste et formidable aventure :
"Mais il n'en aurait pas été question autrement..."
#AppelezmoiFreud ...
Toi, Sophie, tu me surprendras toujours !
RépondreSupprimerDrôle, à l'écoute (normal ti viens de le dire), amoureuse de ses petits, mère plus que mère et brillante étudiante. Je me doute que tes chevilles souffrent en ce moment, mais qu'importe...
Ton article est, comment dire, top comme dirait mon fils .
Bisous :)
J'aime toujours autant te lire.
RépondreSupprimerJe suis sure que ces études te vont comme un gant et te lire me rappelle mes milliers de souvenirs de ma 'jeunesse' : ma meilleure amie a fait psycho. Nos révisions communes nous faisaient partager nos sujets : mes maths et ma physique contre ses études de troubles mentaux passionnantes et stats atroces !
J'espère que tu fais un cursus accéléré car j'ai besoin d'un psy en ce moment et je te parlerai avec plaisir ...
Pas de cursus accéléré Clem, mais déjà bien rodée côté écoute ! Profites en pendant qu'il en est encore temps, parce que dans 3 ans, je facture ;-) !!!!! Merci pour ta fidélité.
RépondreSupprimer"Pas question autrement", n'empêche, chapeau bas madame de mener tout de front avec autant de passion et de brio !
RépondreSupprimerOn essaye ! On essaye !
RépondreSupprimerOh, c'est génial ça! Félicitations, vraiment! Je connais (très très différemment) les difficultés de la reprise d'études et de la gestion du quotidien en même temps : BRAVO! Chaque UE validée est une victoire, chaque étape franchie est une réussite :-) Yes you can!
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