Attendu comme le film de l’année
( du mois ? de la semaine ? ) Gravity n’était pas encore sorti sur
les écrans français que la presse le portait déjà au top 5 des réalisations de
ces 30 dernières années, faisant ainsi avancer le 7ème art, au même
titre que Jurassik Park ou je ne sais quel autre film ( je n’ai pas retenu
toutes les critiques et j’avais mal au crâne ).
Avec la farouche volonté de ne
pas mourir complètement idiote et refoulant dans leurs plus lointaines contrées
mes préjugés sur les films de l’espace, je me rendais à l’évidence : je
devais voir ce film ! Un film encensé par la quasi-totalité de la presse
(spécialisée ou pas) ne pouvait que produire son petit effet (positif) sur un
cerveau fatigué, à tendance amibesque (le mien en l’occurrence, en pleine
période de vacances scolaires. Courage, oui courage, c’était bientôt la rentrée
…).
Comme toute bonne spectatrice, il
me fallait recharger en coca zéro et en pop corn sucré XXL pour affronter
l’expérience cinématographique la plus incroyable du moment.
Parée j’étais.
Alors, comment vous dire, comment
vous avouer que cette expérience intersidérale ne réussit en aucun point à me
convaincre ? Mais alors pas du tout ! Comment exposer puis défendre un
point de vue sur un ressenti personnel quand 85% du genre humain n’est pas
franchement d’accord avec vous et s’obstine à penser que le monde là, tout de
suite, ne pouvait se résumer qu’en une seule équipe : la TEAM
GRAVITY !
GRAVITY EST UN FILM EXCEPTIONNEL,
extraordinaire, formidable, révolutionnaire de technique, magique, intense,
profond, humain ( j’en ai sans doute oublié quelques uns ).
Etait-ce mon coté de
quarantenaire aigrie et blasée qui prenait le dessus ou tout simplement une
évocation lambda d’un état de fait : non ce film ne m’avait pas transcendé,
du moins pas à la hauteur des critiques que j’avais pu lire.
Passée la pureté des images et
les effets spéciaux à couper le souffle ( soyons objectifs ), il n’y avait
rien.
Rien qu’il soit possible de
puiser. Une inconsistance massive.
Un jeu d’acteur vu et revu. Le
gentil commandant macho qui fait des
blagues à deux balles, qui sait garder son self control dans la situation la
plus absurde (se balader en fauteuil à propulsion et remorquant une pauvre nana en panique au beau milieu de l’espace).
Le sacrifice inévitable de Monsieur car il faut que la femme vive ! (Déjà
, là on se doute bien que la fin sera -ATTENTION SPOILER- heureuse ! Ben
oui franchement ! Ce type va pas se sacrifier pour rien non plus, sinon il
l’aurait laissée dans l’espace cette gourdasse, et il se serait barré direct
vers le satellite sans plus tarder parce qu’au final tout ce beau bordel c’est
quand même de sa faute à elle !)
Si elle avait daigné bouger son
séant au moment où on le lui demandait, ils ne se seraient pas tous retrouvés
comme des ronds de flan à slalomer entre les morceaux de satellites !
On se retrouve alors spectateur
d’une gigantesque partie de saute mouton entre le Docteur Ryan Stone et les
stations spatiales réduites à l’état de vaisseaux fantômes ( oui elle s’appelle Ryan mais c’est
une femme, même si elle a un prénom de mec car « on attendait un garçon
dans sa famille » et c’est à peu près tout ce que l’on saura de sa vie
personnelle, sinon qu’elle avait une gamine et qu’elle n’en a plus :
perdre son enfant à l’âge de 4 ans ça vous pousse forcément à embrasser une
carrière d’astronaute histoire d’aller voir ailleurs si le restant de la
galaxie est moins pourri que le plancher des vaches).
Un arrêt spectaculaire sur le
corps de la dame en apesanteur qui nous fait agréablement profiter de sa
plastique parfaite (la cinquantaine flamboyante ! Le botox également) c’est
à ce moment précis que l’on apprend qu’une astronaute est en sous vêtements
sous sa combinaison ! HA D’ACCORD !
Et que je te balance une petite
position fœtale bien orchestrée pour situer le contexte (facile en même temps
la position fœtale en apesanteur !) et que je te filme la dame de
derrière, histoire de bien profiter de la vue sur des cuisses aussi bétonnées
que la Costa Brava.
Après une succession d’emmerdes
assez conséquentes (incendie, réparation et démarrage foirés pour cause de
parachute récalcitrant) l’héroïne s’épuise et finit par se laisser aller, après
tout, elle aura beau hurler, y’a pas grand monde qui l’entend au fin fond de
son satellite pourri !
Le salaire de Monsieur Clooney
nécessitant probablement un temps d’image minimum, il refait surface, sorti de
nulle part et on y croit presque jusqu’au moment où l’on comprend qu’elle est
en plein délire, à mi chemin entre le rêve et le cauchemar (oui, avouons
le, ça doit franchement être cauchemardesque de vivre de tels instants).
Bref, elle finit par se rendre
compte que c’est pas tout ça mais qu’il faudrait quand même rentrer pour
l’heure de l’apéro et Ô lumineuse idée, un extincteur va l’y aider ! Oui
les amis, on a toujours besoin d’un extincteur à proximité quand on est astronaute,
ça peut faire effet de propulseur de l’espace ! Le Docteur Ryan Stone
était en fait la petite sœur cachée de Mac Gyver. Bon.
Le dernier grand saut, la station
chinoise atteinte, elle réussit à démarrer l’engin avec un tableau de bord totalement rédigé en … chinois (de
fait ! Car en plus d’être astronaute, elle lit parfaitement le chinois !) la
capsule arrive par on ne sait quel miracle à se détacher puis se diriger vers
la terre, traverser les couches de gaz successives dans un
embrasement façon barbecue party pour atterrir au beau milieu d’un endroit qui
ressemble à une rizière (la logique asiatique !)! Non sans un certain
mal d’ailleurs parce qu’elle manque quand même de finir noyée dans sa capsule
(c’est ballot) ! Cocotte, tu te les cherches aussi, tu aurais pu attendre
un peu avant d’ouvrir le bidule.
Retour sur la plastique
irréprochable de Sandra Bullock. Le brushing assez préservé et quelques
minuscules égratignures. C’est une femme debout, entière, victorieuse, alelluïa !
Dieu bénisse l’Amérique !
J’imagine déjà les cris horrifiés
de la Team Gravity ! Comment peut-on descendre ce film qui n’est que pur
chef d’œuvre ?! Comment oser ?
On a récemment décrété que ne
n’avais pas apprécié le film pour la bonne et simple raison que je ne m’étais
pas laissé porter pas son univers.
Au-delà des effets spéciaux et de
toute la réalisation qui mérite d’être largement récompensée et applaudie (on a
vraiment l’impression d’être avec eux dans l’espace, à plus forte raison grâce à la 3D qui nous fait virevolter des
éclats de satellite de part et d’autre de l’écran ! ) je n’ai tout
simplement pas eue l’envie de me laisser porter par la vacuité de l’histoire en
elle-même. Un scénario banal. Une histoire banale. Ou plutôt la volonté du
réalisateur de nous projeter dans l’histoire extraordinaire d’une femme
ordinaire. On s’accroche à son fauteuil en se demandant si cette pauvre nana va
réussir à s’en sortir et on n’arrive même pas à imaginer combien l’angoisse
dans laquelle elle est plongée doit être conséquente.
Car Gravity est un film
d’angoisse. Ce n’est pas un film sur l’espace, sur la technologie spatiale
américaine, ou sur la force d’une femme face à une situation presque
inextricable ! Non ! Gravity est pire qu’un thriller psychologique. Ce
film vous jette à la figure la pire angoisse existencielle, celle que l’être
humain redoute depuis la nuit des temps : la solitude face à la
mort ! On est comme étouffé à l’intérieur du film avec l’héroïne, on a envie
de lui arracher son casque et respirer un bon coup avec elle.
Stone se débat avec frénésie
telle un cafard qui souhaiterait s’échapper d’un bocal. Elle n’a qu’une chance
infime de pouvoir sortir de ce bourbier et elle essaye coûte que coûte de la
tenter. La mort est là, elle plane partout, essaye de la rattraper à chaque
occasion mais se fait shooter à chaque reprise. En attendant on suffoque avec
elle, on a envie de taper dans les parois du bocal de tout péter et de rentrer
au plus vite respirer.
Quel être humain va aujourd’hui
réfléchir à la précarité de son existence ? Quelle condition aussi
improbable peut le mettre en face de cette réalité : la vie n’est qu’une
succession de luttes interminables, ici bas ou dans l’espace (voir même surtout
dans l’espace ! ) il faut sans cesse se battre contre tout, à commencer
par soi-même.
Alors, certes, celles et ceux qui
n’ont pas souvent l’occasion de regarder autour d’eux et de se dire
« tiens, demain je serai peut être mort » verrons en Gravity un chef
d’œuvre incommensurable où l’action et son incroyable dimension spirituelle
nous renvoient à la nature même de notre condition de mortel.
Pour les autres comme moi qui se
lèvent le matin en se demandant si cette journée ne sera pas la dernière, ils
regarderont ce film en baillant. Oui tu vas mourir Stone. Mais l’instinct de
survie étant le plus fort, t’es quand même un peu obligée de t’agiter avant des
fois que, sinon c pas marrant (et surtout le film n’aurait aucun intérêt, déjà
que le scénario est un peu encéphalo plat...) Tu vas mourir Stone, mais pas
aujourd’hui ! N’oublions pas qu’on est dans un film avec deux (bons)
acteurs américains et que l’un des deux est déjà cané en se sacrifiant dans
d’atroces souffrances, donc faut pas déconner, on est là pour faire du
politiquement correct !
L’idéal serait quand même de ne
pas attendre des nanars de ce genre pour avoir des réflexions un peu plus
approfondies sur le sujet. Sans tomber dans une morbidité outrancière, revenir
régulièrement sur le coté éphémère de notre présence sur cette terre a le
mérite de remettre quelques pendules à l’heure, ET dans notre comportement avec
autrui, ET dans nos agissements personnels !
En résumé, et c’est un avis très
PERSONNEL : n’y allez pas, c’est chiant comme la pluie.
Si vous voulez absolument voir un
Clooney affrontant la mort, louez-vous « The descendant »,
un film qui fait réfléchir sur la mort sans avoir besoin de se barrer à des
milliers de kilomètres de la terre. Si vous voulez une bonne dose de
Science-Fiction familiale et politiquement correct, ressortez Avengers ou pourquoi
pas Armaggedon ! (histoire de se marrer au moins un peu avant de mourir
quoi !? Non ?).
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