Avoir 4 enfants c’est un bonheur
de chaque instant !
Bon ça fait un peu phrase des
années 50 avec la jolie pub mère au foyer venant de sortir une tarte aux pommes
toute chaude du four, mais je m’en tape.
Je kiffe mes gosses.
Au grand étonnement d’un bon
nombre de gens qui gravitent autour de moi, ces quatre putois ont tous été
désirés, programmés, voulus. Aucun d’entre eux n’est un « accident »
(comme certains se plaisent souvent à qualifier leur progéniture) bref, une famille nombreuse, certes un peu atypique
pour la moyenne parisienne qui ne comprend que 17% de foyers de trois enfants
ou plus (source : Observatoire des familles parisiennes : www.apur.org)
contre 48% comportant un seul enfant.
Oui, ils ont tous été désiré, et
même si l’un d’entre eux n’est pas issu de mon ventre et que je ne suis que sa
«belle-mère» sur le papier, pour moi, c’est comme si je l’avais
porté. Il vit sous mon toit, partage mon quotidien comme les autres. Cet enfant
c’est mes tripes, au même titre que ses frères et sa petite sœur. Je déteste
d’ailleurs le terme de demi-frère ou demi-sœur. Il n’y a pas de demi-enfant.
Comme si l’autre moitié était vide. Ce gosse est mon fils. Point barre.
Avoir quatre enfants c’est donc
un grand bonheur mais aussi une source assez conséquente de soucis.
Quand je parle de soucis, je ne
suis pas en train d’évoquer des catastrophes ou des comportements issus de
leurs esprits quelquefois machiavéliques (il faut bien l’avouer !). Non,
je veux parler de ces soucis qui se présentent sous la forme de questions existentielles
qui nous pénètrent le bide à nous parents, dès le premier jour de la naissance
de ces chères têtes blondes (enfin en théorie ! J’en connais qui ne se
poseront jamais ce genre de questions, hélas…) et qui ne vont qu’en augmentant
dès qu’un de leurs pieds est posé au sein d’une école :
-
Va-t-il prendre froid s’il n’est pas assez
couvert ?
-
Va-t-il se faire des amis à la récré ?
-
Va-t-il être invité à des anniversaires ?
-
Est-ce qu’il va bien regarder à droite et à gauche pour
traverser la route en allant au collège ?
-
Va-t-il réussir de brillantes études ?
-
Est-ce qu’il mange à sa faim à la cantine ?
-
Est-ce qu’il se fait frapper par d’autres gamins ?
-
Est-ce que la maîtresse les surveille assez à la
récré ?
-
Est-ce que la maîtresse va le détester ?
-
Est-ce que je vais détester la maîtresse ( les
profs ? la proviseure ? )
-
Est-ce qu’il sera pris dans le cours de
Ping-Pong ?
-
Combien de sorties en métro à travers Paris ?
-
Est-ce qu’il y aura une classe découverte de prévue
cette année ?
-
Est-ce qu’il sera amoureux ?
-
Est-ce que je vais aimer l’élu(e) de son cœur ?
-
…
-
…
Autant de questions qui peuvent
sembler dérisoires pour certain(es) mais qui peuvent très vite pourrir le
cerveau et le quotidien d’une mère.
La liste étant à rallonge, je
vous laisse le soin de la compléter en fonction de vos névroses…
Je me souviens des premiers jours
à la maternelle de Putois n°1. Tout ne se passait pas vraiment comme prévu et
il refusait de déjeuner le midi, et pleurait non stop dès l’heure du goûter
jusqu’à 18h30. Une situation absolument effroyable pour la mère que je suis.
L’emploi du temps familial s’est donc vu modifié pour lui épargner le centre
aéré, les journées étant déjà bien longues.
Là encore, j’en ai entendu de
toutes parts : « laissez le pleurer, il s’habituera » ou encore
« le centre aéré ça ne va pas le tuer ! Ce sont des caprices ».
L’arrivée de Putois n°2 a
simplifié bien des choses : congé parental de 3 ans enchaîné par un second
congé parental de 3 ans pour Putoite en Chef.
Petits privilégiés qui ont pu
garder auprès d’eux leur Maman à volonté. J’ai choisi, parce que je pouvais
choisir. Ou plutôt parce que j’ai hiérarchisé mes priorités et je me suis ainsi donné les moyens de pouvoir choisir.
La priorité pour moi n’était pas
de faire carrière. Pourtant, je végétais dans une entreprise où il faisait bon
ronronner près du chauffage entre deux séances de papotage machine à café, ou
bien au choix, sortir ses dents longues et entamer formations sur formations
pour progresser et atteindre des sommets.
J’ai opté pour la priorité
enfants. Revu les comptes bancaires, reconsidéré les sorties, les budgets
vacances, fringues, bouffe, en m’estimant déjà extrêmement privilégiée d’avoir
un toit, un chauffage qui fonctionne et un frigo régulièrement plein. Le reste
n’était qu’ajustements.
Quelquefois on n’a pas le choix,
on ne se pose même pas la question.
Quelquefois on l'a mais on fait comme si de rien n'était parce qu'on ne souhaite pas
l’avoir. On se cache derrière des tas de prétextes.
Quelquefois on l’a mais on
n’envisage même pas de s’y attarder.
Je me souviens d’une conversation
avec une Atsem où celle-ci me disait que certains parents auraient bien laissé
leurs gosses toute la nuit s’ils avaient pu. Ces parents là, ils n’étaient même
pas forcément issus de couches sociales défavorisées. Non, il s’agissait simplement
de parents qui n’avaient que faire de leurs enfants.
Taper à la porte de l’école le
matin une bonne dizaine de minutes avant l’ouverture pour laisser son enfant
comme un paquet de chemise sales, sans même un au revoir, un baiser, une
caresse, et venir le récupérer à la limite autorisée par la loi !
Mes enfants ont donc été couvés.
Couvés dans le sens où j’ai pu leur offrir un confort quotidien. Des bisous à volonté, des trajets maison-école-maison sécurisés, des devoirs peaufinés, des câlins à la demande, des siestes
sur l’heure du déjeuner, des repas équilibrés et cuisinés maison, des vêtements
changés entre deux accidents ou à cause d’une matinée pluvieuse, du repos, de
la détente, du calme.
J’ai pu les garder pour cause de
grèves, de prof malade, de gastros, de rhinos.
J’ai pu accompagner chacun
d’entre eux à toutes les sorties de maternelle et à quelques unes du primaire
(encore en cours).
J’ai toujours redouté le spectre
de la classe découverte, planant à chaque réunion de rentrée scolaire,
j’imaginais déjà la maitresse nous annonçant l’éventualité d’un départ en cours
d’année pour 3 semaines dans une destination Normande ou Bretonne à la
découverte de je ne sais quelle région pleine de promesse.
Cette année, c’est le voyage au
ski dont il est question avec la classe de 5ème.
Je sais dès à présent que mon
fils n’ira pas au ski. Je le sais et lui aussi le sais. Il a d’ailleurs bien
rigolé en m’annonçant la chose « Maman tu ne vas pas être contente, y’a un
séjour au ski qui est prévu cette année ! »
Il me connaît trop bien ce gosse.
Il sait qu’il est inenvisageable pour moi qu’il mette un pied dans un autocar
ou qu’il parte en voiture avec une autre personne que sa tante, son père ou
moi.
Je sais combien ma réaction est
en décalage avec la réalité. La peur n’évite pas le danger.
J’ai souvent entendu mon
entourage me reprocher de mettre mes enfants sous cloche.
Etrange considération quand on
observe ma tribu. Ils ne sont pas timorés, sont très à l’aise dans des tas de
situations, polis et enthousiastes, dégourdis, avides de découverte. Je ne les
sens pas en retrait ni en décalage par rapport à d’autres enfants.
Peu importe. Je ne demande pas à
ce qu’on me comprenne mais simplement qu’on respecte mon choix. Tout comme moi
j’ai respecté le choix de ces femmes (ou de ces hommes !) qui ont
largement eu la possibilité se mettre à mi temps et de gagner encore leur vie
confortablement mais qui ont préféré laisser à l’employée de maison ou au
centre aéré le soin de s’occuper de leurs enfants plutôt que de venir les
chercher à la sortie de l’école à 16h30 pour leur accorder du temps. Allez,
même pas une cantine ! Une simple sortie de classe ?! Et bien non, c’était
déjà trop demander.
Du temps…
De quoi donc a besoin un enfant ?
D’amour, de repères, de limites
et de temps.
Ironie du sort, les trois
premiers besoins dépendent forcément du dernier.
Comment donner de l’amour sans
donner de son temps ?
Comment donner des repères sans
attention, sans encadrement ?
Comment donner des limites en
étant absent ?
La société d’aujourd’hui pose la
barre trop haut. Les hommes sont hors concours, ils ont déjà tout. Les femmes elles,
veulent tout et si possible sans avoir à faire de choix. Elles désirent un père
plus impliqué dans la maison et les tâches du quotidien, elles souhaitent une
carrière, des enfants parfaits, un intérieur cosy digne d’ « Art
& Décoration », du repos, de la détente entre amies, bref, la
conciliation parfaite entre vie privée, professionnelle, amoureuse, familiale.
La juste dose là où il faut, comme il faut.
Je ne connais personne dans ce
cas là.
L’égalité homme/femme dans le
temps accordé aux enfants, aux tâches du quotidien et dans le travail est
encore un vaste chantier et nous savons toutes qu’il n’est pas prêt d’être
terminé.
Nous savons également que cette
perfection du quotidien à laquelle nous aspirons toutes ne sera jamais
accessible !
Il y a des choses qui ne se
remplacent pas, et cela tous sexes confondus !
Un enfant aura beau avoir des
parents aimants, heureux, épanouis par leur travail et l’amour qui règne au
sein de leur couple, le temps qu’ils auront su leur accorder, (ou pas), sera
irremplaçable !
Il en va des enfants comme de l’humain en général.
Donner de son temps à l’autre est certainement la seule
solution qui puisse nous pousser vers plus de sérénité.
Si vous avez décidé de faire des enfants, alors il va
falloir prendre le temps.
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