Il fut un temps béni des dieux où
j’allais récupérer ma troupe de putois à 16h30 le mardi, on balançait
joyeusement les cartables dans un coin en rentrant à la maison, on se goinfrait
de chocolat chaud et de brioche, on glandouillait avec frénésie devant des
trucs bien débiles à la TV ou quand il faisait beau on allait se faire un petit
coin de square histoire de taper dans du ballon et de prendre ma dose
quotidienne de nicotine.
Puis un Ministre s’est demandé si
ce serait pas mieux d’emmerder la tranche de population « Parents
d’enfants en maternelle et dans le primaire » en décidant de faire sa
réforme et tel un gigantesque caca nerveux ou caprice si on veut rester polis,
il a bien accéléré le truc histoire qu’on se dise « Ah ouais le gars lui
il a fait un truc dont on se souviendra
durant ce quinquénna ».
Ah, ça c’est clair mon gars, on
va s’en souvenir de ta réforme, et de ton nom aussi d’ailleurs.
Désormais l’école élémentaire de
mes gosses n’est plus une école peinarde et rythmée comme jadis à l’heure des
Mamans. C’est plutôt la Gare Saint Lazare aux heures de pointe.
Donc pour ceux qui n’auraient pas
encore compris le principe de la réforme, l’idée est de permettre aux enfants
d’utiliser le temps du matin à l’assimilation des connaissances (qui se fait
apparemment mieux le matin) et l’après midi serait orienté deux fois par
semaine à des activités dites « péri-scolaires », sport,
informatique, bricolage, dessin, magie, que sais-je encore …
Le temps consacré à ces activités
est réparti comme suit :
Les mardis et vendredis, les enfants
arrêtent de travailler à 15h00, ils ont
le choix de sortir pour rentrer chez eux (et je ne suis même pas certaine que
les enfants qui ne sont pas récupérés par une personne ont le droit de sortir
et de rentrer chez eux seuls) ou de rester
à l’école et de filer en atelier (en théorie) jusqu’à 16h30.
Ces 3 heures sont récupérées le
mercredi matin qui est désormais une matinée de travail comme jadis le samedi
l’était pour nous même ou certain de nos enfants.
Pas encore présente sur la
totalité du territoire, les communes qui ne l’appliquent pas vont donc pouvoir
juger dès à présent de l’efficacité de la chose et surtout de la masse
d’énergie et de moyens qu’il faudrait déployer pour réaliser quelque chose de
correct.
Notre Ministre a
vraisemblablement des dons de magie. Oui c’est un véritable magicien. Il a
réussi à remplacer le tout par le rien !
Oui car tout cela n’est autre
qu’un vaste ensemble de rien. Personne ne sait rien, les enfants ne font rien,
il ne se passe rien !
Puisque je vis dans la capitale,
je vais donc parler pour mon compte et citer l’exemple de l’école primaire où
se trouvent mes enfants, et ce afin de rassurer certains qui sont en Province
et qui pensent peut être que dans une grande ville ça pourrait éventuellement
mieux se passer : non Mesdames, Messieurs. A Paris c’est le championnat du
monde de la loose et cela ne fait que commencer.
Voici donc une photographie du
quotidien avec les nouveaux rythmes scolaires.
Au départ on avait la classe, la
sortie à 16h30, le goûter/étude jusqu’à 18h00 pour certain et les ateliers bleus
pour les autres (pour les courageux qui me lisent sans habiter la capitale,
les ateliers bleus sont des ateliers proposés par la Mairie de Paris moyennant
finance et au sein même de l’école, ils sont facturés en fonction du quotient
familial et sont animés par du personnel Ville de Paris, entre 17h00 et 18h00 –
théâtre, marionnettes, roller, échec, ping-pong …)
Depuis la rentrée, la direction
de l’école où se trouvent Putois n°2 et Putoite en Chef n’a pas jugé bon de
communiquer plus que ça sur les nouveaux rythmes scolaires. Ils étaient déjà
contre avant même que la réforme ne se mette en place, je n’ai d’ailleurs
jamais vu une école faire autant grève sur une durée aussi limitée. La réforme
est donc passée et qu’importe, ils sont toujours contre et ils sont bien
décidés à nous le signifier à nous parents. Comme si nous étions en quelques
sortes responsables de cette absurdité.
Aucune information sur les fameux
ateliers d’activités péri-scolaire ( pas de communication dans les carnets de
correspondance , quels vont être les thèmes des ateliers ?) et un simple
papier à remplir et à signer en cochant les heures de sortie pour l’enfant
durant la semaine ( attention multichoix ! )
Ca nous donne donc :
le lundi 16h30 ou 18h00,
le Mardi 15h, 16h30 ou 18h00
le mercredi 11h30 (oui mais après
Cantine ? Centre aéré ??)
le jeudi 16h30 ou 18h00
le vendredi 15h, 16h30 ou
18h ? Je passe les cases 11h30 pour
les externes …
Putois n°2 ayant trouvé un
atelier bleu le vendredi entre 16h30 et 18h00, j’ai donc opté pour l’option
complète le vendredi après midi et il m’a parlé d’un vague atelier
informatique.
Là où ça a commencé à se
compliquer, c’est pour Putoite en Chef. En CP les gosses sont relativement
épuisés. Le passage de la maternelle à la « grande école » est un
rythme très soutenu pour eux et les habitudes ne se prennent pas en deux mois.
Pour peu que l’enfant soit de la fin de l’année comme c’est le cas de la
demoiselle (30 décembre) ça nous donne des gosses tous chamboulés et qui ne
seraient pas contre un bout de sieste pour récupérer tout ça.
Je décidais donc de sortir la
demoiselle à 15h00 le vendredi pour la faire profiter d’une bonne sieste et la
ramener ainsi reposée et dispo à son cour de judo pour 17h00. Rien de bien
exceptionnel ni perturbant jusque là. Mais c’était sans compter sur la
gentillesse de gardienne de l’entrée de l’école où se passe le judo (école
primaire communicante avec l’autre école de Putoite). Gardienne on ne peut plus conciliante et
déclarant en me voyant arriver à 17h02 « le judo c’est à 17h00, la prochaine
fois je ne vous laisse pas rentrer, de toutes façons la semaine prochaine vous
laisserez votre fille à l’entrée, elle peut très bien aller seule au gymnase ».
Après avoir signifié à la dame qu’il
était hors de question de laisser ma fille en électron libre se balader dans
cette école qu’elle ne connaît pas et que je tenais quand même à la déposer
auprès de son professeur,( comment être prévenu en cas d’absence du prof !
mystère ! ) je recherchais déjà une solution de repli pour avoir le moins
de désagréments.
Je me rapprochais donc de la
Directrice de l’école maternelle de Putoite en Chef où les enfants qui
faisaient judo étaient récupérés en premier par le prof de judo, après le goûter de 16h30 pour bifurquer
directement vers le gymnase de l’autre école communicante. Il m’était plus
simple de la déposer à 16h30 (elle aurait quand même pu profiter d’une sieste
entre 15h00 et 16h30) et ainsi revenir fraîche et dispo pour prendre son goûter
en compagnie de ses copains et filer avec eux au judo au sein de son école,
avec ses repères.
Réponse de la directrice :
impossible de la ramener à 16h30 : temps périscolaire = Mairie de Paris,
elle n’est pas inscrite aux ateliers, elle n’a donc rien à faire dans les
locaux de l’école sur ce temps là, elle n’est pas couverte par les assurances
en cas de sinistre.
Ha d’accord. Donc on en était à
chronométrer le temps d’un enfant passé dans sa propre école, sur une tranche
horaire qui n’était pas non plus une heure ahurissante à laquelle elle n’aurait
bien entendu pas été censée s’y trouver.
Bilan des courses
- Ma fille obligée de rester de 15 h à 16h30 sur ce fameux temps péri scolaire Mairie de Paris, inscrite officiellement et en bonne et due forme, elle peut se casser un bras, s’éclater la tête par terre ou subir un incendie, madame la directrice est sereine, les assurances valident.
- Une gamine épuisée, qui enquille 2h30 de sieste le mardi après midi et le mercredi après midi (alors qu’elle est au lit tous les soirs pour 21h maxi) et que je force à dormir le vendredi à 12h15 pendant une heure pour qu’elle soit armée et affronte ainsi une aprèm aussi chargée.
- Un temps péri scolaire consacré depuis le début de l’année à du coloriage.
- Une libellule multicolore (ce qui ressort de ces ateliers).
- Les profs dépassés et impuissants.
- La directrice qui regarde blasée son établissement où les va-et-vient sont désormais le lot quotidien, où la sécurité ne veut plus dire grand-chose. N’importe qui rentre comme dans un moulin. On fait ce qu’on peut, on est plein de bonne volonté mais on en peut plus.
- Des gosses qui traînent dans la rue à partir de 15h (quel parent peut venir récupérer son gosse à 15h ? )
- Le chaos.
J’ai rarement soutenu des grèves
de profs.
Là pour le coup, ils ont ma
sympathie à 200%
Un grand n’importe quoi.
Une réforme basée sur l’égo d’un
gouvernement et de son ministre.
Du vide, du rien.
Là, vraiment, faudrait que ça
s’arrête une bonne fois pour toute.
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