mardi 26 novembre 2013

Make my day !




Ami lecteur,

Toi qui me fais l’honneur de venir passer quelques secondes de ton précieux temps sur mon blog.
Toi qui pense avoir tout vu, tout lu tout connu, tout entendu.
Toi qui sais te montrer blasé des plaisirs de la vie.
Toi qui prône le recyclage, le bio, l’écologie !
Toi qui est le roi du politiquement correct : PASSE TON CHEMIN !
Toi qui n’est pas coincé, réfractaire au nouveau, heureux de vivre et d’y voir clair, ces quelques lignes qui vont suivre sont pour toi !

Ami lecteur, c'est bientôt Noël et tu ne sais toujours pas ce que tu vas pouvoir trouver comme cadeau original et utile !

Ami lecteur j’ai la solution ! J’ai ce qu’il te faut.

Alors voilà.
De mon temps, ce n’était pas très facile de se procurer un godemiché.

(Oulah ça commence fort, Mamounette, ne me déshérite pas, promis je parle de godemiché mais je ne dirai pas de gros mots dans ce billet, enfin je vais essayer !)

Ce n’est pas sale !
A 40 ans depuis même pas une semaine, j’ai enfin acquis le droit et le privilège de pouvoir parler de godemiché sans pour autant glousser telle une grosse dinde prude qui ferait genre mais-oui-mais-non-rhooo-typensespasquandmême- Pfiou ..

Bref ce n’était pas très facile de se procurer un godemiché pour la bonne et simple raison que c’était soi vendu en sex shop, (et je vous passe l’ambiance glauque des sex shop à l’époque de ma majorité, début 90’s) soit vendu sur le catalogue de la redoute à la rubrique « vibromasseur pour joues ». Oui forcément, toutes les femmes ont besoin de se masser les joues avec un truc cylindrique et oblong, si possible doré en arborant un sourire béat « je me masse les joues et j’aime ça ». Autant vous dire que ce genre de truc dans la boîte aux lettres, ça s’assume pas forcément. Et puis c’était surtout pas franchement entré ( est ce le terme adéquat ?!!) dans les mœurs ( et ailleurs?! Oui c’est le terme adéquat finalement ! ). Les réality show n’existaient pas encore, les réunions Tupperware/sex toys non plus.
L’apprentissage de la sexualité se faisait entre deux lectures de OK Podium, 20ANS, les émissions du Doc sur Fun Radio et les Bd de Reiser et de Wolinski chourées dans la bibliothèque parentale.

Mais aujourd’hui vous voulez du sexe ? Vous en aurez à foison ! Il ne s’agit même plus de pornographie ou de chose honteuse, mais d’une sexualité affirmée, proposée au grand jour pour toutes les femmes (et les mecs aussi mais eux ils ont déjà donné, ils savent depuis longtemps où d’adresser …) jeunes, vieilles, grosses, minces, moches, belles, timides, complexées ou pas, exubérantes, farfelues, joviales, réservées : aucune femme n’est oubliée car depuis quelques années fleurit désormais bon nombre de supermarchés du sexe où l’on trouve de tout et pour tout le monde. Des noms évocateurs : EasyLove, SexyCenter ou encore Pink Plaisir, ces lieux de toutes les folies s’implantent pour la plupart au sein des zones commerciales à l’entrée des agglomérations, l’entrée y est interdite pour les moins de 18 ans et pour ce qui est des courses, allez-y avec un portefeuille bien rempli, le low-cost n’est pas encore au programme en matière de sexe ! Entre un tour chez Gémo ou un plein à la Grande Récré, quelques petites emplettes et le tour est joué.

Oui mais voilà, comment faire quand on a toujours pas la petite impulsion qui nous pousserait à franchir la porte de ces temples du plaisir ?

Il semblerait donc que certains designers aient eu pitié de ces pauvres demoiselles, dames respectables, célibataires, retraitées, mères de famille en mal de sex-toys, et se soient penchés sur une solution à tous leurs soucis. Une solution qui allie orgasme et récup, la jouissance du corps et des papilles, le développement durable du plaisir, mesdames, mesdemoiselles, laissez moi vous présenter le seul, l’unique DILDO MAKER !

Bon alors pour les ignorants du fond de la classe qui ont du mal à suivre, le mot Dildo signifie en anglais « godemiché ».

Ai-je besoin de vous faire la traduction ? Dildo Maker ? Oui ? Non ?

Machine à Godemiché ? Oui VOUS AVEZ TROUVE ! BRAVO ! C’est exactement ça !

Donc c’est l’histoire d’un brillant designer des années 30 appelé Raymond Loewy qui s’est  mis en tête de réinventer des objets pour leur donner une forme utile et attrayante. Ca donne un taille crayon qui ressemble à ça et qui sera un objet incontournable du XXème siècle.

Bon nombre de décennies plus tard on retrouve donc le même objet mais dont la fonction principale n’est plus de tailler des crayons mais des légumes, bougies, ou tout autre objet susceptible de faire office de godemiché ! Oui après tout, rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme !

Francesco Morackini, designer italien a donc envisagé une nouvelle utilisation de l’objet en le détournant dans un seul et unique but de plaisir et de jeu. L’esthétique n’est pas non plus en reste et même si cet objet est encore à l’état de prototype, on se plait à imaginer qui seront les acheteurs potentiels ? Je vois déjà vos yeux qui pétillent Mesdames !! ( Ou Messieurs ? )

Alors ami lecteur, dans quel monde vivons nous !?
Comment une chose est-elle possible, envisageable, comment imaginer une seule seconde recycler son vieux pied de chaise ou sa saucisse de la choucroute de midi en godemiché tout neuf et tout bien taillé ?


Pourtant, rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme ! ( vous suivez là ? je suis obligée de répéter bordel ! Merde ça y est j’ai dis un gros mot, tant pis !)
Allons, allons, pas de mauvaise volonté, au jour d’aujourd’hui
Pensez écolo, pensez recyclage !
Allez les Bobos, les Bios, les décroissants, vous pourrez même réutiliser vos carottes après !

Pensez Dildo !

(Mais ne le laissez pas traîner dans la maison quand même, ça pourrait vous foutre la honte !


Et oui, on n’assume jamais complètement …

dimanche 24 novembre 2013

Les activités pourries-scolaires ou comment colorier des libellules ?




Il fut un temps béni des dieux où j’allais récupérer ma troupe de putois à 16h30 le mardi, on balançait joyeusement les cartables dans un coin en rentrant à la maison, on se goinfrait de chocolat chaud et de brioche, on glandouillait avec frénésie devant des trucs bien débiles à la TV ou quand il faisait beau on allait se faire un petit coin de square histoire de taper dans du ballon et de prendre ma dose quotidienne de nicotine.

Puis un Ministre s’est demandé si ce serait pas mieux d’emmerder la tranche de population « Parents d’enfants en maternelle et dans le primaire » en décidant de faire sa réforme et tel un gigantesque caca nerveux ou caprice si on veut rester polis, il a bien accéléré le truc histoire qu’on se dise « Ah ouais le gars lui il a fait un truc  dont on se souviendra durant ce quinquénna ».

Ah, ça c’est clair mon gars, on va s’en souvenir de ta réforme, et de ton nom aussi d’ailleurs.

Désormais l’école élémentaire de mes gosses n’est plus une école peinarde et rythmée comme jadis à l’heure des Mamans. C’est plutôt la Gare Saint Lazare aux heures de pointe.

Donc pour ceux qui n’auraient pas encore compris le principe de la réforme, l’idée est de permettre aux enfants d’utiliser le temps du matin à l’assimilation des connaissances (qui se fait apparemment mieux le matin) et l’après midi serait orienté deux fois par semaine à des activités dites « péri-scolaires », sport, informatique, bricolage, dessin, magie, que sais-je encore …

Le temps consacré à ces activités est réparti comme suit :

Les mardis et vendredis, les enfants arrêtent de travailler à 15h00,  ils ont le choix de sortir pour rentrer chez eux (et je ne suis même pas certaine que les enfants qui ne sont pas récupérés par une personne ont le droit de sortir et de rentrer chez eux seuls) ou  de rester à l’école et de filer en atelier (en théorie) jusqu’à 16h30.

Ces 3 heures sont récupérées le mercredi matin qui est désormais une matinée de travail comme jadis le samedi l’était pour nous même ou certain de nos enfants.

Pas encore présente sur la totalité du territoire, les communes qui ne l’appliquent pas vont donc pouvoir juger dès à présent de l’efficacité de la chose et surtout de la masse d’énergie et de moyens qu’il faudrait déployer pour réaliser quelque chose de correct.

Notre Ministre a vraisemblablement des dons de magie. Oui c’est un véritable magicien. Il a réussi à remplacer le tout par le rien !

Oui car tout cela n’est autre qu’un vaste ensemble de rien. Personne ne sait rien, les enfants ne font rien, il ne se passe rien !

Puisque je vis dans la capitale, je vais donc parler pour mon compte et citer l’exemple de l’école primaire où se trouvent mes enfants, et ce afin de rassurer certains qui sont en Province et qui pensent peut être que dans une grande ville ça pourrait éventuellement mieux se passer : non Mesdames, Messieurs. A Paris c’est le championnat du monde de la loose et cela ne fait que commencer.

Voici donc une photographie du quotidien avec les nouveaux rythmes scolaires.

Au départ on avait la classe, la sortie à 16h30, le goûter/étude jusqu’à 18h00 pour certain et les ateliers bleus pour les autres (pour les courageux qui me lisent sans habiter la capitale, les ateliers bleus sont des ateliers proposés par la Mairie de Paris moyennant finance et au sein même de l’école, ils sont facturés en fonction du quotient familial et sont animés par du personnel Ville de Paris, entre 17h00 et 18h00 – théâtre, marionnettes, roller, échec, ping-pong …)

Depuis la rentrée, la direction de l’école où se trouvent Putois n°2 et Putoite en Chef n’a pas jugé bon de communiquer plus que ça sur les nouveaux rythmes scolaires. Ils étaient déjà contre avant même que la réforme ne se mette en place, je n’ai d’ailleurs jamais vu une école faire autant grève sur une durée aussi limitée. La réforme est donc passée et qu’importe, ils sont toujours contre et ils sont bien décidés à nous le signifier à nous parents. Comme si nous étions en quelques sortes responsables de cette absurdité.

Aucune information sur les fameux ateliers d’activités péri-scolaire ( pas de communication dans les carnets de correspondance , quels vont être les thèmes des ateliers ?) et un simple papier à remplir et à signer en cochant les heures de sortie pour l’enfant durant la semaine ( attention multichoix ! )

Ca nous donne donc :

le lundi 16h30 ou 18h00,
le Mardi 15h, 16h30 ou 18h00
le mercredi 11h30 (oui mais après Cantine ? Centre aéré ??)
le jeudi 16h30 ou 18h00
le vendredi 15h, 16h30 ou 18h ?  Je passe les cases 11h30 pour les externes …

Putois n°2 ayant trouvé un atelier bleu le vendredi entre 16h30 et 18h00, j’ai donc opté pour l’option complète le vendredi après midi et il m’a parlé d’un vague atelier informatique.

Là où ça a commencé à se compliquer, c’est pour Putoite en Chef. En CP les gosses sont relativement épuisés. Le passage de la maternelle à la « grande école » est un rythme très soutenu pour eux et les habitudes ne se prennent pas en deux mois. Pour peu que l’enfant soit de la fin de l’année comme c’est le cas de la demoiselle (30 décembre) ça nous donne des gosses tous chamboulés et qui ne seraient pas contre un bout de sieste pour récupérer tout ça.

Je décidais donc de sortir la demoiselle à 15h00 le vendredi pour la faire profiter d’une bonne sieste et la ramener ainsi reposée et dispo à son cour de judo pour 17h00. Rien de bien exceptionnel ni perturbant jusque là. Mais c’était sans compter sur la gentillesse de gardienne de l’entrée de l’école où se passe le judo (école primaire communicante avec l’autre école de Putoite).  Gardienne on ne peut plus conciliante et déclarant en me voyant arriver à 17h02 « le judo c’est à 17h00, la prochaine fois je ne vous laisse pas rentrer, de toutes façons la semaine prochaine vous laisserez votre fille à l’entrée, elle peut très bien aller seule au gymnase ».

Après avoir signifié à la dame qu’il était hors de question de laisser ma fille en électron libre se balader dans cette école qu’elle ne connaît pas et que je tenais quand même à la déposer auprès de son professeur,( comment être prévenu en cas d’absence du prof ! mystère ! ) je recherchais déjà une solution de repli pour avoir le moins de désagréments.

Je me rapprochais donc de la Directrice de l’école maternelle de Putoite en Chef où les enfants qui faisaient judo étaient récupérés en premier par le prof de judo,  après le goûter de 16h30 pour bifurquer directement vers le gymnase de l’autre école communicante. Il m’était plus simple de la déposer à 16h30 (elle aurait quand même pu profiter d’une sieste entre 15h00 et 16h30) et ainsi revenir fraîche et dispo pour prendre son goûter en compagnie de ses copains et filer avec eux au judo au sein de son école, avec ses repères.

Réponse de la directrice : impossible de la ramener à 16h30 : temps périscolaire = Mairie de Paris, elle n’est pas inscrite aux ateliers, elle n’a donc rien à faire dans les locaux de l’école sur ce temps là, elle n’est pas couverte par les assurances en cas de sinistre.

Ha d’accord. Donc on en était à chronométrer le temps d’un enfant passé dans sa propre école, sur une tranche horaire qui n’était pas non plus une heure ahurissante à laquelle elle n’aurait bien entendu pas été censée s’y trouver.

Bilan des courses

  • Ma fille obligée de rester de 15 h à 16h30 sur ce fameux temps péri scolaire Mairie de Paris, inscrite officiellement et en bonne et due forme, elle peut se casser un bras, s’éclater la tête par terre ou subir un incendie, madame la directrice est sereine, les assurances valident.
  • Une gamine épuisée, qui enquille 2h30 de sieste le mardi après midi et le mercredi après midi (alors qu’elle est au lit tous les soirs pour 21h maxi) et que je force à dormir le vendredi à 12h15 pendant une heure pour qu’elle soit armée et affronte ainsi une aprèm aussi chargée.
  • Un temps péri scolaire consacré depuis le début de l’année à du coloriage.
  • Une libellule multicolore (ce qui ressort de ces ateliers).
  • Les profs dépassés et impuissants.
  • La directrice qui regarde blasée son établissement où les va-et-vient sont désormais le lot quotidien, où la sécurité ne veut plus dire grand-chose. N’importe qui rentre comme dans un moulin. On fait ce qu’on peut, on est plein de bonne volonté mais on en peut plus.
  • Des gosses qui traînent dans la rue à partir de 15h (quel parent peut venir récupérer son gosse à 15h ? )
  • Le chaos.

J’ai rarement soutenu des grèves de profs.
Là pour le coup, ils ont ma sympathie à 200%
Un grand n’importe quoi.
Une réforme basée sur l’égo d’un gouvernement et de son ministre.
Du vide, du rien.
Là, vraiment, faudrait que ça s’arrête une bonne fois pour toute.


mardi 19 novembre 2013

Le temps et rien d'autre ...




Avoir 4 enfants c’est un bonheur de chaque instant !

Bon ça fait un peu phrase des années 50 avec la jolie pub mère au foyer venant de sortir une tarte aux pommes toute chaude du four, mais je m’en tape.

Je kiffe mes gosses.

Au grand étonnement d’un bon nombre de gens qui gravitent autour de moi, ces quatre putois ont tous été désirés, programmés, voulus. Aucun d’entre eux n’est un « accident » (comme certains se plaisent souvent à qualifier leur progéniture)  bref, une famille nombreuse, certes un peu atypique pour la moyenne parisienne qui ne comprend que 17% de foyers de trois enfants ou plus (source : Observatoire des familles parisiennes : www.apur.org)  contre 48% comportant un seul enfant.

Oui, ils ont tous été désiré, et même si l’un d’entre eux n’est pas issu de mon ventre et que je ne suis que sa «belle-mère» sur le papier, pour moi, c’est comme si je l’avais porté. Il vit sous mon toit, partage mon quotidien comme les autres. Cet enfant c’est mes tripes, au même titre que ses frères et sa petite sœur. Je déteste d’ailleurs le terme de demi-frère ou demi-sœur. Il n’y a pas de demi-enfant. Comme si l’autre moitié était vide. Ce gosse est mon fils. Point barre.

Avoir quatre enfants c’est donc un grand bonheur mais aussi une source assez conséquente de soucis.

Quand je parle de soucis, je ne suis pas en train d’évoquer des catastrophes ou des comportements issus de leurs esprits quelquefois machiavéliques (il faut bien l’avouer !). Non, je veux parler de ces soucis qui se présentent sous la forme de questions existentielles qui nous pénètrent le bide à nous parents, dès le premier jour de la naissance de ces chères têtes blondes (enfin en théorie ! J’en connais qui ne se poseront jamais ce genre de questions, hélas…) et qui ne vont qu’en augmentant dès qu’un de leurs pieds est posé au sein d’une école :

-          Va-t-il prendre froid s’il n’est pas assez couvert ?
-          Va-t-il se faire des amis à la récré ?
-          Va-t-il être invité à des anniversaires ?
-          Est-ce qu’il va bien regarder à droite et à gauche pour traverser la route en allant au collège ?
-          Va-t-il réussir de brillantes études ?
-          Est-ce qu’il mange à sa faim à la cantine ?
-          Est-ce qu’il se fait frapper par d’autres gamins ?
-          Est-ce que la maîtresse les surveille assez à la récré ?
-          Est-ce que la maîtresse va le détester ?
-          Est-ce que je vais détester la maîtresse ( les profs ? la proviseure ? )
-          Est-ce qu’il sera pris dans le cours de Ping-Pong ?
-          Combien de sorties en métro à travers Paris ?
-          Est-ce qu’il y aura une classe découverte de prévue cette année ?
-          Est-ce qu’il sera amoureux ?
-          Est-ce que je vais aimer l’élu(e) de son cœur ?
-         
-         
Autant de questions qui peuvent sembler dérisoires pour certain(es) mais qui peuvent très vite pourrir le cerveau et le quotidien d’une mère.

La liste étant à rallonge, je vous laisse le soin de la compléter en fonction de vos névroses…

Je me souviens des premiers jours à la maternelle de Putois n°1. Tout ne se passait pas vraiment comme prévu et il refusait de déjeuner le midi, et pleurait non stop dès l’heure du goûter jusqu’à 18h30. Une situation absolument effroyable pour la mère que je suis. L’emploi du temps familial s’est donc vu modifié pour lui épargner le centre aéré, les journées étant déjà bien longues.
Là encore, j’en ai entendu de toutes parts : « laissez le pleurer, il s’habituera » ou encore « le centre aéré ça ne va pas le tuer ! Ce sont des caprices ».
L’arrivée de Putois n°2 a simplifié bien des choses : congé parental de 3 ans enchaîné par un second congé parental de 3 ans pour Putoite en Chef.

Petits privilégiés qui ont pu garder auprès d’eux leur Maman à volonté. J’ai choisi, parce que je pouvais choisir. Ou plutôt parce que j’ai hiérarchisé mes priorités et je me suis ainsi donné les moyens de pouvoir choisir.

La priorité pour moi n’était pas de faire carrière. Pourtant, je végétais dans une entreprise où il faisait bon ronronner près du chauffage entre deux séances de papotage machine à café, ou bien au choix, sortir ses dents longues et entamer formations sur formations pour progresser et atteindre des sommets.

 Non, tout cela ne m’a pas vraiment intéressé.
J’ai opté pour la priorité enfants. Revu les comptes bancaires, reconsidéré les sorties, les budgets vacances, fringues, bouffe, en m’estimant déjà extrêmement privilégiée d’avoir un toit, un chauffage qui fonctionne et un frigo régulièrement plein. Le reste n’était qu’ajustements.

Quelquefois on n’a pas le choix, on ne se pose même pas la question.
Quelquefois on l'a mais on fait comme si de rien n'était parce qu'on ne souhaite pas l’avoir. On se cache derrière des tas de prétextes.
Quelquefois on l’a mais on n’envisage même pas de s’y attarder.

Je me souviens d’une conversation avec une Atsem où celle-ci me disait que certains parents auraient bien laissé leurs gosses toute la nuit s’ils avaient pu. Ces parents là, ils n’étaient même pas forcément issus de couches sociales défavorisées. Non, il s’agissait simplement de parents qui n’avaient que faire de leurs enfants.

Taper à la porte de l’école le matin une bonne dizaine de minutes avant l’ouverture pour laisser son enfant comme un paquet de chemise sales, sans même un au revoir, un baiser, une caresse, et venir le récupérer à la limite autorisée par la loi !

Mes enfants ont donc été couvés. Couvés dans le sens où j’ai pu leur offrir un confort quotidien. Des bisous à volonté, des trajets maison-école-maison sécurisés, des devoirs peaufinés, des câlins à la demande, des siestes sur l’heure du déjeuner, des repas équilibrés et cuisinés maison, des vêtements changés entre deux accidents ou à cause d’une matinée pluvieuse, du repos, de la détente, du calme.

J’ai pu les garder pour cause de grèves, de prof malade, de gastros, de rhinos.

J’ai pu accompagner chacun d’entre eux à toutes les sorties de maternelle et à quelques unes du primaire (encore en cours).

J’ai toujours redouté le spectre de la classe découverte, planant à chaque réunion de rentrée scolaire, j’imaginais déjà la maitresse nous annonçant l’éventualité d’un départ en cours d’année pour 3 semaines dans une destination Normande ou Bretonne à la découverte de je ne sais quelle région pleine de promesse.

Cette année, c’est le voyage au ski dont il est question avec la classe de 5ème.

Je sais dès à présent que mon fils n’ira pas au ski. Je le sais et lui aussi le sais. Il a d’ailleurs bien rigolé en m’annonçant la chose « Maman tu ne vas pas être contente, y’a un séjour au ski qui est prévu cette année ! »

Il me connaît trop bien ce gosse. Il sait qu’il est inenvisageable pour moi qu’il mette un pied dans un autocar ou qu’il parte en voiture avec une autre personne que sa tante, son père ou moi.

Je sais combien ma réaction est en décalage avec la réalité. La peur n’évite pas le danger.
J’ai souvent entendu mon entourage me reprocher de mettre mes enfants sous cloche.
Etrange considération quand on observe ma tribu. Ils ne sont pas timorés, sont très à l’aise dans des tas de situations, polis et enthousiastes, dégourdis, avides de découverte. Je ne les sens pas en retrait ni en décalage par rapport à d’autres enfants.

Peu importe. Je ne demande pas à ce qu’on me comprenne mais simplement qu’on respecte mon choix. Tout comme moi j’ai respecté le choix de ces femmes (ou de ces hommes !) qui ont largement eu la possibilité se mettre à mi temps et de gagner encore leur vie confortablement mais qui ont préféré laisser à l’employée de maison ou au centre aéré le soin de s’occuper de leurs enfants plutôt que de venir les chercher à la sortie de l’école à 16h30 pour leur accorder du temps. Allez, même pas une cantine ! Une simple sortie de classe ?! Et bien non, c’était déjà trop demander.

Du temps…

De quoi  donc a besoin un enfant ?
D’amour, de repères, de limites et de temps.

Ironie du sort, les trois premiers besoins dépendent forcément du dernier.
Comment donner de l’amour sans donner de son temps ?
Comment donner des repères sans attention, sans encadrement ?
Comment donner des limites en étant absent ?

La société d’aujourd’hui pose la barre trop haut. Les hommes sont hors concours, ils ont déjà tout. Les femmes elles, veulent tout et si possible sans avoir à faire de choix. Elles désirent un père plus impliqué dans la maison et les tâches du quotidien, elles souhaitent une carrière, des enfants parfaits, un intérieur cosy digne d’ « Art & Décoration », du repos, de la détente entre amies, bref, la conciliation parfaite entre vie privée, professionnelle, amoureuse, familiale. La juste dose là où il faut, comme il faut.

Je ne connais personne dans ce cas là.  

L’égalité homme/femme dans le temps accordé aux enfants, aux tâches du quotidien et dans le travail est encore un vaste chantier et nous savons toutes qu’il n’est pas prêt d’être terminé.
Nous savons également que cette perfection du quotidien à laquelle nous aspirons toutes ne sera jamais accessible !

Il y a des choses qui ne se remplacent pas, et cela tous sexes confondus !

Un enfant aura beau avoir des parents aimants, heureux, épanouis par leur travail et l’amour qui règne au sein de leur couple, le temps qu’ils auront su leur accorder, (ou pas), sera irremplaçable !

Il en va des enfants comme de l’humain en général.
Donner de son temps à l’autre est certainement la seule solution qui puisse nous pousser vers plus de sérénité.


Si vous avez décidé de faire des enfants, alors il va falloir prendre le temps.

jeudi 7 novembre 2013

Gravity, la face cachée du néant !



Attendu comme le film de l’année ( du mois ? de la semaine ? ) Gravity n’était pas encore sorti sur les écrans français que la presse le portait déjà au top 5 des réalisations de ces 30 dernières années, faisant ainsi avancer le 7ème art, au même titre que Jurassik Park ou je ne sais quel autre film ( je n’ai pas retenu toutes les critiques et j’avais mal au crâne ).

Avec la farouche volonté de ne pas mourir complètement idiote et refoulant dans leurs plus lointaines contrées mes préjugés sur les films de l’espace, je me rendais à l’évidence : je devais voir ce film ! Un film encensé par la quasi-totalité de la presse (spécialisée ou pas) ne pouvait que produire son petit effet (positif) sur un cerveau fatigué, à tendance amibesque (le mien en l’occurrence, en pleine période de vacances scolaires. Courage, oui courage, c’était bientôt la rentrée …).

Comme toute bonne spectatrice, il me fallait recharger en coca zéro et en pop corn sucré XXL pour affronter l’expérience cinématographique la plus incroyable du moment.
Parée j’étais.

Alors, comment vous dire, comment vous avouer que cette expérience intersidérale ne réussit en aucun point à me convaincre ? Mais alors pas du tout ! Comment exposer puis défendre un point de vue sur un ressenti personnel quand 85% du genre humain n’est pas franchement d’accord avec vous et s’obstine à penser que le monde là, tout de suite, ne pouvait se résumer qu’en une seule équipe : la TEAM GRAVITY !

GRAVITY EST UN FILM EXCEPTIONNEL, extraordinaire, formidable, révolutionnaire de technique, magique, intense, profond, humain ( j’en ai sans doute oublié quelques uns ).

Etait-ce mon coté de quarantenaire aigrie et blasée qui prenait le dessus ou tout simplement une évocation lambda d’un état de fait : non ce film ne m’avait pas transcendé, du moins pas à la hauteur des critiques que j’avais pu lire.

Passée la pureté des images et les effets spéciaux à couper le souffle ( soyons objectifs ), il n’y avait rien.
Rien qu’il soit possible de puiser. Une inconsistance massive.
Un jeu d’acteur vu et revu. Le gentil commandant  macho qui fait des blagues à deux balles, qui sait garder son self control dans la situation la plus absurde (se balader en fauteuil à propulsion et remorquant une pauvre  nana en panique au beau milieu de l’espace). Le sacrifice inévitable de Monsieur car il faut que la femme vive ! (Déjà , là on se doute bien que la fin sera -ATTENTION SPOILER- heureuse ! Ben oui franchement ! Ce type va pas se sacrifier pour rien non plus, sinon il l’aurait laissée dans l’espace cette gourdasse, et il se serait barré direct vers le satellite sans plus tarder parce qu’au final tout ce beau bordel c’est quand même de sa faute à elle !)

Si elle avait daigné bouger son séant au moment où on le lui demandait, ils ne se seraient pas tous retrouvés comme des ronds de flan à slalomer entre les morceaux de satellites !

On se retrouve alors spectateur d’une gigantesque partie de saute mouton entre le Docteur Ryan Stone et les stations spatiales réduites à l’état de vaisseaux  fantômes ( oui elle s’appelle Ryan mais c’est une femme, même si elle a un prénom de mec car « on attendait un garçon dans sa famille » et c’est à peu près tout ce que l’on saura de sa vie personnelle, sinon qu’elle avait une gamine et qu’elle n’en a plus : perdre son enfant à l’âge de 4 ans ça vous pousse forcément à embrasser une carrière d’astronaute histoire d’aller voir ailleurs si le restant de la galaxie est moins pourri que le plancher des vaches).

Un arrêt spectaculaire sur le corps de la dame en apesanteur qui nous fait agréablement profiter de sa plastique parfaite (la cinquantaine flamboyante ! Le botox également) c’est à ce moment précis que l’on apprend qu’une astronaute est en sous vêtements sous sa combinaison ! HA D’ACCORD !

Et que je te balance une petite position fœtale bien orchestrée pour situer le contexte (facile en même temps la position fœtale en apesanteur !) et que je te filme la dame de derrière, histoire de bien profiter de la vue sur des cuisses aussi bétonnées que la Costa Brava.

Après une succession d’emmerdes assez conséquentes (incendie, réparation et démarrage foirés pour cause de parachute récalcitrant) l’héroïne s’épuise et finit par se laisser aller, après tout, elle aura beau hurler, y’a pas grand monde qui l’entend au fin fond de son satellite pourri !

Le salaire de Monsieur Clooney nécessitant probablement un temps d’image minimum, il refait surface, sorti de nulle part et on y croit presque jusqu’au moment où l’on comprend qu’elle est en plein délire, à mi chemin entre le rêve et le cauchemar (oui, avouons le, ça doit franchement être cauchemardesque de vivre de tels instants).

Bref, elle finit par se rendre compte que c’est pas tout ça mais qu’il faudrait quand même rentrer pour l’heure de l’apéro et Ô lumineuse idée, un extincteur va l’y aider ! Oui les amis, on a toujours besoin d’un extincteur à proximité quand on est astronaute, ça peut faire effet de propulseur de l’espace ! Le Docteur Ryan Stone était en fait la petite sœur cachée de Mac Gyver. Bon.

Le dernier grand saut, la station chinoise atteinte, elle réussit à démarrer l’engin avec un tableau de bord  totalement rédigé en … chinois (de fait ! Car en plus d’être astronaute, elle lit parfaitement le chinois !) la capsule arrive par on ne sait quel miracle à se détacher puis se diriger vers la terre,  traverser  les couches de gaz successives dans un embrasement façon barbecue party pour atterrir au beau milieu d’un endroit qui ressemble à une rizière (la logique asiatique !)! Non sans un certain mal d’ailleurs parce qu’elle manque quand même de finir noyée dans sa capsule (c’est ballot) ! Cocotte, tu te les cherches aussi, tu aurais pu attendre un peu avant d’ouvrir le bidule.

Retour sur la plastique irréprochable de Sandra Bullock. Le brushing assez préservé et quelques minuscules égratignures. C’est une femme debout, entière, victorieuse, alelluïa ! Dieu bénisse l’Amérique !

J’imagine déjà les cris horrifiés de la Team Gravity ! Comment peut-on descendre ce film qui n’est que pur chef d’œuvre ?! Comment oser ?

On a récemment décrété que ne n’avais pas apprécié le film pour la bonne et simple raison que je ne m’étais pas laissé porter pas son univers.

Au-delà des effets spéciaux et de toute la réalisation qui mérite d’être largement récompensée et applaudie (on a vraiment l’impression d’être avec eux dans l’espace, à plus forte raison  grâce à la 3D qui nous fait virevolter des éclats de satellite de part et d’autre de l’écran ! ) je n’ai tout simplement pas eue l’envie de me laisser porter par la vacuité de l’histoire en elle-même. Un scénario banal. Une histoire banale. Ou plutôt la volonté du réalisateur de nous projeter dans l’histoire extraordinaire d’une femme ordinaire. On s’accroche à son fauteuil en se demandant si cette pauvre nana va réussir à s’en sortir et on n’arrive même pas à imaginer combien l’angoisse dans laquelle elle est plongée doit être conséquente.

Car Gravity est un film d’angoisse. Ce n’est pas un film sur l’espace, sur la technologie spatiale américaine, ou sur la force d’une femme face à une situation presque inextricable ! Non ! Gravity est pire qu’un thriller psychologique. Ce film vous jette à la figure la pire angoisse existencielle, celle que l’être humain redoute depuis la nuit des temps : la solitude face à la mort ! On est comme étouffé à l’intérieur du film avec l’héroïne, on a envie de lui arracher son casque et respirer un bon coup avec elle.

Stone se débat avec frénésie telle un cafard qui souhaiterait s’échapper d’un bocal. Elle n’a qu’une chance infime de pouvoir sortir de ce bourbier et elle essaye coûte que coûte de la tenter. La mort est là, elle plane partout, essaye de la rattraper à chaque occasion mais se fait shooter à chaque reprise. En attendant on suffoque avec elle, on a envie de taper dans les parois du bocal de tout péter et de rentrer au plus vite respirer.

Quel être humain va aujourd’hui réfléchir à la précarité de son existence ? Quelle condition aussi improbable peut le mettre en face de cette réalité : la vie n’est qu’une succession de luttes interminables, ici bas ou dans l’espace (voir même surtout dans l’espace ! ) il faut sans cesse se battre contre tout, à commencer par soi-même.

Alors, certes, celles et ceux qui n’ont pas souvent l’occasion de regarder autour d’eux et de se dire « tiens, demain je serai peut être mort » verrons en Gravity un chef d’œuvre incommensurable où l’action et son incroyable dimension spirituelle nous renvoient à la nature même de notre condition de mortel.

Pour les autres comme moi qui se lèvent le matin en se demandant si cette journée ne sera pas la dernière, ils regarderont ce film en baillant. Oui tu vas mourir Stone. Mais l’instinct de survie étant le plus fort, t’es quand même un peu obligée de t’agiter avant des fois que, sinon c pas marrant (et surtout le film n’aurait aucun intérêt, déjà que le scénario est un peu encéphalo plat...) Tu vas mourir Stone, mais pas aujourd’hui ! N’oublions pas qu’on est dans un film avec deux (bons) acteurs américains et que l’un des deux est déjà cané en se sacrifiant dans d’atroces souffrances, donc faut pas déconner, on est là pour faire du politiquement correct !

L’idéal serait quand même de ne pas attendre des nanars de ce genre pour avoir des réflexions un peu plus approfondies sur le sujet. Sans tomber dans une morbidité outrancière, revenir régulièrement sur le coté éphémère de notre présence sur cette terre a le mérite de remettre quelques pendules à l’heure, ET dans notre comportement avec autrui, ET dans nos agissements personnels !

En résumé, et c’est un avis très PERSONNEL : n’y allez pas, c’est chiant comme la pluie.

Si vous voulez absolument voir un Clooney  affrontant la mort, louez-vous « The descendant », un film qui fait réfléchir sur la mort sans avoir besoin de se barrer à des milliers de kilomètres de la terre. Si vous voulez une bonne dose de Science-Fiction familiale et politiquement correct, ressortez Avengers ou pourquoi pas Armaggedon ! (histoire de se marrer au moins un peu avant de mourir quoi !? Non ?).



samedi 8 juin 2013

Le bonheur, c'est simple comme une sortie scolaire !






Je déteste les sorties scolaires.
Pas mécontente de terminer la dernière année de maternelle de Putoite en Chef,  je me dis que son année de CP sera moins agitée.
Je n’ai jamais réussi à comprendre cette ferveur quasi religieuse dont font preuve les maîtresses ( oui je sais on dit professeurs des écoles, mais je m’en fous ) à vouloir trimballer ces pauvres gosses à travers des musées bien trop compliqués pour eux et qui ne retiennent pas la demi moitié de ce qu’ils ont vu durant une visite interminable, fatigante, inutile.

Il était donc question d’aller rendre visite aux antiquités grecques du Louvre.

Vingt neufs enfants entre 5 et 6 ans, encadrés par 7 adultes (le 8ème ayant déclaré forfait au dernier moment, esprit éclairé !)

Nous voici donc partis en sortie scolaire.

Alors, coté transports, l’Académie de Paris  n’a rien trouvé de mieux que de faire se trimbaler ces pauvres gamins en bus et en métro. Ce qui me désole, c’est d’imaginer que celui qui a pondu cette circulaire, n’a sans doute jamais levé son cul de sa chaise et  accompagné vingt neufs gamins dans une sortie scolaire à travers Paris.

Vingt neufs enfants dans un bus accordéon, à se tenir tant bien que mal entre deux secousses et coups de freins.
Bien entendu, il y a toujours une morue parmi les passagers présents qui vous demande de gérer les enfants de façon à ce qu’ils fassent le moins de bruit possible.
« Madame, ils ont 5 ans, vous n’avez pas eu 5 ans ? »
« Si, mais moi je savais me tenir ! »
« Madame, il suffit de regarder votre tronche pour imaginer que vous êtes parfaite » 
ALLER LES ENFANTS JE NE VOUS ENTENDS PAS ! FAITES DU BRUITTTT !
(Exit la vieille).

Arrive la séquence frisson : Le métro

Quand un groupe d’enfants en sortie scolaire pénètre dans le métro, les accompagnateurs se transforment en une sorte de brochette de supers héros indescriptibles, capables de déployer n’importe quels supers pouvoirs pour ne pas perdre leur progéniture. D’ailleurs à ce stade, l’accompagnateur ne gère QUE ses gosses dédiés. Il s’en fout un peu des gosses dédiés aux autres parents présents. Chacun sa merde !

Forcément, la maîtresse trouve beaucoup plus pratique de nous fourguer 29 tickets de métro à poinçonner (faudrait pas se faire contrôler, ce serait ballot ! ) plutôt que de s’être renseignée au préalable si on pouvait pas bénéficier d’un billet groupé et de passer par la porte handicapée (oui avec 29 gosses, on peut se considérer comme handicapés !) ce qui aurait évité aux 29 gosses de passer au tourniquet, accessoirement de se le prendre dans les gencives en ne poussant pas assez fort, et de se recevoir la foudre des 2 563 322 555 personnes qui aimeraient juste passer par l’un des 2 tourniquets disponibles sur les 15 présents ( la RATP se tire la bourre avec la poste en matière de matériel inutilisable )

Nous réussissons quand même à arriver à destination, après avoir pris le chemin des écoliers (HA HA HA, elle est bonne celle là …) car la maîtresse, complètement paumée sur le site, ne comprend visiblement pas qu’il faut d’abord traverser un centre commercial et puis après entrer dans le musée.

C’est à partir de ce moment là que les choses se compliquent …

Première journée de chaleur attendue à Paris, 28 degrés en extérieur, une clim moisie à l’intérieur, 29 gosses déjà épuisés par des conditions de transports que l’on n’infligerait pas à du bétail, et pas une bouteille d’eau de prévue par la maîtresse, ni même un arrêt pipi.

«Non Victor, tu n’y penses pas car tu te fais du mal,  si tu as soif tu arrêtes d’y penser et tu n’auras plus soif ! »

HA D’ACCORD ! (Et si moi j’arrête de penser à ma cellulite, est ce qu’elle va disparaître dites, Madame la maîtresse ???)

Un sketch ! J'ai l'impression d'être dans un sketch de Roland Magdane !

Mutinerie des parents qui décident d’emmener les enfants se rafraîchir et se soulager. Faut quand même pas pousser. Entre temps la maîtresse frôle la crise d’apoplexie car son téléphone portable 1ère génération ne capte pas à l’intérieur du Louvre (Nokia 3310 ?!) et la conférencière qui nous attend ne donne pas signe de vie ! MAIS POURQUOI !?

Arrivés devant les statues grecques, c’est enfin le temps de l’accalmie (enfin façon de parler) car la maitresse continue de tourner en rond et nous aussi  (ça nous l’avons malheureusement compris qu’après l’avoir suivie !!) pour trouver du réseau. Une pause est donc décidée à quelques mètres de la Vénus de Milo (je tente un « Pas de bras, pas de chocolats » auprès des gamins mais ils sont plus réceptifs au désormais non moins célèbre « t’as pas d’amis, prends un curly » qui sera une variante. La Vénus de Milo n’avait donc plus d’amis).

La conférencière se permet donc le luxe d’arriver avec une demi heure de retard pour finir par  déplacer les gamins d’environ 5 mètres devant une statue d’Aphrodite, au milieu des groupes, du brouhaha incessant, de la chaleur, des touristes qui visitent ce site avec autant d’intérêt et de respect qu’une usine de recyclage du plutonium. FUCK !

Là j’ai juste envie d’avaler une demi boîte de doliprane. Ou de faire  fumer un bon gros pétard à la maîtresse, histoire que l’atmosphère soit quand même un peu moins infernale, les trois quarts des gosses ne sont pas réceptifs, la conférencière est à peine audible, on est au cœur d’une étuve. Mais qu’est ce que je fous là ?

Ascenseur, premier étage, on va jeter un œil à des toutes petits choses qui se trouvent dans des vitrines très fragiles.

Arrivée devant une série de petits objets, la Conférencière se lance sur une explication très détaillée et minutieuse de leur utilité. Donc sur la totalité des antiquités Grecques exposées au sein du Louvre, cette Dame ne trouve rien de mieux que de centrer son discours sur une dinette (oui, oui, une dinette !) appartenant à une petite fille morte très jeune et qui a été enterrée avec, car les grecs, à l’instar des égyptiens, adoraient enterrer leurs défunts accompagnés de leurs objets fétiches, afin que ceux – ci puisse s’en resservir dans l’au-delà.
« Vous voyez, la petite fille s’en est bien servie de sa dinette avant de mourir, et ses parents, ont voulu qu’elle soit mise dans sont cercueil avec elle, comme ça même morte elle pourrait jouer à la dinette ».

Et sinon, le prochain arrêt ? C’est un truc sur les enfants sacrifiés ? Ou bien une version hardcore du petit poucet ? Un cataclysme ?
Ma fille m’en parle encore deux jours après. Elle qui n’est pas choquée une seule seconde par mes photos et mes visites de cimetière, ressort traumatisée du discours de cette nana qui n’a pas su se mettre une seule seconde à la place de ces 29 enfants et leur a servi brut de décoffrage une expérience de la mort complètement irrationnelle.

Fin de la visite (donc en recomptant ça nous fait 1h30 de transport aller -et autant de retour- pour 40 minutes de conférence ! Youpi ! ) la maîtresse décide de rentrer illico. 
Seconde mutinerie (virulente) des parents et arrêt de nouveau imposé pour boire et faire un pipi. La vingtaine de touristes féminines faisant la queue aux toilettes depuis 3 plombes manque de nous égorger quand elles nous voient passer devant elles. On s’en fout, on ne comprend pas les insultes en Mandarin, ni en Pendjabi de l’Est. NAMASTE !

Retour dans l’autre sens, même équipe, même punition, les gosses complètement épuisés, un peu plus calmes au vu de l’état de leurs batteries. L’arrivée à l’école se fait une demi-heure plus tard que prévue, la Maîtresse mettra deux semaines pour s’en remettre, le temps de changer éventuellement de portable et de se préparer mentalement à la dernière sortie scolaire de l’année, qui se déroulera sur une journée entière avec pique-nique et déplacement en autocar.

J’en rêve déjà …


#Prozac

lundi 25 mars 2013

Indignation sélective





Quelle est la définition exacte de l’indignation ?

Larousse nous propose la suivante : Sentiment de colère ou de révolte que provoque quelqu'un ou quelque chose.
Colère ou révolte.
Globalement, y’a un truc  qui passe pas.

La définition ne nous incite pas à rechercher des degrés d’indignation.

Il parait que Dieu vomit les tièdes.
Je ne suis pas Catholique, mais je trouve ce verset du livre de l’Apocalypse assez intéressant.

(Apocalypse 3:14-16) : 
« Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. »
Intéressant parce que cette phrase justement placée dans un contexte d’indignation peut céder la place de Dieu à n’importe qui :  vous, moi, ou tout autre quidam de base.

Qui a seulement envie de voir l’objet de son indignation se transformer en un vaste champ de compromis, de sérénité, d’accalmie : la Suisse dans toute sa splendeur.

Ce verset était l’une des phrases préférées d’un ami très cher aujourd'hui disparu.
Sa prise de position, lorsqu'il estimait une situation injuste et inacceptable, était immédiate et sans concession. Il n’y avait pas de retour possible sur la situation.
Sans vouloir jouer au Zorro de service, sans se lancer dans des causes perdues ou pseudo valorisantes (de ces chaînes que l’on voit défiler inlassablement sur les fils d’actu de nos réseaux sociaux) il se plaçait simplement, se positionnait dans le camp qu’il souhaitait défendre et avait le plus souvent posé le pour et le contre avant de s’y aventurer.

Sans orgueil et avec la ferme intention de placer ses arguments, il avait le mot juste et rigoureux pour démonter pièce par pièce l’opposition qui se retrouvait, vulgairement parlant, le nez dans la merde. Et qui au final, n’avait fait que mériter ce sort.

En matière d’injustice et d’inacceptable,  je n’ai jamais pu être mesurée. 

Je suis probablement née en colère. Perpétuelle râleuse, sans doute aigrie aux yeux de certain, la quarantaine me fait désormais choisir avec délectation des sujets d’indignation plus ciblés, plus orientés.

Je me souviens  avoir souvent craché sur des vieilles en fourrure dans la rue alors que j’étais ado.

Je me souviens m'être faite frappée par une femme à la caisse d'un magasin parce que j'avais eu le malheur de lui signifier qu'on ne tabasse pas un enfant pour une chaussure oubliée dans un rayon.

Je me souviens avoir, il n’y a pas si longtemps que ça, hurlé sur une vieille cannoise qui après avoir empaqueté la merde de son chien de poche, s’était employée à jeter  le sachet plastique sur le bord de la route.

Je me souviens avoir plus d’une fois râlé après un abruti qui passait devant moi à la caisse d’un supermarché (oui bon, ça date sans doute d’hier, et d’avant-hier aussi).

Je me souviens avoir hurlé sur la puéricultrice de la maternité qui refusait de me donner des biberons de lait pour ma fille qui criait famine sous prétexte qu'elle devait  se réguler dans ses tétées et que l’on ne mélangeait pas du lait maternel et du lait  artificiel.

Je me souviens avoir insisté auprès de plusieurs médecins pour la révision de leur diagnostique insatisfaisant à mes yeux quand il s’agissait de mes enfants. A juste titre.

Des centaines de situations, qui peuvent apparaître dérisoires, jusqu’au jour où quelques évènements deviennent plus graves et qu’il faut là aussi prendre position, au risque de perdre des amitiés, au risque de me retrouver seule. Parce que refuser de se positionner face à quelque chose qui nous révulse, ce serait ne plus pouvoir se regarder dans un miroir.

Je me souviens aussi avoir reçu ces conseils bienveillants de proches qui ne souhaitaient pas faire de vagues. Il est de bon ton de se mêler de ses affaires.  Non, dans bien des cas, l’homme déteste faire des vagues. Il ne faut pas moufter, il ne faut pas la ramener. Toujours se contenter du milieu, de la tiédeur et de la douceur. Pas de bruits, pas de casse, pas de hargne, pas de rogne, pas de grogne. Il faut surtout être poli ! C'est pas beau l'impolitesse, le gros mot ? Pas de ça chez nous, non non non, il ne faut pas. Surtout pas.

Pourtant, ces mêmes personnes qui refusent de s’indigner pour quelques propos qui ne les concernent pas directement, seront sans doute celles qui s’étonneraient de vous voir refuser de défendre leur propre cause.

Mais où étiez vous donc quand je me faisais lyncher ?

Où étiez vous donc quand il y avait un honneur à défendre ? Un ami à sauver ?

S’indigner, comme l’impose  la grande mode depuis ce charmant manifeste de quelques pages, ce n’est pas simplement s’indigner pour de grandes causes qui semblent régir notre avenir, l’écologie, la faim dans le monde, le conflit Israélo- Palestinien.

S’indigner ce n’est pas publier sur son mur Facebook une photo d’un animal à moitié mort dans un refuge ou d’un bébé à la tronche éclatée en cliquant sur « j’aime »  car « si tu ne veux pas que ça se reproduise, clique sur « j’aime ».

L’indignation est bien plus intrinsèque aux méandres de notre esprit. Elle doit surgir comme un bouillonnement du plus profond de nos tripes qui fait que ce que l’on voit, ce que l’on lit, là tout de suite, (et peu importe qu’il s’agisse de quelque chose de dérisoire ou de grandiose) provoque en nous un sentiment d’injustice et de malaise profond. L’indignation est un message qui doit se maîtriser pour être dilué de la façon la plus objective et la plus certaine.

La résignation fait souvent place à l’indignation.

Je mourrai probablement comme je suis née : contestataire, râleuse, réellement indignée. De tout comme de rien, et certainement sereine d’avoir emmerdé le monde autour de moi.
Droite dans mes bottes.
Et vous ?

lundi 18 février 2013

Friends




Hier soir, alors que je m’apprêtais à tenter un endormissement furtif d’environ 4 bonnes heures ( mon maximum étant cinq par nuit, je vise la barre déjà haut avec 4 ) je ne pouvais m’empêcher de rejeter un œil sur notre ami facebook.
Addiction ? Réflexe ? Vice ? Peu importe. J’assume totalement la présence de ce réseau social à l’intérieur de mon existence.
Certain diront qu’il est inconcevable d’y passer autant de temps ou d’y afficher sa vie de façon aussi impudique. Moi je dirai seulement qu’il faut vivre avec son temps et que ceux là même qui critiquent ces réseaux sont les mêmes qui refusaient il y a 10 ans un téléphone portable pour la bonne et simple raison qu’ils ne souhaitaient pas avoir «un fil à la patte». Aujourd’hui,  une vie sans téléphone portable est aux frontières du réel !

1h52 au réveil et ma messagerie affichait un petit  onglet rouge. Je cliquais dessus et découvrais quelques photos d'un cimetière Corse.

Fleur était partie passer le week-end en Corse et c’est tout naturellement qu’elle avait dû penser à moi en traversant un cimetière pour pénétrer dans l’enceinte d’un village comme elle me l'expliquait dans le message.

Un message simple. Banal. Trois photos et un clin d’œil.

Un message qui ne pouvait pas me laisser indifférente.

Un message qui à lui seul m’envoyait toute l’amitié que Fleur éprouvait pour moi. Connectée à ma personnalité, elle n’avait pu s’empêcher de penser à cette passion des cimetières qui m’accompagne au quotidien et  à cet instant précis, j’avais senti qu’un peu de moi l’accompagnait. Par cette attention, cette simple pensée.

Quelques temps plus tôt, c'était une photo d'un cimetière écossais, postée par Sylvie, d'une tombe  d'enfant avec une incroyable voiture scellée au dessus, envoyée par Nathalie en vacances sur l'île San Salvador, ou bien un clin d'oeil dans un des albums photos de Caro, au travers de plusieurs clichés de cimetières lors de ses périples.

Au final, que recherchons nous avant tout dans nos vies ?

Le grand amour ? Le bon boulot ? La jolie maison ? L’argent à profusion ? Les voyages ? La célébrité ? La famille Ricoré ? Les enfants sages et brillants ?

Je crois qu’avant toute chose, nous recherchons l’existence au travers de ceux qui nous accompagnent. De près ou de loin, nous sommes à l’affût du moindre de leurs regards, d’une approbation, d’une pensée, de la certitude d’être important dans leurs vies, d’y occuper une place de choix, si petite fusse-t-elle, et d’être certain de ne jamais rester sur le bord de la route. Avec l’immensité de notre solitude.

On ne choisit pas sa famille. On choisit ses amis.

Mes 40 ans arrivant à grand pas, je regarde derrière moi et tire désormais le bilan de ces amitiés qui entourent ma vie.

Il y a les institutionnels, 40 années de vie, 37 ans d’amitié. Rencontrés sur les bancs de la maternelle, nous avons écorchés nos genoux dans ces cours d’écoles au goudron rouge, nous avons appris ensemble la mort de Claude François, nous avons porté des pantalons à carreaux, des bonnets de bain en plastique qui nous arrachaient les cheveux, nous avons mangé les glaces de Tito le samedi matin, lorsqu’il arrivait dans sa Dyane orange et blanche, nous avons  hurlé devant les gratins de nouilles servis par Tata Yvonne à la cantine, nous avons connu les bancs du collège et même du Lycée.  Ils sont mes repères, mon enfance sucrée, ma mémoire quand elle flanche, mes madeleines de Proust. Avec eux c’est évident.

Il y a celles et ceux rencontrés au Collège et au Lycée. Certains restés fidèles quelques années puis qui finissent par disparaître et d’autres devenus plus que de simples copains d’école. Première boum des 15 ans, premiers flirts, disques vinyle encore 33 tours, les samedis après-midi à arpenter la même rue cinquante fois pour croiser LE garçon qui habitait là, les premières fêtes du cinéma, la nuit des publivores, les montées des marches, le Blitz, le Disco 7, le Prétexte, les 3 Cloches, la plage.

Il y a le hasard des amitiés nouées durant les vacances, les jobs d’été,  les premiers boulots.

Il y a les études supérieures. Ceux qui, présents au départ, se sont volatilisés, quelques années plus tard. Au gré des affinités.

Il y a les nouvelles recrues, fraîchement issues du monde professionnel.
Là, le tri se fait de façon rapide et efficace car dès que nous quittons une entreprise pour une autre, rien n’est plus vrai que le célèbre adage «loin des yeux, loin du cœur». Ne restent que ceux qui nous aiment vraiment pour ce que l’on est.

Il y a le club des Mamans, et ces mères avec qui l’on sent arriver immédiatement la connexion parfaite : enfants du même âge, et une idée de la vie assez similaire. Cela ne peut que fonctionner.

Il y a les pièces rapportées ( sans connotation péjorative, aucune ! ) ou comment agrandir son cercle d’amis en se faisant présenter des amis d’amis qui deviennent encore plus que des amis ! Qui s’élèveraient presque au statut de famille ! L’une commence une phrase, l’autre la termine. Il y a les dîners, les afters, les virées improbables, les soirées impromptues, le plaisir d’être ensemble, de rire non stop, à en avoir mal au ventre. A ruiner son mascara, à faire péter le glamour.

Il y a les virtuels, ceux qui ne font qu’apparaître au travers de notre petite fenêtre ou bien sur le fil d’actu de  Facebook. Ceux là même triés sur le volet et appréciés. Amitiés en devenir ? Piliers virtuels.

Il y a celui qui nous manque atrocement. Parce qu’il n’est plus là. Parce qu’il ne reviendra plus. Parce qu’il a décidé d’aller voir ailleurs si l’herbe était plus verte. Et même si l’on respecte son choix, il y a la souffrance quotidienne due à son absence. La sensation qu’il est juste pas bien loin, l’impression qu’il va réapparaitre. La tristesse. Il n’y a que le temps qui puisse atténuer une blessure aussi douloureuse. Alors les souvenirs, c’est tout ce qu’il reste. Et puis honorer sa mémoire. Surtout.

Il y a toutes ces amitiés.

Sans eux, sans cette indéfectible amitié, sans cette longueur d’onde inébranlable, sans cette connivence perpétuelle, sans cette connexion d’âme,  que serai-je moi ?

L’être humain n’est pas fait pour vivre seul.
Animal certes, mais comme le disait si bien Aristote, animal social.

A vous tous,

Sylvie, Anaïs, Mireille, Céline, Fleur, Anne, David, Jérémie, Joël, Etienne, Caroline, Sandrine, Laurence, Christophe, Valérie, Sylvie, Sophie, Sophie, Sophie (y’en a tellement !) Marie, Alex, Magali, Michèle, Béatrice, Laetitia, Valérie, Fabienne, Julien, Olivier, Clément, Nathalie, Nathalie, Isabelle, Karine, Virginie, Karine, Mathieu,  Nathalie, Véronique, Fabien, Maryline, Carole, Virginie, et tous les autres …

A toi Cédric,

Merci.

jeudi 7 février 2013

Eugène, Oscar, Pardon ...





Il y a quelques heures,  alors que je surfais nonchalamment, enchaînant les allers-retours entre Twitter et Facebook, je m'arrêtais quelques instants sur le retweet d’un article évoquant un tag au Louvre Lens.

Poussée par la curiosité, j’ouvrai le lien et entrepris de lire ce qui allait immédiatement provoquer en moi des nausées proches de l'un de mes premiers mois de grossesse, un de ceux où j’avais envisagé d’inventorier chaque fêlure du fin fond de la cuvette de mes toilettes, tellement j’y passais du temps.

Oui un truc qui fout immédiatement la nausée. La révolte au fond du bide, l’envie de gueuler, de frapper sur n'importe quoi ou n'importe qui version punching-ball pour se défouler, tellement ça nous retourne les neurones et les sens.

Le picth est on ne peut plus simple.

Ouverture du Louvre-Lens, «La liberté guidant le peuple» est prêtée pour y être admirée telle une Guest Star (et c’est peu de le dire quand on a déjà eu la chance de pouvoir la contempler au Louvre), la culture est partagée.

Jusque là rien de bien sensationnel, et c’est d’ailleurs plutôt des bonnes nouvelles, une sorte de renouveau, d’engouement, d’abandon des castes parisiennes et de leur intégrisme culturel (Nous à Pââââââris … vous comprenez, on a accès à tout ! ) Et bien non ! Une œuvre ça se déplace ! Si tu ne viens pas à la culture, la culture viendra à toi ! Et bing !

«La Liberté guidant le peuple», elle est plutôt facile à se représenter, du moins chez  tout bon quarantenaire et plus, qui se souvient de ses bons vieux billets de 100 francs ( 15,24 euros pour les trentenaires et moins ).

Une œuvre d’Eugène Delacroix. Magistrale, symbolique. Un trésor. Les qualificatifs sont biens faibles pour cette catégorie qui n’est autre que le patrimoine culturel, artistique, esthétique de la France.
Oui, c’est un trésor. Il n’y a pas d’autre mot.

Curieusement, la notion de patrimoine, de culture, de préciosité et de conservation n’est pas vraiment la même chez tout le monde.

Une jeune femme de 28 ans est donc interpellée cette après midi au Louvre-Lens, après avoir tagué au marqueur indélébile des revendications (dont on ignore pour l’instant la nature exacte) sur environ une trentaine de centimètres.

Experts en restauration sont immédiatement dépêchés sur les lieux. La jeune femme elle, est placée en garde à vue.

Que risque-t-elle ? Mystère …

Au-delà d’une sanction par voie judiciaire largement méritée, il se pose une énorme problématique.

Que ceux qui insinuent que la toile n’aurait jamais dû bouger de Paris, se taisent aussitôt. Des fous, des timbrés, des odieux personnages, il y en a toujours eu, partout et de tous temps, et ironie du sort, la Capitale n’est pas en reste pour son quota de barges.

Mais à cause de la bêtise humaine,  faudra-il en arriver à proposer des œuvres sous cloche ? Ou pire, en arriver à ne plus du tout proposer l’accès à la culture. Des trésors bien trop fragiles pour être exposés aux risques et au vandalisme.
Que s’est – il passé dans le cerveau de cette jeune femme de 28 ans ?
Quelles étaient ces revendications ?
Etait-elle consciente de la gravité de son geste ?
L’a-t-elle fait en total connaissance de cause et pour marquer le coup par rapport au thème de la toile.
Comment peut-on mépriser notre pays, son propre pays au point de lui nuire et de bafouer, ruiner les trésors qu’il offre chaque jour à ses millions d’habitants

A quelques  centaines de kilomètres de là, au cimetière du Père Lachaise à Paris, ce sont sur d’autres souillures qu’il faut légiférer. La sépulture d’Oscar Wilde, sculpture monumentale exceptionnelle, avait été récemment nettoyée et protégée par une cloison de verre sur sa demi hauteur et ce afin de lui éviter ce constant défilé de baisers gras de rouge à lèvres, tradition idiote et inutile.








 La sépulture d'Oscar Wilde, avant/après restauration




Si la sépulture avait pu retrouver un aspect sain, les tentatives n’en restaient pas moins évidentes, pour preuve les sépultures voisines abîmées par quelques hystériques en mal d’embrasser et essayant de grimper ça et là sur la cloison.

Ces premiers jours de février 2013 ont vu réapparaître quelques baisers gras et rouges sur la partie supérieure. Preuve que l’être humain est vraiment prêt à tout pour détériorer au profit de la satisfaction de son propre plaisir.

Que dira-t-elle celle-ci ?
Que dira-t-il celui-ci ?
J’ai embrassé la sépulture d’Oscar Wilde ? J’ai réussi ?
Quelle gloire en tirer ?

Pas de gloire ici bas.

Honte sur vous, Madame, Mademoiselle ou Monsieur.
Honte sur quiconque abîme ou met en péril le patrimoine Français.
Honte sur cette bêtise insidieuse qui ne fait que se propager.
Honte sur ceux qui ne s’indigneront pas de tels gestes.